Les gilets jaunes auraient-ils un coup de pompe face aux menaces de sanctions brandies par le gouvernement ?
Les Gilets jaunes innovent, c’est le moins qu’on puisse dire. Les manifestations, en France on connait bien. C’est peut-être même le sport favori des Français. En effet, qui n’a pas pas battu le pavé au moins une fois dans sa vie ? Mais nous avions affaire à des manifestations encadrées par des syndicats, des associations, ou des partis politiques. Tout était cadré du point de départ au point d’arrivée. La sécurité était assurée par les organisateurs de la manifestation et supervisée par la Préfecture.
Nous ne sommes plus, avec les Gilets jaunes, dans cette configuration du « kit complet » d’une manif réussie et surtout « labellisée » et autorisée par les services de l’Etat (Préfet et Ministère de l’Intérieur). Parce que le « défilé » répond à des critères précis par rapport aux lois du pays. La sécurité et l’ordre public doivent être assurés. En somme : manifester, oui, mais dans l’ordre et la légalité.
Les Gilets jaunes inventent la « manif totale » et sans filet.
Avec les Gilets jaunes, nous sortons des sentiers battus. Les colères ne sont plus canalisées par des mouvements populaires devant se rendre d’un point à un autre en vue de démontrer ses mécontentements. Ces colères sont exprimées aux quatre coins de la France par une liberté totale d’action — des blocages — donnée aux principaux acteurs, à défaut d’organisateurs. Et c’est précisément sur ce point qu’il y a des inconnues quant au respect des règles et des lois de la République. L’autorité publique a d’ailleurs indiqué, par la voix du Ministre de l’intérieur, qu’elle ne tolérera aucune anarchie, aucune gêne de circulation et aucun débordement.
Visiblement les lourdes sanctions encourues seraient dissuasives.
La menace est visible et elle est reçue cinq sur cinq par beaucoup d’organisateurs qui semblent ainsi reculer. Les lourdes sanctions encourues feraient doublement réfléchir. Manifester spontanément dans toute la France sans aucune coordination, sans un quartier général et sans responsables clairement définis, cela parait difficile à réaliser.
Car tout pourrait arriver. Y compris le pire, ce qui évidemment permettrait aux services de l’Etat d’utiliser la force pour rétablir l’ordre et la liberté de circuler. Le pari est donc très risqué. C’est l’inconnu le plus total. Ces opérations de blocage, inédites et sans précédent, inquiètent le pouvoir.
À Tarbes — Hautes-Pyrénées — les organisatrices du mouvement des Gilets jaunes ont retiré la demande d’autorisation de la manifestation déposée en préfecture. « Nous avons procédé à notre retrait d’engagement auprès de la préfecture, ainsi que des services de police« , ont-elles annoncé sur la page Facebook, après une réunion avec les renseignements territoriaux, les renseignements généraux, le directeur de la sécurité publique et le chef de la police de la ville. D’autres défections tombent à chaque heure.
Les services de l’Etat ont, semble-t-il, vite « recensé » les organisateurs (ou acteurs) principaux et ont mis en garde sur le respect des lois de la République. Les conséquences, en matière de droit, pourraient être considérables pour les citoyens impliqués. Et c’est bien ce qui expliquerait ce premier « coup de pompe » parmi les Gilets jaunes.
L’idée est bonne mais pas assez étayée.
Si l’idée est bonne parce qu’elle est apolitique et fait appel aux citoyens, en revanche elle me parait difficile à mettre en oeuvre, car tout n’est pas maîtrisé et beaucoup trop spontané. Il aurait fallu mieux organiser les moyens utilisés par une telle action qui est tout de même d’une ampleur nationale. Et bien sûr en calculer les risques. Très populaire, il ne faudrait pas que ces manifs, contre la hausse des carburants et la vie chère, se terminent en panne sèche.
