
Avi Mograbi : « Le Génocide des palestiniens dure depuis 77 ans (..) Identifier l’antisionisme à l’antisémitisme relève clairement à de la manipulation et du populisme. »
Le Cinéaste israélien, Avi Mograbi, né à Tel-Aviv, s’est engagé très tôt contre les politiques d’occupation de son pays.
Lors de l’invasion israélienne du Liban, en 1982, il refuse de rejoindre les unités combattantes de l’armée.
Ses films, multirécompensés, ont été sélectionnés dans tous les grands festivals de cinéma.
Avi Mograbi : « Le 7 octobre 2023 n’est pas le point de départ de ce qui se passe actuellement à Gaza. Ce n’est même pas la guerre des Six Jours en juin 1967, où Israël occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza. »
Pour comprendre ce qui se passe actuellement, il faut remonter au 15 mai 1948, le jour de la fondation de l’État d’Israël. C’est là le véritable point de départ d’un génocide qui dure depuis 77 ans.
Ce jour-là marque le début de la Nakba, soit l’expulsion forcée du peuple palestinien, et de la première guerre israélo-arabe. Durant cette guerre, et comme dans toutes les guerres, des choses horribles se sont produites et des personnes innocentes ont été déplacées, expulsées, massacrées.
Après la fin de la guerre, selon le droit international, les gens sont censés être autorisés à rentrer chez eux. C’est fondamental. C’est ainsi que le monde a légiféré. Mais Israël, en n’autorisant pas le retour des centaines de milliers de Palestiniens après la Nakba, a bafoué ces règles pourtant fondamentales.
Le projet sioniste repose sur la domination juive de la Palestine, ce qui signifie qu’Israël, pour imposer ce que l’on appelle un État juif, doit maintenir par tous les moyens une majorité juive. Israël s’est donc engagé, même depuis bien avant 1948, à maintenir un équilibre de la population qui permette aux Israéliens de garder un contrôle et une domination totale sur cette terre.
Avant le 7 octobre, 5 millions de Palestiniens vivaient dans les territoires occupés de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, et on compte 1,5 ou 2 millions de Palestiniens à l’intérieur d’Israël. Soit 7 millions, c’est-à-dire peu ou prou le nombre de juifs vivant en Israël. Entre le fleuve et la mer, il y a donc un équilibre démographique qui pourrait mettre en péril le projet sioniste. L’État d’Israël établit donc depuis des décennies des lois qui régissent ou contrôlent les Palestiniens vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Pour les mettre en œuvre, il a systématiquement recours à son bras militaire. Ce processus visant à s’assurer qu’une majorité juive de la population gouverne ou domine ce qui était la Palestine n’a jamais cessé. Le génocide en cours à Gaza n’est que la continuation de cette entreprise. Il vise à vider de ses habitants les territoires palestiniens pour ensuite les accaparer. Et lorsque le président Trump propose de transformer Gaza en un paradis immobilier type Las Vegas ou Riviera, cela fait partie du même projet.
L’instauration de la loi martiale a permis qu’Israël traite les Palestiniens, pourtant citoyens israéliens, comme une menace. Aujourd’hui, les Palestiniens qui vivent en Israël sont des citoyens israéliens. Ils sont soi-disant les égaux des Israéliens, or ils n’ont aucun droit. Ils ne peuvent pas voter, ils sont totalement exclus du prétendu processus démocratique d’Israël. Ils vivent sous une dictature militaire.
Les Palestiniens sont dépeints et perçus comme une menace pour l’existence de notre « bel État juif démocratique ». Et l’armée est le garant de la sécurité en Israël, de nos vies en tant que juifs dans un État juif.
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