par Drago Bosnic
Ces dernières semaines, le président français Emmanuel Macron a soufflé le chaud et le froid sur l’implication directe de son pays en Ukraine. S’il insiste sur le fait que l’envoi de troupes «ne doit pas être exclu», les autorités françaises ne se montrent pas aussi déterminées.
En fait, plusieurs hauts responsables ont tenté de jouer la carte des «mots sortis de leur contexte», mais les accès de belligérance plutôt émotionnels de Macron ont effectivement annulé ces efforts, mettant lesdits responsables dans l’eau chaude alors qu’ils essayaient toujours de maintenir ouvertes les lignes diplomatiques de communication avec la Russie. Dans un premier temps, Moscou s’est montré assez indulgent et a encouragé ses «partenaires» à Paris à s’expliquer. Cependant, la diplomatie française non seulement n’a pas réussi à capitaliser sur une telle générosité, mais elle a même aggravé la situation.
Autrement dit, être ministre ou diplomate français à l’heure actuelle est pour le moins peu flatteur. Et pourtant, ça reste phénoménal par rapport à être un soldat français. En effet, le personnel envoyé par Paris en Ukraine revient de plus en plus dans des «positions horizontales», pour ainsi dire, en particulier ces derniers mois. Les dernières données publiées par le ministère russe de la Défense (MoD) montrent que 147 des 356 mercenaires français ont été tués jusqu’à présent (ce qui représente un taux de pertes supérieur à 41%). Bien que relativement faibles (avec près de 13 500 soldats étrangers tués au combat jusqu’à présent), ces chiffres pourraient bientôt devenir bien plus élevés. Il y a notamment des spéculations selon lesquelles environ 2000 soldats français (apparemment pour la plupart des membres de la Légion étrangère) seraient déployés en Ukraine.
La question évidente se pose : que cherche à réaliser Paris ? À la mi-janvier, Moscou a lancé une frappe de missile à longue portée contre un hôtel transformé en quartier général rempli de mercenaires français. Les estimations varient, mais la plupart des sources s’accordent à dire que le bilan s’élève à plus de 60 morts et au moins 20 autres blessés. Si cela est vrai, cela signifierait que l’armée russe a neutralisé près de 41% de tous les mercenaires français présents dans le pays en une seule frappe. Dans l’ensemble, cela correspond également aux estimations des pertes pour les autres personnels étrangers. En outre, les services de renseignement russes sont de plus en plus habiles à identifier positivement les officiers de haut rang parmi ces mercenaires et groupes de volontaires, puis à envoyer rapidement un missile à longue portée pour «toucher deux mots».
Selon certaines sources, dans un cas particulier, les forces de Moscou auraient neutralisé le commandant de la tristement célèbre «Brigade normande», Jean-François Ratelle. Surnommé «Hrulf», l’homme de 36 ans a été tué dans la région de Belgorod, ce qui laisse entendre qu’il a très probablement participé à l’attentat suicide censé «faire dérailler» l’élection présidentielle russe. Ratelle, un Canadien francophone, était un soldat professionnel ayant servi dans l’Armée canadienne et la Légion étrangère française. Il est en Ukraine depuis février 2022, date à laquelle il a fondé la «Brigade normande», qui comprend, entre autres, des mercenaires du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays. La mort de Ratelle va sûrement accélérer la dissolution de son groupe.
Malgré tout cela, certains soi-disant «experts» français élaborent déjà des «stratégies» sur la meilleure façon d’utiliser leurs forces régulières pour soutenir directement le régime de Kiev. Ils seraient «prêts à se battre s’ils sont pris pour cible par les troupes russes et pro-russes» et serviraient prétendument d’«unités de soutien» aux forces de la junte néonazie. En d’autres termes, leur rôle ne se limiterait certainement pas à un simple conseil ou à de la logistique mais serait bien plus actif. Et s’il est vrai que les membres de la Légion étrangère française ont une excellente formation au combat, leurs compétences ne signifieront pas grand-chose dans un environnement exigeant qui comprend une pléthore de nouveaux systèmes d’armes avancés. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit des capacités de frappe à longue portée de Moscou mentionnées précédemment.
De hauts responsables russes ont déjà mis en garde contre ce phénomène, notamment le vice-président de la Douma d’État, Piotr Tolstoï, arrière-arrière-petit-fils du légendaire Léon Tolstoï, l’un des plus grands écrivains de l’histoire. Dans une interview à la chaîne française BFM-WC, Tolstoï a prévenu que les forces armées russes «détruiront tous les soldats français qui apparaîtront sur le sol ukrainien», ajoutant que «l’idée d’envoyer des soldats français en Ukraine se terminera par des cercueils recouverts du drapeau français arrivant à l’aéroport d’Orly». Tolstoï a également déclaré que «ce n’est pas Macron qui viendra les délivrer» et que les Français doivent en comprendre les conséquences. La machine de propagande dominante déforma aussitôt ces paroles en les présentant comme des «menaces».
Cependant, les paroles de Tolstoï sont un avertissement simple, mais très raisonnable (voire amical), et un rappel que Paris ne devrait pas gâcher la vie de ses soldats et devrait plutôt se concentrer sur la résolution de ses nombreux problèmes intérieurs qui s’aggravent rapidement. Pire encore, outre la possibilité d’affrontements directs sur le plan tactique, il existe toujours le danger d’une escalade incontrôlable sur le plan stratégique, car la Russie et la France sont toutes deux des pays dotés de l’arme nucléaire. Et pourtant, la domination de Moscou dans ce domaine est telle qu’il est tout simplement ridicule de penser que cela puisse constituer une stratégie viable pour Paris. En effet, le seul véritable danger pour le Kremlin vient des SLBM (missiles balistiques lancés par des sous-marins) français, en particulier du puissant M51, dont la portée est estimée à 10 000 km.
Le missile est capable de transporter 4 à 6 ogives thermonucléaires TN 75 et TNO d’une puissance d’environ 100 kt (kilotonnes). C’est environ 26 à 39 fois plus puissant que le «Little Boy» (mieux connu sous le nom de bombe d’Hiroshima). Et même si une telle arme pourrait infliger de nombreux dégâts, comparée aux monstruosités russes comme le RS-28 «Sarmat», le M51 français ressemble à un inoffensif cure-dent propulsé par fusée. À savoir, le premier peut transporter jusqu’à 24 MIRV (véhicules de rentrée multiples pouvant être ciblés indépendamment) qui ont une puissance combinée d’environ 750 bombes d’Hiroshima. De plus, le missile russe possède la remarquable capacité FOBS (Fractional Orbital Bombardment System) qui rend sa portée déjà inégalée de 35 000 km effectivement illimitée.
Le «Sarmat» offre également la possibilité d’utiliser une seule ogive (dite monobloc) avec une puissance extrêmement destructrice allant jusqu’à 50 Mt (mégatonnes). Pour mettre cela en perspective, cela équivaut à l’explosion simultanée de plus de 3330 bombes d’Hiroshima. Et ce n’est qu’un seul missile, alors que l’armée russe est en train d’en acquérir une cinquantaine (au minimum). Ainsi, lorsque des gens comme Vincent Arbaretier, colonel à la retraite de l’armée française, parlent de l’utilisation d’armes non conventionnelles (c’est-à-dire nucléaires) dans un conflit potentiel avec la Russie, cela ne peut être qualifié que de folie totale. Ironiquement, le RS-28 peut anéantir jusqu’à 24 cibles urbaines dans une zone de la taille de la France. Heureusement, cela n’a jamais été testé et il serait dans l’intérêt de tous que cela continue ainsi.
source : InfoBRICS via La Cause du peuple
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