Une fois de plus, les Kurdes, qui ont des attitudes à géométrie variable et selon leurs intérêts, finissent toujours abandonnés de tous
Les Kurdes et le Kurdistan
La population des Kurdes est estimée entre 35 et 40 millions à travers le monde, dont près de 15 millions vivent en Turquie. Le Kurdistan (territoire revendiqué par les Kurdes) s’étend sur la Turquie (majoritairement), l’Irak, la Syrie et l’Iran.
PKK et YPG : considérés comme organisations terroristes
Le PKK est une organisation reconnue comme terroriste par une grande majorité de la communauté internationale, dont l’Union Européenne.
Probablement après avoir obtenu l’aval du Président américain Donald TRUMP et du Président Vladimir POUTINE, Le Président Recep Tayyip ERDOGAN a conduit une opération militaire d’ampleur dans le nord de la Syrie. La raison invoquée est une lutte contre le terrorisme (PKK) et une sécurisation des frontières turques avec la Syrie.
Le Président américain a été, en quelque sorte, hué par les dirigeants occidentaux. Pourtant, il avait été on ne peut plus clair dans son programme lors de sa campagne présidentielle. Il avait clairement indiqué qu’il donnerait la priorité à l’Amérique et aux Américains. Ce qui signifie, sur le plan extérieur, un désengagement militaire et un retrait des troupes — hormis dans les sites géostratégiques vitaux — partout à travers le monde. On ne comprend donc pas l’étonnement des Européens.
Kurdes et Occidentaux
Les puissances occidentales n’ont pas hésité, dès le départ de la crise syrienne (en 2011), à armer les opposants (les rebelles) à Bachar AL-ASSAD. C’était en plein Printemps arabe. Daesh, organisation terroriste née à la suite de l’invasion de l’Irak par les USA, a été combattu et vaincu, nous dit-on, grâce notamment à l’implication directe des Kurdes. Ces derniers espéraient une potentielle autonomie dans le nord de la Syrie en retour pour service rendu.
Bachar AL-ASSAD et les Occidentaux
Traité de « salopard » par Laurent FABIUS, alors ministre des Affaires étrangères sous François HOLLANDE, Bachar AL-ASSAD a été accusé de tous les maux de la Syrie, voire de tout le Moyen-Orient. Tous ont juré sa perte, voire sa mort. Les Occidentaux espéraient une chute rapide du régime, à l’instar de la Tunisie, de l’Egypte et de la Libye pour ensuite décider du remplacement. On ne perd pas ses réflexes colonialiste et impérialistes du jour au lendemain. Mais c’était sans compter de l’appui de la Russie, de la Chine et de l’Iran au raïs syrien. Des armes ont donc été livrées aux adversaires du régime syrien. Des armes dont on retrouvera une partie, plus tard, en Libye aux mains de djihadistes.
En intervenant au nord de la Syrie pour « voler au secours » des Kurdes, Bachar AL-ASSAD, non seulement, reprend le contrôle de son territoire, mais il signifie ostensiblement aux Kurdes : « Voyez vos amis Occidentaux vous ont, une fois de plus, lâchés et c’est moi qui viens vous aider. »
Un rapide rapprochement avec ce qui s’était passé dans la guerre de Bosnie où les Occidentaux avaient lâchement abandonné les Musulmans bosniaques vient évidemment à l’esprit.
La Russie, les USA par son retrait, la Turquie et l’Iran sont les grands gagnants
Ainsi, le Président Poutine sauvegarde tous ses intérêts avec le régime de Bachar AL-ASSAD et tient parole puisque le Président Syrien est conforté à la tête de la Syrie. C’est bien la Russie qui distribue les cartes.
Le Président Trump menace la Turquie de sanctions économiques pour la forme. Il met surtout les Européens face à leurs responsabilités par rapport aux réfugiés en Turquie et les prisonniers détenus par les Kurdes, dont une grande partie ont déjà fui et sont dans la nature.
Le Président Erdogan sécurise ses frontières et affirme son intransigeance lorsqu’il s’agit de la sécurité de son pays. Chose normale et logique. Il va éradiquer toute résistance kurde et toute idée nationaliste d’un Kurdistan.
Iraniens, Irakiens, Syriens et Turcs s’étaient déjà entendus : aucune discussion possible sur une autonomie kurde quelle qu’elle soit. Les Européens n’ont plus leur mot à dire. Ces derniers ne croyaient pas eux-mêmes à un Kurdistan ; ils se sont simplement servis des Kurdes.
Les Kurdes sont les dindons de la farce, l’UE la grande perdante
Les Kurdes sont une fois de plus les dindons de la farce soit par naïveté et ce serait grave, soit par manque de discernement : déboulonner Bachar AL-ASSAD n’était pas une mince affaire. Les Occidentaux ont échoué sur toute la ligne et se sont lamentablement laissés berner par une Russie qui a su agir et non pas tergiverser par calcul politique ou je ne sais quel postulat fondé sur d’éventuelles pertes. Dans ce cas-là il ne faut pas partir en guerre, il faut rester chez soi. L’incohérence de leurs stratégies et leurs erreurs d’appréciation, sur tous leurs plans, les ont définitivement plongés dans une quasi impuissance.
Le Président TRUMP veut, dès le début, mettre à mal l’Union Européenne qu’il considère comme une puissance économie concurrente. Il est un chef d’entreprise, il se place donc plus dans le schéma d’une guerre économique.
Le Président POUTINE n’a pas plus de sympathie pour les Européens que son homologue américain. Il n’a toujours pas digéré les humiliations infligées dans les années 80/90 à la Russie après l’effondrement de l’URSS.
Le Président ERDOGAN n’a pas, lui aussi, accepté l’éviction de la Turquie de l’UE (cela aurait tout changé) pour des raisons religieuses.
Bachar AL-ASSAD ne porte pas également les Européens dans son cœur. Et pour cause, ils lui ont mené une guerre et juré de le liquider.
Quant aux Iraniens, depuis la révolution islamique, ils n’ont jamais cessé d’œuvrer pour reprendre les rênes dans la région. En Irak, les Américains les ont aidés à prendre le dessus sur les sunnites, d’où Daesh ; en Syrie les Alaouites qui dirigent le pays sont des Chiites ; au Liban, on sait que le Hezbollah est une branche armée greffée par la Syrie lorsque la communauté internationale avait demandé une intervention de l’armée syrienne pour stabiliser ce pays.
Finalement tous se sont mis d’accord, chacun ayant ses raisons particulières, pour évincer les Européens (UE) et les mettre en situation d’impuissance. C’est chose faite avec cette intervention menée par la Turquie dans le nord de la Syrie. Les erreurs commises dès le départ par les dirigeants français ont mis la France dans une situation très embarrassante. D’autant plus que l’UE est dans une incapacité totale à mettre au point une défense commune.
Un deal entre Messieurs TRUMP et ERDOGAN sur une intervention à durée limitée n’est pas à exclure. Autrement dit, une opération militaire avec un accord tacite du Président américain.
Les forces kurdes devront se retirer d’un secteur d’une profondeur de 32 kilomètres censé se transformer à terme en une « zone de sécurité ».
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