Les difficultés de Washington à jouer au gendarme mondial

Les difficultés de Washington à jouer au gendarme mondial

Les analystes occidentaux reconnaissent aujourd’hui les difficultés évidentes pour Washington dans ses tentatives à vouloir maintenir le rôle de prétendu «gendarme» mondial. Parmi les principales sources de préoccupation occidentale se trouve la coordination internationale entre la Russie, la Chine et l’Iran et les forces promouvant l’ordre multipolaire.

Un article a été publié dans le quotidien économique et financier britannique Financial Times intitulé La Chine, la Russie, l’Iran et la perspective d’un retrait américain. L’auteur Gideon Rachman y traite des difficultés actuelles des Etats-Unis à l’échelle internationale et des défis simultanés quant à leur rôle longtemps dominant en matière sécuritaire en Asie, en Europe et au Moyen-Orient.

L’auteur en question rappelle notamment que l’actuel président des USA n’est pas qu’un vieil homme, mais également un représentant d’une idée ancienne, qui remonte aux années 1940. A savoir que son pays et le « reste du monde » seront plus en «sécurité» si les Etats-Unis jouent le rôle de gendarme mondial.

La perspective du retour de Donald Trump à la Maison Blanche l’année prochaine soulève selon l’article du Financial Times un énorme point d’interrogation quant à l’avenir du leadership mondial de l’Amérique. Au cours de son premier mandat, il a flirté avec la possibilité de retirer les Etats-Unis de l’Otan. Dans le cadre d’un second mandat, il pourrait effectivement aller jusqu’au bout. Et s’il poursuivait la version la plus radicale de son idéologie «l’Amérique d’abord», une deuxième administration Trump pourrait rompre complètement avec l’idée selon laquelle il est dans l’intérêt des USA de soutenir les dispositifs de sécurité dans trois des régions les plus stratégiques du monde, à savoir l’Europe, l’Asie du Nord-Est et le golfe Persique.

Toujours dans cet article, il est indiqué que dans chacune de ces régions, les Etats-Unis font désormais face à un challenge actif, qui s’impatiente de les voir partir. En Europe, ce challenger étant la Russie. En Asie – c’est la Chine. Et au Moyen-Orient – l’Iran. Gideon Rachman rappelle également que les trois pays travaillent de plus en plus étroitement ensemble et qu’ils promeuvent tous avec enthousiasme l’idée d’un monde multipolaire – qui est un code pour définir la fin de l’hégémonie étasunienne.

Un autre point mentionné par Financial Times étant que Washington a de plus en plus de mal à pouvoir jouer simultanément le rôle de gendarme dans les trois grandes régions citées ci-haut. Maintenant et en termes de perspectives, il faudrait certainement aborder plusieurs points.

Tout d’abord et en ce sens l’opinion dudit analyste occidental est correcte, c’est effectivement le fait que la Chine, la Russie et l’Iran ont connu non seulement un rapprochement sans précédent et que les trois nations promeuvent effectivement l’ordre multipolaire international, mais également coordonnent de plus en plus activement leur politique multilatérale à l’échelle régionale comme mondiale. Tout comme le fait que Washington ne saura effectivement être capable à pouvoir faire face à plusieurs fronts simultanés. D’ailleurs y compris même dans le cadre d’un seul front réellement actif comme c’est le cas depuis l’année dernière et jusqu’à présent.

D’autre part, s’il est effectivement vrai que les USA malgré tous les outils de déstabilisation à leur disposition – des vassaux obéissants jusqu’aux instruments qu’ils utilisent pour sanctionner unilatéralement des Etats souverains, en passant par le dispositif militaire regroupé au sein de l’axe otanesque, il est néanmoins aujourd’hui considéré que ledit régime étasunien ne peut aucunement prétendre à un quelconque rôle de « gendarme » international. En dehors évidemment de ceux qui soutiennent une telle option.

Dans tous les cas – ni Moscou, ni Beijing, ni Téhéran ne reconnaissent tout simplement pas ce statut autoproclamé de l’ex-hégémon mondial. Et avec les principaux promoteurs de la multipolarité – toutes les nations qui se revendiquent également de l’ère multipolaire contemporaine. C’est ainsi et pas autrement. N’en déplaise précisément aux vassaux de Washington et à tous les nostalgiques de l’époque d’injustice unipolaire.

Par ailleurs, il est certainement erroné de la part des analystes occidentaux à penser qu’un changement d’administration aux USA puisse être déterminant pour l’avenir mondial. Car quel que soit l’occupant à la Maison Blanche washingtonienne – et bien qu’il puisse même vouloir quelques changements, l’establishment étasunien est constitué d’une telle façon que rien ne peut pouvoir garantir un quelconque développement positif pour la posture internationale du régime US.

Et de manière encore plus générale – les grandes civilisations que sont la Chine, la Russie, l’Iran et leurs alliés respectifs – n’ont point besoin de suivre l’agenda politique étasunien interne pour pouvoir faire triompher l’ordre multipolaire. Et d’ailleurs les années précédentes et les événements en cours le démontrent parfaitement. L’axe de l’extrême minorité occidentale peut mettre autant de bâtons dans les roues des partisans résolus de la multipolarité, l’agenda en cours continuera à aller de l’avant. Avec parfois quelques ralentissements, mais qui ne changeront rien à l’objectif final.

Enfin et pour répondre à la notion de régions stratégiques dans la vision occidentale des choses, si l’Asie du Nord-Est, le Moyen-Orient et plus globalement parlant le grand espace eurasiatique sont effectivement des régions stratégiques pour l’avenir mondial, l’Europe dans sa version bruxelloise et vassale de Washington ne représente aujourd’hui de-facto aucune portée stratégique à l’échelle du monde. Du moins actuellement.

Par ailleurs et en dehors de l’Eurasie – l’Afrique et l’Amérique latine sont elles aussi des régions stratégiques dans le cadre de l’ordre multipolaire international contemporain. Et leur influence ne fera qu’augmenter. C’est de cela qu’il s’agit précisément. Enfin – un tout dernier point. Les amateurs de poker ne sauront jamais être à la hauteur de joueurs d’échecs – aussi rusés et bluffeurs puissent être les pokéristes. Il y a la civilisation et l’absence de civilisation. Et cette dernière notion concerne également tous ceux qui bien qu’ayant prétendu représenter des civilisations ne peuvent aujourd’hui pouvoir en être affiliés. En raison tout d’abord des crimes de masse commis à l’échelle planétaire et aussi en raison d’avoir fait le choix du camp de la non-civilisation. Les régimes occidentaux se reconnaitront tous sans difficulté.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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