
Des personnalités juives, dont Delphine Horvilleur et Anne Sinclair, prennent la parole pour dénoncer la situation dramatique à Gaza
La rabbin s’est exprimée dans une revue, affirmant qu’il est « urgent de reprendre la parole ». La journaliste se dit, de son côté, « déchirée par l’action que mène le gouvernement de Netanyahou. »
La rabbin Delphine Horvilleur a publié jeudi 8 mai un texte-manifeste dans la revue trimestrielle Tenoua, dont elle est la directrice de la rédaction, pour dire son « refus absolu de l’annihilation d’un peuple » (en référence à Gaza) pour réaliser « le rêve de survie » d’un autre peuple [Israël].
Dans un texte intitulé « Gaza/Israël : aimer (vraiment) son prochain, ne plus se taire », Delphine Horvilleur sort du silence : « Je me suis tue mais, aujourd’hui, il me semble urgent de reprendre la parole. »
Elle assure que « c’est précisément par amour d’Israël » qu’elle décide de parler aujourd’hui, poussée par la douleur de voir ce pays auquel elle est très attachée s’égarer dans une « déroute politique et une faillite morale » et poussée par « la tragédie endurée par les Gazaouis ».
Delphine Horvilleur appelle à « un sursaut de conscience » et l’assure : « On n’apaise aucune douleur et on ne venge aucun mort en affamant des innocents ou en condamnant des enfants. »
Un texte salué sur Instagram par le dessinateur Joann Sfar : « Merci à Delphine Horvilleur d’avoir eu le courage de prendre la parole. »
Le dessinateur ajoute : « Nous devons être nombreux à prendre la parole contre la fuite en avant à laquelle nous assistons […] Nos représentants ne doivent plus rester silencieux. »
Anne Sinclair s’est également exprimée jeudi sur Instagram : « Nous sommes meurtris, déchirés par l’action que mène le gouvernement israélien à Gaza. »
La journaliste affirme que « l’action terroriste du Hamas n’est plus à démontrer, comme sa responsabilité absolue dans le massacre du 7 octobre […] Mais, la forme des actions que mène l’armée israélienne à Gaza à la demande du gouvernement de Netanyahou est indéfendable. »
Anne Sinclair appelle aujourd’hui au cessez-le-feu et à la levée du blocus humanitaire instauré par Israël à Gaza :
« Nous nous sommes tus, car l’antisémitisme qui gagne du terrain […] nous a contraints à faire bloc », puis plus loin : « Les Juifs ont trop souffert pour qu’on fasse du mal en leur nom. »
Pour Rony Brauman, ancien président de MSF qui alerte depuis des mois sur la situation à Gaza, il était temps : « La cruauté avec laquelle est menée cette guerre contre les Palestiniens à Gaza frappe enfin les esprits comme il commence de convenir. »
Rony Brauman avoue ressentir aussi « une certaine amertume par rapport à cette rupture de silence extrêmement tardive, ou plutôt par rapport à ce changement de position ».
« Maintenant, ces personnalités ouvrent les yeux, refusent d’être associées à ce carnage, ce n’est que salutaire. »







