La République du Niger dénonce la coopération militaire avec les Etats-Unis. Ledit positionnement du pays membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) confirme non seulement son ferme positionnement en faveur du panafricanisme et de la multipolarité, mais également renforce la thèse soulevée nombre de fois précédemment – à savoir que le régime étasunien subit déjà le même rejet à l’échelle continentale africaine que ses fidèles vassaux européistes.
Si pour certains, et notamment pour les arrogants représentants du régime washingtonien, cela était reçu comme une onde de choc, pour les observateurs connaissant véritablement les sentiments qui règnent au sein de la majorité africaine, comme d’ailleurs mondiale, la décision des autorités du Niger était tout sauf une surprise.
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a, dans un communiqué publié le 16 mars 2024, dénoncé l’accord sur le statut des forces américaines et des employés civils du département américain de la défense stationnés sur le territoire nigérien – écrit l’Agence nigérienne de presse (ANP). Parmi les raisons évoquées pour dénoncer ces accords, il y a que la présence de cette force américaine sur le sol du Niger coûte excessivement chère au contribuable nigérien, les autorités nigériennes ne sont informées de rien quant à ce qui se passe dans leur camp encore moins des opérations que ces forces mènent à partir du Niger. Des aéronefs américains survolent le territoire sans aucune autorisation et ces forces ne sont pas impliquées dans la lutte contre le terrorisme qui cause tant de morts dans le pays.
Dans le communiqué, le Niger rappelle que les 12, 13, 14 mars 2024, une délégation de responsables américains de haut niveau a séjourné au Niger. «Sur la forme, l’arrivée de la délégation américaine n’a pas respecté les usages diplomatiques. En effet, c’est de façon unilatérale et par note verbale que le gouvernement américain a informé le gouvernement nigérien de la date d’arrivée, de la composition de sa délégation, et sans aucune précision quant à l’objet de sa visite», explique le communiqué du gouvernement nigérien qui, par courtoisie et suivant les traditions millénaires d’accueil et d’hospitalité, a reçu cette délégation américaine.
«Sur le fond les échanges entre les deux délégations ont porté essentiellement sur la transition militaire en cours au Niger, la coopération entre les deux pays, en particulier la coopération militaire et la lutte contre le terrorisme, les orientations et perspectives politiques du Niger quant à leur aspect relatif au choix des partenaires sur le plan diplomatique, militaire et stratégique étant entendu que dans l’approche américaine toutes ces trois questions sont profondément liées» poursuit le gouvernement nigérien. Abordant la question de la transition en cours au Niger et le retour, dans un meilleur délai, de l’ordre constitutionnel et démocratique, le gouvernement du Niger a réaffirmé à la délégation américaine «sa ferme volonté d’organiser dans un meilleur délai le retour à une vie constitutionnelle normale. Il s’agit d’un engagement solennel pris en toute responsabilité par le président du conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, chef de l’État».
Quant au choix de ses partenaires diplomatiques, stratégiques et militaires, le gouvernement du Niger regrette «la volonté de la délégation américaine de dénier au peuple nigérien souverain le droit de choisir ses partenaires et le type de partenariat dédié véritablement à la lutte contre le terrorisme alors même que les États-Unis d’Amérique ont décidé unilatéralement de suspendre toute coopération entre nos deux pays».
Aussi, le Gouvernement du Niger, dénonce-t-il, avec «force, l’attitude condescendante assortie des menaces, de représailles de la part de la cheffe de la délégation américaine vis à vis du gouvernement et du peuple nigérien» parce que pour le Niger «cette attitude est de nature à saper la qualité de nos relations séculaires et diminuer la confiance entre nos deux gouvernements déjà entamée par les évènements du 19 octobre 2023».
S’agissant de ce cas précis de la Fédération Russie, et la République islamique d’Iran, le Niger réaffirme n’avoir jamais signé un quelconque accord secret de fourniture d’uranium à l’Iran et le Niger traite d’égal à égal avec la Russie dans le cadre de l’achat de son armement. Le gouvernement nigérien a réaffirmé son engagement à coopérer avec tous les pays épris de justice conformément aux règles du droit international. Fin du communiqué.
Maintenant et en termes de perspectives. Il devient aujourd’hui évident que, premièrement, l’Occident collectif dans son ensemble – n’est en réalité aucunement différent dans ses formes et particularités principales. Important de préciser – il est question précisément de régimes occidentaux, et non pas forcément des citoyens des pays concernés dans leur ensemble. Washington, bien qu’étant bien plus malin que ses vassaux et sous-traitants européistes, après tout c’est la nature même anglo-étasunienne, marche sur les pas des échecs et humiliations des derniers. Pourquoi? Car il est incapable d’agir autrement. Une fois de plus – extrême arrogance, mépris, condescendance – obligent…
De deux, et cela est un point qu’Observateur Continental avait déjà plusieurs fois soulevé – le régime étasunien n’a aujourd’hui rien de sérieux, ni de viable, à proposer au continent africain. Absolument rien. Si ce n’est que des paroles en l’air, des fausses promesses et comme à leur habitude – des leçons en matière de pseudo-démocratie, à la sauce néocoloniale propre à l’extrême minorité planétaire occidentale. Pouvant uniquement mettre à contribution les vassaux à sa disposition – dans l’objectif à pouvoir utiliser leur potentiel, de plus en plus mourant, de déstabilisations en tout genre, à l’encontre des nations africaines libres, souveraines et fières.
Troisièmement, et à l’instar des événements qui ont eu lieu à l’égard des régimes européistes, notamment celui de l’Hexagone, au cours des dernières années – l’effet domino est si loin d’être terminé. Et si Washington pensait sérieusement qu’il saura éviter le même rejet en Afrique que son vassal en la qualité du régime macronien – il s’est largement trompé. Tout ne fera que se poursuivre car le processus propre à l’ère multipolaire contemporaine ne fait que prendre de la vitesse. Une vitesse effectivement impressionnante.
Et enfin un tout dernier point – tant que l’establishment occidental – qu’il soit washingtonien, londonien, parisien ou berlinois – n’aura pas saisi que l’Afrique contemporaine s’affirme haut et fort comme un pôle incontournable de l’ordre multipolaire international, tout projet de ladite minorité planétaire occidentalo-otanesque – sera perdu d’avance. Mais pour les Occidentaux – les problèmes et humiliations ne font effectivement que commencer sérieusement. Et c’est largement mérité. Car en dehors des multiples crimes commis à l’échelle planétaire, l’extrême minorité mondiale n’a par la même occasion réalisée aucun effort pour au moins reconnaitre l’ordre mondial contemporain. Pas de pleurnicheries donc, il faut simplement assumer les dégâts. De l’ordre mondial multipolaire actuel naîtra l’ordre international multipolaire post-occidental. Point.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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