L’adhésion en qualité de membre de plein droit de la République de Biélorussie à l’Organisation de coopération de Shanghai devrait être finalisée au cours des prochains mois. Ainsi l’autre des principales organisations pro-multipolaires représentant par la même occasion le grand espace eurasiatique connaîtra l’élargissement cette année. Une perspective particulièrement importante dans le cadre des événements contemporains.
Après la signature par le président biélorusse Alexandre Loukachenko du mémorandum sur l’engagement du pays à devenir membre de plein droit de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) fin novembre dernier, les choses s’accélèrent et confirment que ladite adhésion devrait être finalisée très probablement d’ici l’été 2024.
Encore plus récemment – le 29 décembre 2023 – a été adoptée la résolution du Conseil des ministres sur l’adhésion de la Biélorussie aux traités internationaux et la mise en œuvre des obligations internationales dans le cadre de l’OCS. Les dites étapes confirment les déclarations précédentes des responsables biélorusses quant à l’adhésion rapide du pays au sein de l’organisation.
Pour rappel, l’Organisation de coopération de Shanghai a été créée en 2001 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Auxquels se sont joints ensuite en qualité de membres à part entière l’Inde et le Pakistan en juin 2017, puis l’Iran en juillet 2023. La Biélorussie, qui était jusque-là avec la Mongolie membre observateur de l’organisation – deviendra donc le dixième Etat membre de plein droit de l’OCS.
Parmi les partenaires de dialogue de la grande organisation internationale eurasiatique et pro-multipolaire se trouvent l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Bahreïn, l’Egypte, le Qatar, le Cambodge, le Koweït, les Maldives, le Myanmar, le Népal, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Sri Lanka, ainsi que les Emirats arabes unis. Symbolique ou pas – le fait est qu’avec la très prochaine adhésion de la Biélorussie à l’OCS dans les prochains mois, l’organisation comptera dix membres à part entière, tout comme les BRICS – également désormais composés de dix membres.
Ce qui rassemble également l’OCS avec les BRICS est le poids démographique (plus de 40% de la population mondiale) et économique (25% du PIB mondial, en augmentation de plus de 13 fois par rapport à 2001, lorsque l’organisation a été créée). Dans le cas des BRICS faut-il encore rappeler que l’organisation sur la base uniquement des cinq premiers Etats membres (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a déjà dépassé en termes de PIB combiné à l’issue de l’année 2022 le club du G7, composé de plusieurs régimes occidentaux + Japon, longtemps considéré comme le regroupement des pays les plus riches et les plus industrialisés du monde.
L’autre point essentiel dans les similitudes entre l’OCS et les BRICS étant bien évidemment le soutien de ses membres à l’ordre multipolaire international contemporain, et le fait de représenter la véritable notion de communauté internationale. La seule différence marquante entre les deux structures étant que l’OCS représente géographiquement parlant le grand espace de l’Eurasie, tandis que les BRICS comptent les membres de tous les principaux continents de la planète.
Mais l’adhésion de la Biélorussie concerne également un autre aspect, non des moindres. Longtemps considéré comme faisant partie uniquement de l’Europe et se trouvant dans le viseur des multiples déstabilisations en provenance du petit espace arrogant nommé Union européenne – Minsk se détache désormais une bonne pour toute d’un espace n’ayant aucune perspective intéressante, pour se consacrer pleinement à la Grande Eurasie, aux côtés des principaux promoteurs et membres de l’ordre multipolaire. Également pour rappel – la Biélorussie est l’un des Etats membres de l’Union économique eurasiatique et aspire par ailleurs à intégrer à terme les BRICS.
Fait paradoxal est qu’au moment de la chute de l’URSS, une certaine Ukraine voisine était plus développée économiquement que l’Etat biélorusse, sachant d’autant plus que la Biélorussie ne dispose pas de larges ressources naturelles. Pour autant cela n’a pas empêché Minsk depuis de nombreuses années à renforcer sa place d’une des républiques ex-soviétiques les plus développées économiquement, aux côtés de la Russie et du Kazakhstan, et dont la production (aussi bien agricole que le savoir-faire technologique) s’exporte avec succès. La Biélorussie alliant parfaitement une agriculture saine et demandée, des équipements et technologies destinés à de nombreux secteurs qui s’exportent aux quatre coins du monde, dont beaucoup en Afrique, et un secteur informatique parmi les plus performants. Loin du marasme que vit l’Ukraine, un marasme largement indépendant des événements en cours dans l’opposition entre la Russie et l’axe otanesque.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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