La toupie algérienne à lancer avec une ficelle me rappelle une partie de mon enfance passée en Algérie
Grand-mère revenait du souk de Nédroma
La toupie à ficelle de mon enfance était omniprésente dans mon enfance. J’allais m’asseoir à l’ombre d’un olivier, parfois d’un figuier, puis je patientais sagement. Je scrutais l’horizon, balayant de mes yeux d’enfant les perspectives lointaines.
Et qu’elle n’était pas ma joie lorsque je voyais apparaître, après une longue attente, la silhouette d’une femme montée sur un âne. Lentement, la silhouette s’approchait, au rythme des pas d’un baudet harassé par une chaleur étouffante.
C’était grand-mère qui revenait du souk quotidien de Nédroma, comme tous les jeudis. Elle savait que je l’attendais, toujours assis au même endroit. Les yeux malicieux, le cœur joyeux, j’accourais vers elle. Elle déployait grand ses bras, m’accueillait et m’étreignait.
Puis, arrivait le grand moment que j’espérais tant ; en petit garnement futé, j’étais évidemment très intéressé. Elle plongeait alors une main dans l’une des sacoches harnachant l’animal et suspendues à ses côtés. Comme par magie, elle en sortait un présent.
Et ce jour-là, j’eus beaucoup de chance. Grand-mère avait dû, en effet, gagner un peu plus d’argent qu’à l’habitude en vendant des amandes, quelques lapins, de l’huile d’olive fabriquée de ses propres mains. J’eus en effet droit à une magnifique toupie à lancer.
Immédiatement, j’enroulai la ficelle autour de la toupie colorée d’un jaune vif et avec grande dextérité je la lançai. Celle-ci tournait à une vitesse telle que cela produisait de légers sifflements audibles.
Grand-mère était satisfaite, joyeuse de voir que j’appréciai son cadeau. Je crânais devant elle, affichant une grande adresse à lancer la toupie ; en l’absence de père, j’étais, en effet, l’homme de la maison.
Généreuse, grand-mère m’offrit, en prime, une friandise : une « Zlabia » (gâteau imbibé de miel). Décidément, ce jeudi-là fut un jour béni ; un jour dont on se souvient pour le restant de sa vie.
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