L’étrange rêve sur ma rencontre avec un oiseau nommé Quetzal
Lors d’une nuit magique, j’ai eu la vision d’un oiseau rare. En effet, un magnifique Quetzal orné d’un plumage de mille couleurs m’est apparu. Je l’ai saisi de mes deux mains de peur qu’il ne m’échappe. Sa beauté attirait le regard. La grâce et l’élégance de ce volatile exceptionnel me séduisirent.
Au petit matin, mes mains étaient encore unies, l’une contre l’autre, lorsque je me réveillai. Cependant, l’oiseau avait disparu, il n’était déjà plus qu’un souvenir. « Encore un rêve éphémère, sans lendemain » pensai-je. Pourtant, j’allais réaliser mon erreur d’appréciation.
Tiré de mon lit, je fis deux pas vers la porte de sortie. Stupéfié et émerveillé à la fois, je vis, plaquée au sol, une longue plume teintée d’un vert et d’un bleu vifs. Surpris, je la saisis pour m’assurer qu’elle était réelle. J’étais peut-être victime d’une apparition surnaturelle. Cette plume, aux couleurs de l’oiseau que je vis en songe, provenait-elle de mon rêve ? « C’est impossible, me dis-je, comment un tel événement pourrait-il survenir ? »
Une agréable odeur de musc se dégageait de la plume. Qu’elle parvînt du Paradis, ne m’eût en rien étonné. J’étais perdu entre rêve et réalité et, pour le moins, abasourdi et très perturbé. Je ne réalisais ni ne comprenais ce qu’il m’arrivait. Mon côté rationnel et cartésien, refusant tout compromis avec l’illogisme et le mystique, m’interdit toute croyance en une quelconque magie, sorcellerie ou alchimie ; et encore moins avec le mythe et le mirage que ne saurais expliquer. Je me devais de rester sobre, lucide et réaliste.
Pourtant, il y avait un fait évident : cette plume était bien réelle et moi parfaitement éveillé, en pleine possession de tous mes moyens psychiques. J’ai conservé jalousement cette plume mystérieuse et l’ai épinglée à un mur de ma chambre. Il m’arrivait de la fixer longuement, en me posant cette question à laquelle je n’avais toujours pas de réponse : comment cette plume est parvenue dans ma chambre au matin d’une nuit où, justement, je fis un étrange rêve sur un magnifique Quetzal ?
Quelques mois après, curieusement, je constatais que cette plume ne ternissait pas et ne subissait aucune altération. Il n’y avait pas la moindre trace de poussière sur elle, ni d’un débris quelconque. Elle était propre comme au premier jour. Son état était resté fidèle à l’image révélée lors de mon songe : un plumage sublime, d’une joliesse que je n’ai jamais vue nulle part.
Lorsque je montrais cette extraordinaire plume à des amis, ils me riaient au nez, se moquaient tout en me prenant pour un farceur. Ils me demandaient si je ne les taquinaient pas, histoire de me payer leur tête. Visiblement, tous passaient devant mais sans la l’apercevoir. Il y avait là une énigme, une situation que je ne comprenais pas moi-même. Je n’avais aucune explication plausible.
Jusqu’au jour où je compris que j’étais, finalement, seul à pouvoir voir et observer cette plume. C’était une vision née de mon esprit, parvenant du fond de mon cœur. Aucune autre âme ne pouvait voir ce qui sortait du tréfonds de mon imagination et de ma conscience.
Depuis, je fus convaincu qu’il existait un voile dressé devant les yeux des humains ; un voile empêchant l’œil de voir ce que le cœur perçoit et éprouve. Nous sommes tous dotés d’oreilles pour entendre, des yeux pour voir, mais on ne vibre et vit intensément qu’aux ressentis de ce que nous éprouvons au plus profond de nous mêmes. L’homme peut entendre mais ne pas être à l’écoute, comme il peut voir mais sans discernernement. Ces amis, qui m’étaient au demeurant chers, se moquaient d’eux-mêmes, incapables de percevoir ce que leurs coeurs ressentaient.
L’aveugle n’est pas celui qui est privé de la vue ; il est celui qui est insensible aux émotions de son cœur. Sa vue est voilée, son cœur est scellé. Pourquoi ? Je ne puis répondre à cette question. Mais ce dont je suis certain c’est qu’il voit et entend uniquement ce qu’il veut voir et entendre. Il est dans son monde, celui qu’il se bâtit de lui-même et pour lui-même.
Car on peut voir sans observer et entendre sans écouter, mais on ne peut observer et écouter qu’en ouvrant son cœur.
Touhami
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