Le sable nous file inexorablement entre les doigts

Le sable nous file inexorablement entre les doigts

Photo Myriams-Fotos

Le sable porté çà et là au gré des courants du vent

Nous refermons nos mains remplies de sable, serrant du plus fort possible, dans l’espoir d’y retenir ces grains minéraux. Mais à voir le sable nous glisser entre les doigts, nous compressons davantage, plus fort encore, les graines. Inexorablement, plus nous serrons solidement, plus elles nous échappent, filant jusqu’à s’extraire de nos mains pourtant fermement repliées. Il nous est impossible de figer ces particules de matière au creux de nos paumes. Chercher à les retenir prisonnières n’est qu’illusoire. La fuite est inévitable, rien ne peut, en effet, les retenir. Le sable ne peut se capturer. Il n’arpente, ne sillonne, ni les plaines, ni les champs, ni quelques terrains vagues que ce soit. Il n’appartient à nul homme. Sa vie est dans le désert, là où il forme d’immenses dunes de sable. Seuls les vents parviennent à le transporter, le déplaçant au gré de leurs souffles tourbillonnants. Ses incessants mouvements en font un sablier qui nous aide à contrôler le temps. Même en cage, le sable reste libre et se moque de nos époques et de nos âges.

Avoir des sentiments envers une personne n’est pas l’assurance d’une réciprocité. Ce que l’on ressent pour autrui ne peut être entièrement partagé ; tout juste une infime partie pourrait être simultanée. Mettre ses sentiments en bouteille, en espérant les partager avec autrui, n’est que mythe et utopie. On ne peut donner plus que ce que l’on a reçu. Et personne ne reçoit la même chose, en même quantité. Vous pouvez serrer de vos mains, du plus fort, vos sentiments, vous ne pourrez les retenir ; ils finiront par vous glisser entre les doigts. Tels ces rêves où vous serrez avec force une chose à laquelle vous tenez, en vous disant « non ce n’est pas un rêve, c’est une réalité ! », et pourtant, en vous réveillant au petit matin, vous ouvrez vos mains et constatez amèrement qu’elles sont vides. Les sentiments ne sont que sable porté par les vents, semé, diffusé çà et là. Telles ces abeilles, se posant de fleurs en fleurs et les butinant pour en extraire le nectar et en faire du miel. Et beaucoup, à cause de leurs forts sentiments, finissent noyés dans des sables mouvants. Miel est sucré, amers peuvent être les sentiments.

Touhami – INFOSPLUS

Vous aimez la littérature poético-stylistique et réaliste, je vous conseille la lecture de ce roman qui traite de nombreux sujets dont les sentiments et leurs règnes éphémères : La Déchirure

 La déchirure

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