Algérie : guerre de libération
Algérie, l’histoire d’une longue, périlleuse et cruelle lutte armée. Après 132 ans d’un colonialisme particulièrement sanglant, oppresseur et annihilant — l’intention de Robert Bugeaud était tout simplement d’éradiquer la présence des autochtones en Algérie (Berbères, Arabes, Touareg, Mozabites…) —, qui vit une succession de guerres visant à chasser l’armée française d’occupation, c’est le 1er novembre 1954 qu’éclate une guerre de libération qui aboutira en 1962 à l’Indépendance de l’Algérie. Le jour de la fête nationale retenu est le 5 juillet 1962 par opposition au 5 juillet 1830 (reddition du Dey d’Alger et début de l’occupation colonialiste).
Nationalisation des ressources de l’Algérie
Dans les années 1970, le gouvernement algérien procèdera à la nationalisation des secteurs clés de l’économie. Il s’agit essentiellement du pétrole, du gaz et de l’agriculture. En s’inspirant du système soviétique, le défunt président Houari Boumediene va procéder à une « révolution agraire – Thor’râh Zâra’iiya » et provoquer une chute phénoménale de la production dans ce secteur. Les fellahs ne trouvaient plus d’utilité pour eux à travailler et produire pour le compte de l’Etat (collectivisme). Le secteur de l’agriculture va littéralement s’effondrer. Boumediene reconnaîtra tardivement son erreur. Aujourd’hui, l’agriculture algérienne a repris ses titres de noblesse et grâce à une modernisation et une aide importante de l’Etat, les fellahs se remettent au travail et donnent des résultats très encourageants. La crise alimentaire due (ou prétexte) à la guerre en Ukraine contraint l’Algérie, comme d’autres pays, à rechercher une autosuffisance agricole.
Problème sociaux et politiques majeurs
Dès 1988, une libéralisation des médias et une volonté d’instaurer un pluralisme politique, ce qui était une réelle chance pour l’Algérie, vont s’amorcer pour répondre aux attentes du glorieux peuple algérien. Mais la révolution islamique, partie d’Iran en 1979, avec le guide spirituel l’Ayatollah Khomeiny, va inspirer les partisans d’une République islamique en Algérie. En 1990/1991 le parti politico-religieux du FIS (Front Islamique du Salut) remportera la majorité à l’Assemblée dès le 1er tour aux élections législatives. Que faire, sachant que le FIS avait plus ou moins prétendu que son élection le conduirait à rester à vie au pouvoir (une espèce de volonté divine) ?
Début 1991, les élections législatives seront annulées et l’armée reprendra le pouvoir. En Algérie, les chars prenaient position dans les rues pour sauvegarder la démocratie. François Mitterrand applaudira et le monde « démocratique » avec lui. Abassi Madani et son acolyte Ali Belhadj, représentants du FIS, ne l’entendront pas de cette oreille. Ils crieront : « On nous vole notre victoire démocratique », ce qui est vrai dans les faits. Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe, surtout en Algérie.
Le FIS prendra alors les armes, décidé à faire valoir sa victoire aux élections. Une guerre civile effroyable va débuter et durera jusqu’en 2002. Abandonnée par la communauté internationale, l’Algérie sera seule face une guerre civile sanglante et impitoyable contre le terrorisme islamiste. D’un côté, des fanatiques religieux, de l’autre, l’armée et une grande partie du peuple (déçu par un FIS terriblement barbare). Cette période va marquer les Algériens jusqu’au plus profond de leur âme. La France ne sera pas irréprochable, notamment en affichant une proximité avec des représentants du GIA (Groupe islamique armé).
2011, le Printemps arabe (Rab’ih Arab’ih)
L’Algérie ne sera pas épargnée par ce courant au slogan très alléchant : « Printemps arabe ». Une théorie mise en pratique par les tenants du système mondial « capitalo-démocratique ». L’idée n’était autre, en réalité, que de renverser les leaders arabes jugés trop arabisants, émancipateurs, et de procéder ainsi à une reconfiguration de tout le Moyen-Orient au profit des bastions pro-occidentaux, tels Israël. C’est aujourd’hui une quasi-certitude. C’est en Syrie, avec l’intervention de la Russie de Vladimir Poutine, que cette révolution, qui n’en a jamais été une, s’arrêtera.
Les Algériens profiteront de cette occasion pour réclamer plus de liberté, de démocratie, de lutte contre la corruption et bien sûr une amélioration de leur niveau de vie. Ce qui reste, somme toute, des revendications légitimes et naturelles. Mais les Algériens, forts de leur « Révolution arabe » démarrée en 1988, vont clairement indiquer au monde une ligne rouge. En effet, ceux-ci ne veulent pas que leur pays sombre dans le chaos comme la Libye et la Syrie. Ils ne veulent pas de seconde guerre civile. L’Etat d’urgence qui faisait suite à la révolte armée du FIS sera levé. Peu à peu le pays finira par s’apaiser et retrouver un réel calme social et politique.
Effondrement des prix du pétrole et « Hirak »
Suite à une situation économique et géopolitique incertaine (économie chinoise qui tourne au ralenti, retour de l’Iran dans les échanges internationaux, rivalités entre USA et Arabie Saoudite, spéculations…) en 2014, le cours du baril de pétrole subit une forte baisse. L’Algérie qui se relève à peine des conséquences de la guerre civile, et qui est encore convalescente, va prendre de plein fouet cette chute du cours du pétrole. En effet, la diminution des dépenses publiques, la hausse du chômage et l’augmentation de la pauvreté frapperont durement l’économie du pays, créant également le danger d’une implosion sociale.
Toutefois, cette période aura eu le mérite de faire prendre conscience aux Algériens que leur économie est trop dépendante des hydrocarbures (gaz et pétrole) et qu’il leur faudra sortir au plus vite de cette dépendance qui les fragilise et les met à la merci de la moindre fluctuation des prix. L’Algérie doit diversifier son économie, à l’instar du Qatar, de l’Arabie et des Emirats, si elle veut bâtir une économie plus pérenne. Elle en a évidemment les capacités. Il faut une volonté politique et des capitaux. Ce dont l’Algérie dispose.
En 2019, des manifestations vont s’organiser en Algérie, surnommées « Hirak » (signifiant « mouvement »), à la suite d’une décision du défunt Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5ème mandat. Les Algériens vont choquer le monde entier en démontrant leur calme, leur sens des responsabilités et leur attachement aux valeurs démocratiques. Les manifs vont se dérouler dans le calme et la discipline. En France, à l’inverse, la révolte des Gilets jaunes faisait rage et des scènes de chaos, d’une violence inouïe, d’affrontements dignes d’une guérilla, choquaient le monde entier. Des institutions, des monuments mémoriaux ont été pris d’assaut, tagués et pillés. Partout, c’était la consternation de voir la France, une puissance mondiale, frôler l’insurrection.
Démission de Bouteflika, élection de Abdelmadjid Tebboune
La décision d’un 5ème mandat ne venait pas de Bouteflika, un homme âgé, malade, ne se déplaçant qu’en fauteuil roulant, mais de son entourage familial proche. Dans ces manifestations de masse, apparaîtront des pancartes illustrant le sens de l’humour des Algériens puisqu’on pourra lire : « Il n’y a que Chanel pour faire le numéro 5 ». A la suite de la démission forcée de Bouteflika, c’est l’armée populaire, une fois de plus, qui interviendra, en la personne du défunt Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier assurera l’élection présidentielle.
L’actuel Président Abdelmadjid Tebboune a trouvé une voie consistant à stabiliser politiquement le pays tout en gouvernant avec l’assentiment du peuple. En effet, si la situation reste toujours fragile, le président Tebboune a su tendre la main au peuple algérien et à le responsabiliser en l’impliquant dans les décisions engageant l’avenir du pays. Selon lui, le peuple doit jouer son rôle et faire des propositions constructives à travers des associations ou autres. L’idée d’un citoyen acteur naît.
Tant qu’il y aura un dialogue dans le pays, alors tout sera possible au peuple algérien ; un peuple jeune qui pourra toujours s’inspirer des exemples de ses glorieux aînés. A l’heure des défis et d’une situation géopolitique où les ennemis de l’Algérie grognent de rage et montrent leur hostilité, les Algériens ne pourront s’en sortir qu’en restant unis. Ce n’est qu’ainsi qu’ils vaincront tous leurs ennemis.
L’Algérie est une et indivisible ; elle n’est ni à vendre ni à louer
Touhami
Touhami – INFOSPLUS