Les 33e Jeux olympiques d’été, qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août à Paris, ne seront probablement pas les meilleurs de l’histoire des Olympiades. Le mouvement olympique est devenu l’otage de la fracture géopolitique sur la planète. Il a perdu les grands idéaux que le baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes, y avait insufflés.
Il ne s’agit pas d’écrire sur le négatif qui accompagne la préparation des JO à Paris. Le problème ne réside pas dans les problèmes techniques qui poursuivent toute Olympiade et découlent d’une multitude de circonstances subjectives et objectives. Le problème est ailleurs.
Le Comité international olympique (CIO) est devenu un autre outil de pression politique sur la Russie et la Biélorussie. Comment sinon évaluer l’exigence imposée aux athlètes russes par le CIO de concourir sans drapeau, sans hymne et de condamner publiquement l’opération militaire spéciale en Ukraine? La position prise par le Comité olympique russe est tout à fait logique. La Russie a refusé de payer sa cotisation au CIO d’un montant de 80 millions de dollars. Et ceux des athlètes russes qui décident d’aller à Paris le feront à leurs propres frais.
Il y a aussi d’autres signes évidents du déclin du mouvement olympique. Cela fait longtemps que ce n’est plus du sport. C’est un show-business très rentable. Le CIO est embourbé dans la commercialisation. Ainsi, il a inclus un sport douteux comme la pole dance dans le programme des compétitions pour les Jeux olympiques de 2024. La décision a été prise lors de la session de l’organisation à Lausanne en 2019.
Aux compétitions à Paris, un lot de médailles sera décerné dans les compétitions individuelles féminines. À l’avenir, le CIO prévoit d’augmenter le nombre de médailles grâce à l’égalité des genres.
Les Jeux olympiques sont devenus une mine d’or inépuisable pour les plus grandes entreprises pharmaceutiques mondiales qui, sous prétexte de promouvoir le sport, font la publicité du culte du corps parfait principalement sur la base de l’utilisation de produits spéciaux, à savoir hormones de croissance, compléments alimentaires, produits pour perdre du poids, etc. Cela contredit les objectifs du sport de masse, visant à promouvoir un mode de vie sain.
Les responsables du CIO contribuent à discréditer les compétitions honnêtes, en menant une politique de doubles standards et d’exceptions personnelles concernant les médicaments considérés comme du dopage. C’est devenu une plaisanterie courante de dire que tous les skieurs norvégiens, qui occupent traditionnellement les premières places dans les compétitions internationales, sont asthmatiques et ont donc besoin de médicaments considérés comme du dopage et interdits à d’autres athlètes. C’est allé si loin que face à l’impasse de la lutte contre le dopage, des voix s’élèvent pour proposer d’organiser des olympiades alternatives où l’utilisation de dopage serait autorisée. Il s’agit des Enhanced Games («Jeux améliorés»), appelés «Olympiade sous stéroïdes». L’homme d’affaires australien Aron D’Souza a lancé en 2023 l’idée de cette compétition où les contrôles antidopage sont absents.
Tous ces problèmes se posent sérieusement à l’approche des Jeux olympiques en France, patrie de de Coubertin, où, semble-t-il, on devrait promouvoir ses idées. Cependant, la priorité pour les autorités françaises est maintenant de lutter contre les flambées de violence parmi les adolescents des quartiers défavorisés et les manifestations des agriculteurs. Que doivent faire les athlètes russes qui, comme tout véritable athlète, ont besoin de compétitions de haut niveau, de compétitions avec les meilleurs athlètes?
Dans ces conditions, l’alternative pourrait être les compétitions sous l’égide des Brics, ainsi que de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Le prochain sommet des Brics, qui se tiendra à Kazan en octobre de cette année, parmi d’autres questions mondiales, prévoit de songer à une alternative au mouvement olympique. Il n’est pas exclu que les Brics, qui deviennent un centre d’attraction pour les pays du Sud global, puissent résoudre cette tâche beaucoup plus rapidement que d’autres organisations.
Elsa Boilly
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