Le Lion et la Hyène : La ruse plus puissante que la force
La Hyène rusée défie le puissant lion
Le lion rugissait et tous se taisaient. Aucun autre animal n’osait élever la voix lorsque le prétendu roi des animaux se mettait à rugir puissamment. Sa voix résonnait au-delà de la forêt, ses pattes paraissaient si puissantes, sa force si indomptable que nulle autre bête de la jungle n’osait le défier.
Vaniteux, orgueilleux et dédaigneux, le lion imposait sa loi par la force et quiconque lui tenait tête risquait de se voir dévorer sur le champ. L’autoproclamé seigneur des animaux répandait la peur et la terreur partout, obligeant ses sujets à lui céder le passage quand il partait fièrement chasser pour se nourrir.
Un jour, alors que le lion se reposait, rassasié, une hyène s’approcha de lui et lui tint ces paroles :
— Pardonne-moi, ô mon roi, d’interrompre ta sieste, mais j’aurais, si tu m’y autorises, une information de la plus haute importance à te communiquer.
— Fiche le camp avant que je ne te crève un œil ! répondit le lion sommeillant. Tu sais que je n’aime pas être dérangé dans ma sieste !
— Oui, je sais ô mon seigneur, mais tu devrais m’entendre, cela en vaut la peine.
— Parle donc, hyène hideuse ! Et si jamais tu as osé me déranger pour de futiles propos, sache que tu n’auras alors plus l’honneur de finir mes restes, parce que je t’aurais égorgée.
— Ô mon roi, je sais que ta magnifique crinière et ton inégalable gueule n’ont point d’égaux à travers toute la jungle. Mais cependant, j’ai aperçu, hier, un animal qui te ressemblait comme deux gouttes d’eau. Tu devrais t’en méfier.
— Me méfier ? Mais de qui ? interrogea le lion coléreux, manquant de donner un coup de pattes à la hyène effrayée et qui avait pris soin de reculer de quelques mètres. Qui oserait me défier ? Qui oserait s’opposer à ma force ?
— Je voulais juste te prévenir, ô mon seigneur adoré, répondit la hyène s’apprêtant à quitter les lieux.
— Reviens ici ! Tu veux que je t’arrache la langue ? lança le lion hors de lui. Où as-tu vu cet animal ? dit-il d’une voix si terrifiante et agressive que la hyène dut se boucher les oreilles.
La hyène conduisit le lion vers un puits situé à quelques kilomètres. Arrivés à proximité du puits, elle dit au lion :
— C’est précisément ici que j’ai vu et entendu la bête dont je t’ai parlé.
— Je ne vois rien ! répondit le lion agacé. Si tu t’es fichu de moi, hideuse hyène, je t’étripe et te jette en pâture à tes sœurs affamées !
La hyène indiqua le puits de sa patte et confirma :
— Non mon roi, c’est bien le lieu où j’ai vu l’animal ; sa voix résonnait de cet endroit, là-bas !
Le lion s’approcha du puits, se mit à observer l’eau tout au fond. Il vit un visage, des yeux, un nez, une gueule et une crinière semblables à la sienne. Il se mit à gémir, son rival gémit aussi. Il donna un coup de patte, son concurrent en fit autant. Il gronda encore plus fort, s’agita, gesticula ses pattes de toutes ses forces, toujours son ennemi répondit par les mêmes cris, les mêmes gestes.
Excédé, le lion ne put en supporter davantage. Son orgueil et sa vanité ne toléraient qu’on eût pu lui résister ainsi. Dans un excès de colère il se jeta, croyait-il, sur sa proie. Il bascula et tomba tout au fond du puits. Pris au piège, le lion se noya rapidement malgré toutes ses vaines tentatives de vouloir nager et se sortir d’un tel trou exigu.
Satisfaite et triomphante, la hyène reprit le chemin du retour, heureuse d’être débarrassée d’un tyran.
Qui pouvait combattre un lion féroce et orgueilleux, sinon son propre orgueil reflété dans l’eau du puits ?
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