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Le 1er décembre 2018 les Gilets jaunes défient le pouvoir à Paris

Le 1er décembre 2018 les Gilets jaunes défient le pouvoir à Paris
Le 1er décembre 2018 les Gilets jaunes défient le pouvoir à Paris

Le 1er décembre 2018 les Gilets jaunes vont défier le Président de la République à Paris. Le pouvoir ne veut a priori rien céder à la rue : le bras de fer continue et se durcit.

Ce 1er décembre 2018 risque d’être particulièrement houleux. Le leitmotiv du Président Macron est connu : la France doit être réformée et il n’est pas question de reculer devant quelque manifestation ou agitation que ce soit. Jusqu’à présent, le Président a gagné tous ses paris, même lorsqu’il s’est agi de dossiers très difficiles tels celui de la SNCF, du Code du travail… On connait la détermination d’Emmanuel macron à réformer le pays.

Le 1er décembre 2018, les Gilets ont annoncé leur intention d’investir les Champs et « toquer » à la porte de l’Elysée pour afficher leur mécontentement de ne pas avoir été entendus et compris.

En effet, les Gilets jaunes attendaient du Président, lors de sa brève intervention du 27 novembre, qu’il affirme avoir pris en considération la colère qui gronde à travers le pays, et proposer des actions concrètes en faveur notamment des plus démunis. 

Un paysage politique bouleversé à la suite de l’élection présidentielle

Le Président Macron a pris le pouvoir (par les urnes) non sans bouleverser le paysage politique français. Ce que l’on a appelé un « alignement des Planètes » et un concours de circonstances exceptionnel ont permis au Président de faire une main basse totale sur le pouvoir.

La droite française a été sérieusement dégradée par le quinquennat du Président Nicolas SARKOZY. François FILLON, par l’affaire des emplois fictifs, a terminé le travail et envoyé son camp politique vers une déroute et une « humiliation » électorale qui resteront historiques. La division de la droite a fait des ravages au-delà de toute espérance et analyse politique. 

La gauche française avait réussi à reprendre le pouvoir à la faveur d’une exaspération et d’un « anti-sarkozysme » dévastateurs. Mais le Président François HOLLANDE a définitivement enterré le Parti socialiste par un quinquennat calamiteux : frondeurs, livre choc de Valérie Trierweiler, confessions irresponsables dans « Un président ne devrait pas dire ça », sur-augmentation des impôts, des « pactes » avec le patronat non honorés par ce dernier, non-inversion de la courbe du chômage, etc. Le fameux discours du Bourget s’est terminé en un terrible parcours du combattant. 

Quant au Front National — devenu Rassemblement National — il s’est enlisé et autodétruit dans ce qui faisait pourtant une de ses forces principales dans la critique politique des pouvoirs en place : l’Union Européenne (UE).

En effet, une proposition plus que hasardeuse de sortie de la zone Euro a démontré l’amateurisme et l’inexpérience des cadres du R.N. De plus, en France, les extrêmes sont généralement désapprouvées et rejetées par le peuple français.

La France insoumise, représentée par son leader et tribun Monsieur Jean-Luc MELENCHON, était une alternative possible. Mais le refus d’une recherche constructive d’alliance avec le PS (Benoît HAMON) — et  la gauche de manière générale — a conduit le Président de la France Insoumise à un isolement et à un éparpillement d’un électorat de gauche désorienté et orphelin. Un rapprochement PS et LFI aurait pu permettre à la gauche de franchir le cap du second tour à la dernière présidentielle.

La démocratie et les contre-pouvoirs

Le Président MACRON a fait le vide absolu autour de lui. Il n’existe plus de droite et de gauche ; ne subsistent que les extrêmes. Le champ politique binaire habituel est devenu unaire. Pourtant, la démocratie a besoin de contre-pouvoirs pour garder un équilibre. Tout pouvoir en place doit être confronté à une opposition crédible afin de lui servir de balancier. Depuis l’élection d’Emmanuel MACRON il n’y a plus de réelle opposition forte. Un vide sidéral s’est installé dans le paysage politique.

A défaut d’oppositions sociopolitiques, démocratiques, organisées et structurée — un parti politique, une association, un syndicat — capables d’exercer un contre-pouvoir réellement représentatif, c’est le peuple, souverain, qui devient lui-même cette opposition au pouvoir en place.

Cela nous conduit tout droit aux Gilets jaunes. Ce mouvement citoyen est parti de la base pour maintes raisons, dont notamment la vie chère et l’augmentation — prévue au 1er janvier 2019 — des taxes sur les carburants. Les Gilets jaunes se mobilisent pour se faire entendre.

Ces Gilets jaunes, qui défileront le 1er décembre 2018 à Paris et dans toutes les régions de France sont à la base un mouvement citoyen apolitique. Mais il est certain que ce mouvement est déjà en partie récupéré par des politiques opportunistes ; inévitablement il se politisera, c’est incontestable.

La démocratie oblige à désigner des représentants émanant de citoyens. Mais une fois élus, ces représentants n’obéissent plus qu’à des règles strictes édictées par leur parti politique. C’est toute l’ambiguïté d’une démocratie.

Le Président MACRON est dos au mur

Il est clair que la manifestation de ce 1er décembre 2018 sera déterminante pour la suite. Acculé et dos au mur, le Président n’a que deux alternatives possibles : acquiescer aux revendications principales ou continuer le bras de fer mais avec le risque d’une explosion sociale généralisée et qui deviendrait alors incontrôlable.

Ce soulèvement des Gilets jaunes est un vrai casse-tête dans la mesure où il remet sur la table le problème du pouvoir d’achat. L’Etat, par une augmentation des aides sociales (très controversées parce que cela alourdirait les dépenses publiques) et une baisse de certaines taxes, pourrait améliorer la situation des classes les plus défavorisées.

Mais le pouvoir d’achat pour la classe prolétaire — personnes vivant exclusivement de leur travail — est conditionné aux salaires. Ce sont les entreprises, principales actrices économiques, qui décident du salaire.

Hormis le fait d’une augmentation du SMIC (par le gouvernement) toute autre augmentation d’une rémunération appartient aux employeurs et non à l’Etat. Ce dernier ne peut que tenter de créer un environnement économique qui soit favorables à l’embauche et à la croissance.

Et de ce côté-là on ne peut pas reprocher au Président MACRON de faire le maximum, au point même où il est « taxé » de Président des riches. Réformer un pays en profondeur en cinq ans, quand celui-ci ne l’a pas été depuis plus de quarante ans, relève d’une mission quasi impossible.

Et pour ce faire, ces réformes doivent être entreprises dans une justice sociale qui soit incontestable. C’est peut-être là où le pouvoir exécutif a véritablement péché. 

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