La retraite est synonyme d’une fuite du milieu socioprofessionnel. En France la gestion des personnels consiste en une rude mise en concurrence qui finit par créer des dégâts sur le plan humain
Une réforme des retraites rejetée par les Français
Retraite. Décidément, toute réforme des retraites fait débat dans le pays et est toujours aussi impopulaire auprès des Français. On peut comprendre cette crispation dans la mesure où la retraite est une période cruciale pour tout salarié, celle d’un passage du monde actif contraignant, oppressif et astreignant, vers celui de la mise en retraite, une période supposée être celle de liberté et de repos.
Pourtant, il faut se méfier des pièges. L’homme a besoin de rester actif pour ne pas mourir à petit feu. Habitué à des activés rythmées et répétitives durant plus de 40 ans, l’être humain peut se retrouver, du jour au lendemain, en manque de repères, faisant face à un vide qu’il pourrait ne pas parvenir à combler. Et beaucoup finissent par chuter dans le précipice en quelques années.
Partir en retraite c’est se mettre en « retrait » de la société
Dans le mot retraite, il y a le vocable « retrait » ; un terme qui est pour le moins péjoratif. Cela sous-entend « se mettre en retrait ». Les salariés n’ont qu’une hâte c’est de partir en retraite parce qu’ils sont usés, fatigués, lassés des conditions de travail, que ce soit sur le plan physique ou moral (psychologique).
Majoritairement, les salariés français se sentent dévalorisés, déconsidérés et mésestimés dans leur « boite ». Combien de fois nous avons entendu cette phrase sous forme de plainte : « On nous presse comme des citrons et quand il n’y a plus rien, on nous jette. » C’est brutal mais clair quant au mal-être ressenti dans son milieu socioprofessionnel. A l’heure du jetable… on sait aussi jeter les êtres humains.
Les personnels sont mis en compétition
La rude mise en concurrence du personnel dans l’entreprise, très spécifique à la société française, ajoute du stress, de l’angoisse, de l’anxiété et crée des tensions, voire de sévères dépressions. A la longue, cela devient fatigant et dès lors on n’a plus qu’une idée en tête, c’est de partir le plus tôt possible, comme si on fuyait un bagne, des travaux forcés, un milieu devenu hostile.
Aussi, la réaction du public à cette nouvelle réforme, qui prévoit un recul de l’âge de départ légal actuel de 62 ans à 64 ans (ce qui n’est pas rien), est radicale et épidermique. Le refus est catégorique, signifiant une fin de non-recevoir, un rejet absolu et sans aucune discussion possible.
On peut travailler longtemps à condition d’aimer ce que l’on fait et d’en être valorisé et gratifié. Ce n’est pas forcément l’âge de départ qui pose problème. Les conditions de travail dans lesquelles les salariés français évoluent actuellement, qui se dégradent d’année en année, sont les causes essentielles d’un départ vivement souhaité et anticipé si possible.
En France on ne sait pas gérer les personnels comme il se doit
Si l’on ajoute à tout cela la « pénibilité » journalière liée à l’usage des transports en commun, qui se transforme en véritable parcours du combattant — exemple : les lignes du RER A et B —, l’on comprend aisément l’envie de tous les salariés de quitter le monde du travail sans tarder.
Car les DRH (ressources humaines) n’ont toujours pas compris, en France, que pour tirer le meilleur des salariés et les garder le plus longtemps possible, c’est de créer toutes les conditions qui permettent un bien-être. Les américains GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) et Microsoft l’ont bien compris. Leur domination dans le marché mondial du numérique n’est pas due au hasard. Plus on aime ce que l’on fait et moins on a envie de partir.
Touhami – INFOSPLUS