Aurélie Godard, anesthésiste et réanimatrice, témoigne de l’enfer de GAZA
À 42 ans, l’anesthésiste et réanimatrice à l’hôpital d’Annecy, Aurélie Godard a déjà effectué deux missions dans l’enclave palestinienne avec Médecins sans frontières. « Le futur des Gazaouis est soigneusement annihilé », affirme la professionnelle.
En 12 ans et plusieurs missions humanitaires en Irak, au Yémen, Aurélie Godard n’a jamais été confrontée à pareille situation. « Ce n’est malheureusement pas mon premier pays en guerre. En revanche, ce que j’ai vu à Gaza dépasse l’entendement, dépasse ce à quoi j’étais préparée, ce qu’on nous en dit, ce qu’on en voit parfois de façon fugitive dans les médias en France », explique l’anesthésiste et réanimatrice à l’hôpital d’Annecy (Haute-Savoie).
Cette médecin de 42 ans, originaire du Finistère, est engagée depuis 2012, au sein de Médecins sans frontières
Depuis le 7 octobre 2023, Aurélie Godard s’est rendue à 2 reprises dans l’enclave palestinienne. Elle a prodigué des soins dans des centres de santé à Rafah et à Khan Younès un paysage apocalyptique avec des bâtiments éventrés, en ruines, des villes sans rues, sans eau, sans électricité.
« Les problèmes sanitaires sont colossaux. Ils s’additionnent les uns aux autres dans un système de santé qui est réduit en miettes de façon méthodique. Du coup, on tente de boucher tous les trous d’un bateau qui coule au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Mais le bateau continue de couler », constate-t-elle.
En janvier 2024, quand Aurélie Godard part pour la bande de Gaza, tout fait défaut : l’eau manque, la nourriture se fait rare, ainsi que les médicaments, les équipements et produits de santé. Après 3 mois de bombardements, d’opérations militaires, de déplacements forcés de la population, la crise humanitaire est déjà flagrante.
À son arrivée, elle soigne d’abord des patients à Rafah, dans le sud de l’enclave, avant de parvenir à rejoindre le nord du territoire, une région dévastée à laquelle il est quasiment impossible d’accéder. Chaque jour, le ministère de la Santé égrène le nombre de morts.
Sur place elle soigne des plaies, des patients brûlés et procéde à des gestes chirurgicaux. « Il faut également dispenser de nombreux soins orthopédiques et s’occuper de blessures multiples sur l’ensemble du corps. »
Malgré l’horreur de cette première mission, elle décide de retourner à Gaza du 7 avril au 23 mai, « par solidarité avec les équipes palestiniennes, les médecins, les infirmiers, les sages-femmes avec qui on travaille et qui font preuve d’une résilience et d’un dévouement admirables ».
Lors de sa seconde mission, les services d’urgence de Gaza découvrent un charnier dans le complexe médical Nasser à Khan Younès : 180 cadavres sont mis au jour. La cité « était devenue une ville fantôme » , à l’exception de la « multitude de tentes où des familles tentent de survivre, dans des conditions désastreuses » qui ont conduit à la réapparition d’épidémies disparues telles que la polio, car il n’y a aucune gestion des eaux usées, des déchets.
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