Les États-Unis et l’Ukraine: des divisions internes sur la contre-offensive

Les États-Unis et l’Ukraine: des divisions internes sur la contre-offensive

Des frustrations ont accompagné les négociations entre les États-Unis et l’Ukraine. L’Ukraine n’a pas utilisé les armes envoyées par les États-Unis pour ouvrir un front plus large, par exemple. Tout cela montre la faiblesse dans l’organisation militaire occidentale.  

Le conflit est coincé dans une impasse entre les États-Unis et l’Ukraine. Le Washington Post signale: «Des erreurs de calcul et des divisions ont marqué la planification offensive des États-Unis et de l’Ukraine». Le média anglophone, citant l’alors ministre de la Défense ukrainien, Oleksiï Reznikov, souligne: «Les véhicules blindés ukrainiens étaient détruits par les hélicoptères, les drones et l’artillerie russes à chaque tentative d’avancée». Oleksiï Reznikov réclamait aux États-Unis des avions et faisait savoir que «la seule option était d’utiliser l’artillerie pour bombarder les lignes russes, de descendre des véhicules ciblés et de continuer à pied». Cependant, l’Ukraine n’a pas utilisé les armes envoyées par les États-Unis pour ouvrir un front plus large, sidérant le secrétaire américain à la Défense (Pentagone), Lloyd Austin. L’Occident est passé d’une contre-offensive née de l’optimisme à un échec qui a généré des frictions et des remises en question entre Washington et Kiev et soulevé des questions plus profondes sur la capacité de l’Ukraine à reprendre des quantités décisives de terrain. «Alors que l’hiver approche et que les lignes de front se figent, les plus hauts responsables militaires ukrainiens reconnaissent que le conflit est dans une impasse», martèle le média anglophone.  

Le Washington Post permet d’ouvrir les coulisses de la préparation de la contre-offensive ukrainienne et fournit des détails inédits sur la profonde implication des Etats-Unis dans la planification militaire derrière la contre-offensive et les facteurs qui ont contribué à ses échecs. Tout d’abord, «des officiers militaires ukrainiens, américains et britanniques ont organisé huit grands jeux de guerre sur table pour élaborer un plan de campagne. Mais Washington a mal évalué la mesure dans laquelle les forces ukrainiennes pourraient être transformées en une force de combat de type occidental en peu de temps – surtout sans que la puissance aérienne de Kiev fasse partie intégrante des armées modernes». «Les responsables américains et ukrainiens étaient parfois en profond désaccord sur la stratégie, la tactique et le calendrier. Le Pentagone souhaitait que l’assaut commence à la mi-avril pour empêcher la Russie de continuer à renforcer ses lignes. Les Ukrainiens ont hésité, insistant sur le fait qu’ils n’étaient pas prêts sans armes et entraînement supplémentaires», rapporte le média anglophone, précisant: «Les responsables militaires américains étaient convaincus qu’une attaque frontale mécanisée contre les lignes russes était réalisable avec les troupes et les armes dont disposait l’Ukraine. Les simulations ont conclu que les forces de Kiev pourraient, dans le meilleur des cas, atteindre la mer d’Azov et couper les troupes russes au sud en 60 à 90 jours». Et, «les États-Unis préconisaient une attaque ciblée le long de cet axe sud, mais les dirigeants ukrainiens estimaient que leurs forces devaient attaquer en trois points distincts le long du front, vers le sud en direction de Melitopol et de Berdiansk sur la mer d’Azov et vers l’est en direction de la ville assiégée de Bakhmout».  

«La communauté du renseignement américain était plus pessimiste que l’armée américaine, estimant que l’offensive n’avait que 50% de chances de succès étant donné les solides défenses multicouches que la Russie avait construites au cours de l’hiver et du printemps», continue le Washington Post qui affirme que «beaucoup en Ukraine et en Occident ont sous-estimé la capacité de la Russie à se remettre des désastres sur les champs de bataille et à exploiter ses atouts permanents: sa main-d’œuvre, ses mines et sa volonté de sacrifier des vies à une échelle que peu d’autres pays peuvent accepter». En fait, «à l’approche du lancement prévu de l’offensive, les responsables militaires ukrainiens craignaient de subir des pertes catastrophiques – tandis que les responsables américains estimaient que le bilan serait finalement plus lourd sans une attaque décisive». 

Les armées de l’OTAN ont joué à la guerre en donnant le rôle de l’armée russe aux soldats ukrainiens pour des simulations en Allemagne, mais cela n’a servi à rien. Avec la nouvelle technologie qui a transformé le champ de bataille, les soldats ukrainiens menaient une guerre différente de tout ce que les forces de l’OTAN avaient connu: un vaste conflit conventionnel, avec des tranchées rappelant la Première Guerre mondiale recouvertes par des drones omniprésents et d’autres outils futuristes – et sans la supériorité aérienne dont l’armée américaine a bénéficié dans tous les conflits modernes. Les États-Unis et le commandement ukrainien envisageait un scénario plus optimiste pour la contre-offensive qui devait durer 60 à 90 jours en prévoyant, tout de même, un combat difficile et sanglant, avec des pertes de soldats et d’équipement pouvant atteindre 30 à 40%, selon des responsables américains. 

Les responsables militaires américains ne contestaient pas que ce serait une lutte sanglante. Le Washington Post note qu’au début 2023, «ils savaient que pas moins de 130.000 soldats ukrainiens avaient été blessés ou tués pendant la guerre, parmi lesquels un bon nombre des meilleurs soldats du pays». «Certains commandants ukrainiens exprimaient déjà des doutes quant à la campagne à venir, citant le nombre de soldats manquant d’expérience sur le champ de bataille», rapporte le média anglophone. 

«L’année 2023 s’achève avec le président russe, Vladimir Poutine, plus conforté que jamais. Il peut attendre la fin d’un Occident capricieux et absorber pleinement le territoire ukrainien déjà saisi par ses troupes», conclut le Washington Post, qui annonce la victoire de la Russie sur l’Ukraine et l’OTAN.  

Philippe Rosenthal

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