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CIA et USA et la guerre en Syrie : l’objectif était d’affaiblir le régime syrien sans permettre que la rébellion l’emporte.
Timber Sycamore était un programme d’approvisionnement en armes et de formation militaire géré par la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis et soutenu par certains services de renseignement arabes, en particulier jordanien et saoudien.
Lancé fin 2012, il a fourni de l’argent, des armes et de la formation aux groupes rebelles syriens combattant les forces du gouvernement Assad pendant la guerre civile syrienne.
Le président Barack Obama a secrètement autorisé la CIA à commencer à armer les rebelles assiés en Syrie en 2013. Le programme est devenu de notoriété publique à la mi-2016.
L’une des conséquences du programme a été un flot d’armes américaines, y compris des fusils d’assaut, des mortiers et des grenades à propulsion par fusée, dans le marché noir du Moyen-Orient.
En juillet 2017, suite aux nombreuses critiques, des responsables américains ont déclaré que l’opération Timber Sycamore serait progressivement supprimé.
C’est le directeur de la CIA, David Petraeus, qui a proposé pour la première fois un programme secret d’armement et de formation des rebelles syriens à l’été 2012, en fait dès le début de la guerre civile.
Timber Sycamore a commencé en 2012, et était similaire à d’autres programmes du Pentagone ou la CIA qui ont été mis en place au cours des décennies précédentes pour soutenir des forces rebelles et encourager des guerres civiles.
Greg Miller et Adam Entous du Washington Post ont déclaré que « l’opération a servi de pièce maîtresse à la stratégie américaine visant à pousser le président syrien Bachar al-Assad à se retirer ».
Les principaux soutiens du programme étaient les États-Unis et l’Arabie saoudite, mais il était également soutenu par d’autres gouvernements régionaux arabes et par le Royaume-Uni.
Alors que l’Arabie saoudite fournissait l’argent et les armes, les États-Unis dirigeaient la formation à l’équipement militaire. Le programme était basé en Jordanie, en raison de la proximité de ce pays avec les champs de bataille en Syrie.
Selon le New York Times, le programme permettait initialement aux forces américaines de former les rebelles syriens à l’utilisation de l’équipement militaire, mais pas de fournir directement l’équipement lui-même.
Quelques mois après sa création, il a été modifié pour permettre à la CIA de former et d’équiper les forces rebelles anti-Assad.
L’Arabie saoudite a fourni des équipements militaires, et un financement secret des forces rebelles a également été fourni par le Qatar, la Turquie et la Jordanie.
L’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ont expédié des milliers de fusils, des centaines de mitrailleuses et de grandes quantités de munitions aux rebelles syriens en 2012 avant le lancement du programme.
La CIA a aidé à organiser certains des achats d’armes pour les Saoudiens, y compris un grand accord en Croatie en 2012.
Un câble classifié du département d’État américain signé par la secrétaire d’État Hillary Clinton a rapporté que les donateurs saoudiens étaient un soutien majeur aux forces militantes sunnites dans le monde entier, et certains responsables américains craignaient que les rebelles soutenus n’aient des liens avec Al-Qaïda.
L’existence de Timber Sycamore a été révélée par le New York Times et Al Jazeera en juin 2016, après que Jane’s Defence Weekly a rapporté, fin 2015, que le site Web américain Federal Business Opportunities sollicitait des contrats pour expédier des milliers de tonnes d’armes d’Europe de l’Est à Taşucu, en Turquie et à Aqaba, en Jordanie.
Timber Sycamore était dirigé par le Commandement des opérations militaires (MOC) à Amman et a fourni des fusils d’assaut Kalachnikov, des mortiers, des grenades propulsées par fusée, des missiles guidés antichars TOW, des lunettes de vision nocturne, des camionnettes et d’autres armes aux forces rebelles syriennes.
De nombreuses armes ont été achetées dans les Balkans ou dans d’autres endroits d’Europe de l’Est, puis acheminées vers les forces rebelles syriennes et les camps d’entraînement par les services de sécurité jordaniens.
Des agents paramilitaires de la CIA (USA) ont formé les rebelles syriens à l’utilisation de l’armement.
Selon Charles Lister à The Daily Beast, il y avait au moins 50 groupes rebelles en Syrie qui ont reçu des armes ou une formation par le biais du programme après la fin de 2012
Selon les responsables américains, le programme était très efficace, formant et équipant des milliers de combattants soutenus par les États-Unis pour réaliser des gains substantiels sur le champ de bataille.
Les responsables américains ont déclaré que le programme a commencé à perdre de l’efficacité après que la Russie soit intervenue militairement dans la guerre civile syrienne.
David Ignatius, écrivant dans le Washington Post, a fait remarquer que le programme de la CIA (USA) a finalement échoué dans son objectif de faire tomber Assad mais il n’a pas été sans conséquence : « Le programme a déversé plusieurs centaines de millions de dollars à plusieurs dizaines de groupes de miliciens. Un responsable compétent estime que les combattants soutenus par la CIA ont peut-être tué ou blessé 100.000 soldats syriens et leurs alliés au cours des quatre dernières années. »
Ce programme de la CIA reste classifié et de nombreux détails restent inconnus, (https://www.csis.org/analysis/creeping-incrementalism-us-forces-and-strategy-iraq-and-syria-2011-2016-update) y compris le montant total du soutien, la gamme d’armes transférées, la profondeur de la formation dispensée, les types d’entraîneurs américains impliqués et les groupes rebelles exacts soutenus.
Cependant, un article d’opinion dans le Canberra Times a noté que deux mille tonnes d’armes de l’ère soviétique avaient été livrées à Aqaba (Jordanie) en avril 2016
Les États-Unis ont livré des armes via la base aérienne de Ramstein en Allemagne – peut-être en violation des lois allemandes.
Selon les responsables américains et jordaniens, les armes expédiées en Jordanie par la CIA et l’Arabie saoudite ont été en partie volées par des responsables du renseignement jordaniens et vendues sur le marché noir.
Les armes diffusées via Timber Sycamore ont inondé les marchés noirs du Moyen-Orient avec même des armes lourdes.
Une étude menée en 2017 par Conflict Armament Research à la demande de l’Union européenne et de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit ne mentionne pas Timber Sycamore, mais a constaté que le soutien externe aux rebelles syriens anti-Assad « augmentait considérablement la quantité et la qualité des armes disponibles pour Daesh », et « des armes antichars achetées par les États-Unis se sont retrouvées en possession de l’État islamique dans les deux mois.
Certains membres de l’administration Obama auraient souhaité supprimer le programme parce que certains rebelles armés et formés par le programme avaient rejoint Daesh et des groupes connexes.
En avril 2014, Seymour Hersh a écrit un essai publié dans la London Review of Books qui ne mentionne pas Timber Sycamore, mais qui rapporte les affirmations anonymes d’un ancien haut responsable du renseignement américain selon lesquelles le poste diplomatique américain à Benghazi en Libye « n’avait aucun rôle politique réel » et qu’il existait uniquement pour couvrir un trafic d’armes secrets à destination des rebelles syriens (https://www.lrb.co.uk/v36/n08/seymour-m-hersh/the-red-line-and-the-rat-line) au début de 2012.
Selon la source de Hersh, l’objectif était de canaliser les armes militaires des arsenaux pillés de Kadhafi vers la Syrie et vers les rebelles syriens.
Selon Hersh, pour cela, un accord au début de 2012 entre Obama et Erdoğan proposait une opération financée par la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, et menée par la CIA en collaboration avec le MI6, bien qu’un porte-parole du directeur de la CIA de l’époque, David Petraeus, ait déclaré que l’opération n’avait finalement pas eu lieu.
Le politologue Federico Manfredi Firmian a qualifié Timber Sycamore de « l’un des programmes d’action secrète les plus mal conçus et les plus meurtriers des États-Unis (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00396338.2021.2006456) », notant qu’il n’a pas réussi à évincer Assad, mais a alimenté la guerre et infligé une misère indicible au peuple syrien.
Charles Lister, chercheur principal au Middle East Institute, a critiqué l’administration Obama pour ne pas avoir fourni un financement adéquat et les « ressources nécessaires » aux unités rebelles de l’ASL. Il a fait valoir que cette indécision a abouti à l’échec du programme à modifier de manière décisive la dynamique stratégique de la guerre en faveur de l’Armée syrienne libre.
Selon Lister, le programme Tymber Sycamore alimentait les rebelles en armes « juste assez pour prolonger la guerre, mais jamais assez pour que les rebelles deviennent des acteurs dominants. »
