La bipolarisation (LREM/RN) du paysage politique français serait néfaste et dangereuse pour la République et la Nation
Médias, Bipolarisation et Opinion publique
La bipolarisation est dans toutes les bouches. Les médias, tous les chroniqueurs, les responsables politiques dans leur immense majorité nous prédisent tous un second tour de la présidentielle 2022 qui opposerait Madame Marine Le Pen, Présidente du Rassemblement National, au Président sortant, Monsieur Emmanuel Macron.
C’est peut-être aller un peu vite en besogne, sachant qu’en politique rien n’est écrit d’avance. Ce scénario servirait sans doute les intérêts des deux protagonistes mais ne serait sûrement pas une solution salutaire pour le pays. Il existe une droite républicaine en recomposition, comme il existe une gauche traditionnelle qui peut encore se réveiller.
La tentation du pouvoir de la LREM est grande
L’idée consistant à croire — en un duel entre un candidat républicain et un candidat issu du Rassemblement National — que les électeurs rejetteraient fatalement l’extrême droite (RN) est une erreur pouvant être lourde de conséquences. La tentation du pouvoir actuel de jouer sur une bipolarisation LREM/RN est grande. Mais ce serait jouer avec le feu.
En effet, rien ne garantit aujourd’hui, au vu du rejet de la politique conduite actuellement, que les électeurs iraient forcément vers la candidate (déjà déclarée) du RN. Lorsque de nombreux citoyens n’ont plus confiance en leurs élites et que de surcroît ils se paupérisent toujours davantage, c’est le désespoir qui l’emporte. Et un homme désespéré est prêt à tout.
Les dangers d’une bipolarisation programmée
Actuellement, du fait de la révolte des Gilets jaunes, le Président Macron peine à mettre en oeuvre les réformes phares — dont celle des retraites — qu’il avait développées dans son programme présidentiel. Il est saisi d’une peur et, en tout état de cause, d’un énorme doute paralysant. Revoir les Gilets jaunes revenir au devant de la scène est une hantise permanente et serait un véritable cauchemar pour le Président et l’exécutif.
L’actuel pouvoir gouverne en marchant sur des œufs. La moindre étincelle, due à une décision qui serait trop impopulaire, et l’incendie reprendrait immédiatement. Dans ces conditions, imaginons, dans la projection d’une bipolarisation avérée, que le Président actuel passe au second tour (ce qui n’est en rien garanti) avec un résultat de 52 % contre 48 %, voire 51 contre 49. Dans quelles conditions s’exercerait le pouvoir avec une extrême droite dans le pays à un tel score ? Le pouvoir serait paralysé et nous verrions fleurir les manifestations comme muguet au mois de mai.
C’est donc un très mauvais calcul que de jouer sur cette dualité LREM/RN. Les dangers sont immenses. Etant donné la fragilité de la cohésion sociale, l’état de la fracture et de l’émiettement de la société, il serait irresponsable de jouer avec cette stratégie machiavélique. Le pays s’enfoncerait durablement dans la division, la haine, et ce serait le chaos politique assuré.
Rappelons que le Président François Mitterrand s’était servi du Front National (devenu le RN) pour diviser la droite et se maintenir ainsi au pouvoir. Le défunt Président n’avait pas mesuré les conséquences de cette politique hasardeuse et dangereuse pour une démocratie, puisque depuis l’extrême droite s’est enracinée dans le paysage politique français.
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