Colonisation de l’Algérie : la France se grandirait en assumant son histoire coloniale

Colonisation de l'Algérie - Oudaï Zoulikha Yamina née Echaïb, martyre et combattante retrouvée dans les années 80 enterrée menottes aux poings
Colonisation de l’Algérie – Oudaï Zoulikha Yamina née Echaïb, martyre et combattante retrouvée dans les années 80 enterrée menottée

La colonisation de l’Algérie n’a pas duré de 1954 à 1962 mais de 1830 à 1962. Ce subterfuge de « la Guerre d’Algérie » n’exonérera en rien la France de ses responsabilités durant 132 ans de colonialisme

La ruse politique qui consiste à réduire la colonisation de l’Algérie à une seule guerre — baroud final — débutée le 1er novembre 1954 et terminée en mars 1962, avec les « Accords d’Evian » ne prend pas et ne prendra jamais. Non, la colonisation en Algérie a duré 132 ans !

Même les « Accords d’Evian » seront violés par l’OAS (Organisation Armée secrète). Cela se traduira par des actes terroristes ignobles et gratuits puisqu’il y avait eu un cessez-le-feu. En somme, une politique de la terre brûlée. Toute relation pacifique deviendra alors impossible.

Ces actes terroristes, commis après le cessez-le-feu, auront pour conséquence de précipiter le départ des pieds-noirs et des Juifs séfarades (francisés par le décret Crémieux) dans la douleur et le déchirement.

Pourtant, plus de 200.000 Européens choisiront, en 1962, de rester en Algérie. Ils ne seront ni rejetés, ni inquiétés en quoi que ce soit. L’acteur français, né en Algérie, Roger Hanin émettra le souhait d’être enterré en Algérie. Il le sera effectivement. Parce qu’il ne coupera jamais ses liens fraternels avec l’Algérie et les Algériens, et surtout il n’a pas de sang sur les mains.

Historiquement, la colonisation de l’Algérie, par la France, débutera par une guerre à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830, conduite par le général Bourmont, et s’achèvera par la reddition de l’Emir Abdelkader, le 23 décembre 1847. L’Emir Abdelkader deviendra l’icône, le symbole, de la résistance algérienne jusqu’à aujourd’hui.

La prise d’Alger, le 5 juillet 1830, sera le début des horreurs, des atrocités, des rites barbares colonialistes : pillages, massacres, viols, spoliations des biens et des terres, meurtres et crimes de guerre.

D’innommables carnages seront commis sur les hommes, mais aussi sur les femmes, les enfants et les vieillards, au nom d’un système colonialiste impitoyable, inhumain et barbare. Il fallait occuper les sols par des peuplements et éradiquer jusqu’à l’existence même les populations Arabo-Berbères. Mais la farouche résistance, le courage et la bravoure de ces derniers leur évitera d’être exterminés comme le furent, entre autres, les Amérindiens et les Australiens.

Jamais les Indigènes (autochtones régis par le code de l’indigénat) n’accéderont à une pleine citoyenneté. Au contraire, ils seront réduits à un état de sous-hommes et considérés comme des esclaves. En 1962, au départ de la France, 99 % des Algériens étaient analphabètes.

La règle inique et cynique du double collège — il faudra 10 voix musulmanes pour 1 voix européenne — est la démonstration parfaite des méfaits diaboliques et inhumains du système colonialiste à la française. Une règle simple régissait l’Algérie en lieu et place des lois de la République : celle du maître (le Blanc) et de l’esclave (le Basané). Aussi simple que cela.

Le Général Charles De Gaulle l’avait vite compris. Le fossé creusé entre les Européens colonisateurs et les Autochtones pendant plus d’un siècle ne pouvait se résorber en quelques années. Il fera organiser un référendum sur l’Indépendance de l’Algérie, en connaissance de cause puisqu’il ne pouvait ignorer l’issue du scrutin. Officiellement, l’Algérie accède à son indépendante le 5 juillet 1962, date choisie pour être mise en opposition à la date du 5 juillet 1830 (prise d’Alger).

La colonisation de l’Algérie s’achèvera en mars 1962. Les revanchards, dont l’ignoble Éric Zemmour (issu d’une famille juive originaire d’Algérie), prétendent, aujourd’hui encore, que les harkis (Algériens ayant choisi de se battre pour l’Algérie française) ont été massacrés par l’armée algérienne (l’ANL). Oui, mais ils omettent volontairement des faits historiques cinglants :

  • Primo, il faut revenir au contexte de l’après-guerre : une situation explosive et extrêmement tendue au regard des massacres commis de part et d’autre. Le sort des harkis était rapidement et malheureusement vite scellé.
  • Deuzio, les harkis ont été délibérément abandonnés par l’armée française qui savait en toute conscience le sort qui leur serait réservé. Un crime de plus commis contre des Autochtones qui avaient pourtant là choisi le camp colonialiste. Les harkis seront trahis — comme ils ont trahi — par leurs maîtres.

Les responsabilités des gouvernements successifs français ayant entrepris ce projet funeste de la colonisation de l’Algérie sont, au regard de l’Histoire, considérables. Il en résulte, me semble-t-il, trois observations primordiales :

  • La France a commis en Algérie plus que des crimes de guerre, il s’agit de crimes contre l’Humanité. L’histoire le démontre.
  • La France a exercé sur des peuples, notamment Arabo-berbères, une politique d’acculturation, cherchant ainsi à les détourner de leurs racines, de leurs cultures. C’est l’islam qui restera le seul vecteur unificateur de ces peuples musulmans. Les Juifs séfarades joueront le jeu de cette acculturation. Ils se verront quitter l’Algérie en 1962, victimes d’une francisations dont ils s’enorgueillissaient.
  • La France doit reconnaître ses crimes colonialistes commis en Algérie et en assumer, seule, les responsabilités. Tout ce qu’il adviendra après le 14 juin 1830 (début de la colonisation de l’Algérie) sera la conséquence d’un système colonialiste féroce, sauvage, sans-cœur et accablant.

L’Algérie et la France ont encore à vivre un grand destin en commun, à l’instar de la réconciliation avec l’Allemagne. Leur divorce a été prononcé. Il n’a pas été fondé sur un divorce à l’amiable mais ordonné pour faute : celle de la France. Et cette dernière doit accepter de regarder en face cette page sombre de son histoire, pour se grandir et permettre de repartir vers de nouvelles pages qui s’écriront en arabe et en français.

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