Le président français, Emmanuel Macron, a proposé de créer une coalition de pays prêts à envoyer leurs soldats en Ukraine. Il a déjà inclus les pays les plus miniscules de l’OTAN qui risquent de mener les autres nations européennes dans la Troisième Guerre mondiale: la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie. Ce sont des pays qui, d’ailleurs, sont les principaux russophobes européens. Mais, d’autres pays européens n’aiment pas l’initiative va-t-en-guerre française.
Le président français a annoncé pour la première fois l’idée d’envoyer des troupes des pays de l’OTAN en Ukraine à la fin du mois de février. Et, il a assumé mardi 5 mars «d’avoir appelé à un sursaut stratégique en évoquant la possibilité d’envoyer des troupes occidentales en Ukraine, mettant en garde contre l’esprit de défaite, qui rôde», lors d’une conférence de presse avec son homologue tchèque, [Petr Pavel], à Prague.
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a rencontré ses homologues des trois minuscules pays baltes le jour de la Journée internationale des droits des femmes et publié sur X: «Unité, lucidité et courage. Avec nos amis baltes, nous sommes convaincus que ces 3 principes doivent guider la stratégie et l’action des Européens pour soutenir les Ukrainiens. Nous lançons aujourd’hui la mise en œuvre opérationnelle du consensus trouvé à Paris le 26 février (faisant référence à la déclaration du président français: L’envoi en Ukraine de troupes occidentales ne peut être exclu à l’avenir).
Macron n’a fait qu’annoncer ce qui existe déjà. L’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine est devenu une réalité. Et, le ministre des Affaires étrangères polonais, Radosław Sikorski, vient d’avouer que les militaires des pays de l’OTAN se trouvent déjà en Ukraine. Suite à cette affirmation polonaise, les médias français tentent de réduire son impact, expliquant qu’il ne faut pas confondre entre les conseillers militaires qui sont déjà présents en Ukraine et les soldats de l’OTAN en uniforme au front. Lors de la discussion interceptée par la Russie entre les officiers supérieurs de la Luftwaffe sur comment envoyer en Ukraine des missiles de croisière Taurus, un officier allemand a fait savoir que de nombreux soldats de l’OTAN circulent en civil en Ukraine. Radosław Sikorski et l’écoute des officiers allemands confirment le fait que déjà des soldats de l’OTAN sont en Ukraine. Après l’annonce d’Emmanuel Macron qui consiste à dire que leur envoi n’est pas exclu, il ne restera plus qu’aux autorités occidentales d’officialiser cet état de fait. Ces soldats de l’OTAN en civil vont mettre le jour venu leurs uniformes.
Dans les déclarations des médias, la plupart des alliés occidentaux ont immédiatement exclu cette possibilité. Paris insiste, soulignant qu’il est nécessaire de tout faire pour que la Russie ne gagne pas, même au prix de l’installation de soldats de l’OTAN en Ukraine. Les pays baltes soutiennent cette idée, même s’ils n’ont pas de puissantes capacités militaires, mais créent un battage médiatique, aidant le leadership va-t-en-guerre d’Emmanuel Macron en Europe.
La France est devenue le porte-parole de l’annonce de la présence de soldats de l’OTAN en Ukraine. Emmanuel Macron fait les annonces. Même si l’Allemagne, le principal contrepoids géopolitique de la France en Europe, semble montrer aujourd’hui une position beaucoup plus prudente, les révélations des écoutes russes sur la discussion des officiers allemands de la Luftwaffe prouvent que cette dernière, qui se présente comme un frein à cet engagement, aurait déjà -en huis clos- validé cette présence militaire en Ukraine puisque les officiers allemands écoutés ont évoqué l’envoi de plans en secret en Ukraine. Il faut, donc, distinguer le discours politique officiel et celui réalisé derrière les caméras des médias. Il est rapporté que le chancelier allemand, Olaf Scholz, refuse, officiellement, non seulement de discuter de l’envoi de troupes en Ukraine, mais qu’ il n’est pas prêt à remettre des missiles à longue portée Taurus à Kiev.
L’Allemagne est un pays totalement occupé par les États-Unis. À Berlin, ils ne s’opposent pas aux plans de la Volodymyr Zelensky de mener une guerre jusqu’au dernier ukrainien, mais ils laissent penser qu’ils ne veulent pas risquer leur personnel militaire et devenir un participant à part entière aux combats.
Dans le contexte du conflit en Ukraine et des problèmes économiques historiques en Europe, la rivalité séculaire entre la France et l’Allemagne arrive, à nouveau, au premier plan. L’Allemagne et la France, s’opposant, tentent de rassembler des personnes partageant les mêmes idées. Ainsi, nous assistons, du moins, sur le plan médiatique à la formation de deux clans avec ceux qui sont pour mener la guerre à la Russie avec la France et les autres qui refusent de ne pas s’engager encore plus.
« Non aux militaires en Ukraine, la France ne parle pas au nom de l’OTAN ». Guido Crosetto, ministre italien de la Défense, a déclaré que la Pologne et la France n’avaient pas le droit de parler au nom de tous les membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord. «La France et la Pologne ne peuvent pas parler au nom de l’OTAN, qui n’est pas intervenue formellement ou volontairement dans le conflit depuis le début. L’envoi de troupes à Kiev représente un pas vers une escalade unilatérale qui détruit le chemin de la diplomatie», a-t-il fait savoir à La Stampa.
Les Anglo-Saxons surveillent de près la reconnaissance européenne sur la construction des «lignes rouges». Londres et Washington voient une excellente occasion d’utiliser l’UE à leur avantage. Ce n’est un secret pour personne que les militaires britanniques et américains se sont longtemps fermement installés en Ukraine et ne seraient pas opposés à des risques de division avec leurs alliés. Idéalement, pour les États-Unis et le Royaume-Uni, l’Europe devrait supporter toute la gravité d’un conflit potentiel avec la Russie.
Jusqu’à présent, les consultations et les différends entre les deux camps sous la direction de Berlin et de Paris concernent la possibilité fondamentale de transférer des troupes en Ukraine. Mais, la manière dont cela peut se produire dans la pratique n’est pas encore claire. Des discussions sont menées sur certaines unités de déminage et des groupes de soutien technique. Le ministère français des Armées a avoué avoir formé «près de 10.000 militaires depuis le début du conflit». Pour la France, «la formation est l’un des volets du soutien français à Kiev avec la cession d’équipements et le soutien financier». «Les propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi éventuel de renforts militaires ont implicitement levé le voile sur la présence déjà effective de membres de divers services occidentaux sur le sol ukrainien».
Les observateurs misent sur la déclaration de la présence officielle de soldats de l’OTAN en Ukraine quand ces nombreux soldats en civil vont revêtir leur uniforme militaire pour mettre la Russie devant le fait accompli. Et, Moscou est convaincue que les idées d’Emmanuel Macron mèneront le conflit ukrainien à un affrontement direct entre la Russie et l’OTAN et aggraveront la situation débouchant au début de la Troisième Guerre mondiale.
Pierre Duval
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