
Le voile est devenu en France le sujet numéro un, celui qui inquiète toute une société. Du coup, tous les autres problèmes sociaux sont écartés
Le voile : un instrument de tous les extrêmes
Le voile islamique est interdit dans les écoles du premier et second degré (primaire, collège, lycée). Les mères accompagnant des enfants en sortie ne sont pas concernées ; la circulaire du ministère de l’Éducation nationale précise : elles « n’exercent pas une mission de service public, mais apportent juste une aide logistique ». Toutefois, si elles interviennent à l’intérieur des écoles, elles sont soumises aux mêmes obligations.
Mais, contrairement aux effets escomptés par cette loi, c’est-à-dire un abandon, le voile n’a jamais été autant porté par les femmes. D’aucuns diront que beaucoup le portent sous la contrainte. Non, répondent les autres, c’est purement un acte de foi. De plus, des écoles « musulmanes ou coraniques » ont depuis vu le jour un peu partout. Un risque dénoncé lors des débats publics.
En France, les extrêmes existent depuis toujours. Elles dorment, sommeillent, et reviennent sur le devant dès que l’occasion se présente. Ces derniers temps, elles atteignent leur apogée. Le Rassemblement national en a même fait son étendard. Un député (M. Julien Odoul) issu de ce mouvement sectaire a, en plein conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, demandé à la Présidente du conseil d’ordonner à une maman accompagnatrice d’ôter son voile.
Je prends deux exemples précis pour illustrer mon constat sur les extrémismes qui règnent en France, pays réputé pour être une terre de liberté. Si vous critiquez la politique de l’État d’Israël — ou même une personne de confession juive —, immédiatement, vous êtes traité d’antisémite. De même, être simplement un musulman pratiquant et défendre les femmes voilées par solidarité religieuse peut conduire à être traité d’islamiste, voire de terroriste.
Le voile et le principe de laïcité
Le premier alinéa de l’article 1ᵉʳ de la Constitution de 1958 prévoit que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances (…) ».
La loi de 1905 prévoit la séparation de l’État et des Églises. L’État demeure neutre en matière de religion et garantit la liberté de conscience (croire ou ne pas croire) à tous. La République ignore et ne finance aucun culte. Croyant et non-croyant sont traités à égalité devant la loi. La religion est strictement reléguée dans l’espace privé. C’est le libre exercice des cultes.
« Le principe de laïcité impose notamment le respect de toutes les croyances, l’égalité de tous les citoyens devant la loi sans distinction de religion et que la République garantisse le libre exercice des cultes » (décision nᵒ 2012-297 QPC du 21 février 2013). » – Conseil constitutionnel.
Pour éviter que les signes religieux ostentatoires n’envahissent les lieux publics, la loi de 2004 — loi dite du voile islamique — interdit donc le port du voile, de la kippa, d’une croix dans le milieu scolaire. Cette loi a été étendue aux services publics. Le voile est autorisé à l’université. Aucune loi n’interdit les signes religieux dans l’espace public, hormis le voile intégral. Le visage doit en effet être visible.
Jamais il n’y a eu autant de discrimination et de stigmatisation envers une population identifiée sur le seul fait religieux qu’en ces temps où les extrêmes semblent vouloir prendre les rênes de la République avec l’assentiment d’une majorité de citoyens.
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