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FUITE DES DOCUMENTS DE LA CIA : la coopération secrète des pays arabes avec Israël pendant la guerre à Gaza

FUITE DES DOCUMENTS DE LA CIA : la coopération secrète des pays arabes avec Israël pendant la guerre à Gaza

FUITE DES DOCUMENTS DE LA CIA : la coopération secrète des pays arabes avec Israël

La fuite des documents de la CIA révèle que plusieurs États arabes ont secrètement renforcé leur coopération militaire avec Israël pendant la guerre à Gaza, sous l’égide des États-Unis.

La coopération secrète des pays arabes avec Israël pendant la guerre à Gaza

Proche-Orient. Des documents américains révèlent que plusieurs États arabes ont secrètement renforcé leur coopération militaire avec Israël pendant la guerre à Gaza, sous l’égide des États-Unis.

Une vue générale de la base militaire américaine d’Al-Udeid, au sud de Doha, le 23 octobre 2002. Le Qatar a condamné le 23 juin 2025 une attaque iranienne contre la plus grande base militaire américaine de la région, hébergée dans l’État du Golfe, la qualifiant de « violation flagrante » de sa souveraineté.

Une vue générale de la base militaire américaine d’Al-Udeid, au sud de Doha, le 23 octobre 2002. Le Qatar a condamné le 23 juin 2025 une attaque iranienne contre l’énorme base militaire américaine de la région, hébergée dans l’État du Golfe, la qualifiant de « violation flagrante » de sa souveraineté.

Malgré leur dénonciation publique de la persécution du peuple palestinien et de la destruction de Gaza, plusieurs États arabes ont, selon une enquête exclusive du Washington Post, discrètement intensifié leur coopération sécuritaire avec l’armée israélienne. L’illustre journal d’investigation tire ses sources de cinq documents ayant fuité, obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui détaillent la création de ce que l’armée américaine décrit comme le « dispositif de sécurité régional » (Regional Security Construct).

Selon ces documents, lors des trois dernières années, sous l’égide des États-Unis, des responsables militaires d’Israël et de six pays arabes (Bahreïn, Égypte, Jordanie, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis) se sont réunis à Bahreïn, en Égypte, en Jordanie et au Qatar pour des réunions de planification.

Le Koweït et Oman sont quant à eux mentionnés par le journal comme « partenaires potentiels ». Des liens militaires mis à rude épreuve après la frappe aérienne israélienne sur le Qatar, en septembre 2025, mais qui pourraient désormais jouer un rôle clef dans la supervision du cessez-le-feu naissant à Gaza.

Un dispositif régional né de la peur de l’Iran

 Selon les documents, la menace iranienne, qualifiée d’ »Axe du mal », était le moteur de ces rapprochements, coordonnés par le CENTCOM américain, le « Commandement central des États-Unis », l’une des 11 extensions de La Défense américaine située au Qatar et responsable des opérations militaires au Moyen-Orient et en Asie du Sud et de l’Est. Le partenariat, décrit par le général Kenneth McKenzie en 2022 comme un prolongement des accords d’Abraham, visait notamment un plan de défense aérienne contre les missiles et drones iraniens, et la surveillance de missiles sur Gaza et le Yémen.

Selon les documents, six des sept pays partenaires recevaient des données radars partielles, deux partageaient leurs propres informations et tous étaient intégrés à un système de messagerie sécurisée avec l’armée américaine.

Ces documents révèlent aussi des entraînements communs : en janvier 2025, une réunion à Fort Campbell (Kentucky) a permis à l’armée américaine de former ses partenaires à détecter et neutraliser les tunnels souterrains utilisés par le Hamas à Gaza.

Un autre rapport mentionne un exercice multinational de destruction de tunnels impliquant six pays. Parallèlement, le CENTCOM a mené des réunions de planification d’opérations d’information pour contrer le discours iranien se présentant comme le « protecteur des Palestiniens » et, selon un document de 2025, pour « propager un récit de prospérité et de coopération régionales ».

Une coopération mise à l’épreuve après l’attaque contre le Qatar

Un rapprochement dont les limites évidentes ont été exposées par la frappe israélienne, le 9 septembre dernier, sur Doha la capitale du Qatar, détruisant un bâtiment abritant des dirigeants du Hamas. Le Qatar fait pourtant partie des pays ayant renforcé ses liens avec Israël. Selon le lieutenant général Derek France (US Air Force), cité par le journal, les systèmes radar américains n’ont pas donné d’alerte précoce car ils « sont généralement concentrés sur l’Iran et d’autres zones d’où une attaque est attendue ».

Le Qatar a confirmé que ses radars n’avaient pas détecté les avions israéliens. Netanyahou a présenté ses excuses le 29 septembre, à la demande de l’administration Trump, promettant de ne plus mener de telles frappes.

Discret, le Qatar a été le partenaire central de ce système de coopération régionale avec Israël. Selon le Washington Post, en mai 2024, des responsables israéliens et arabes se sont rencontrés à la base aérienne d’al-Udeid au Qatar, une installation majeure américaine, avec un itinéraire prévu pour éviter l’exposition médiatique. « Pas de photographies, pas d’accès aux médias », stipulait ainsi une note d’organisation américaine. Ces rencontres, officiellement « non considérées comme une alliance », ont été maintenues sous strict secret diplomatique.

L’ambiguïté diplomatique perdure

En coulisse, cette coopération clandestine a très régulièrement contrasté avec les déclarations publiques virulentes des dirigeants arabes. L’émir du Qatar a dénoncé une « guerre génocidaire menée contre le peuple palestinien » et accusé Israël d’être « un État hostile et complice de l’apartheid » dans un discours à l’ONU en septembre 2025. L’Arabie saoudite a dénoncé en août « la famine » et le « nettoyage ethnique » des Palestiniens, tandis que les dirigeants de l’Égypte et de la Jordanie ont également parlé de génocide.

Selon Emile Hokayem, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies interrogé par le Washington Post, Washington espérait que cette coopération militaire faciliterait la normalisation politique. Échec d’une stratégie qui aurait « masqué la réalité des tensions ». La frappe au Qatar, relève-t-il notamment, a révélé la fragilité du dispositif : « Un membre clef de l’effort américain a attaqué un autre, avec l’Amérique perçue comme complaisante ou aveugle », souligne le chercheur.

Cette coopération régionale n’est pourtant pas terminée. Selon les informations du Washington Post et de l’ICIJ, le CENTCOM américain planifie la création d’un « Combined Middle East Cyber Center » d’ici 2026 et d’un « Information Fusion Center » pour coordonner les opérations informationnelles. L’Arabie saoudite y joue un rôle clef, partageant des renseignements sur la Syrie, le Yémen et l’Irak, notamment sur les activités des Houthis soutenus par l’Iran et de l’État islamique. Après la signature d’un accord de paix pour Gaza, la question très délicate de la gouvernance du territoire palestinien reste sur la table dans cette coopération.

 Enola Richet, journaliste française

Source

INFOSPLUS

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