Guerre à Gaza, un pas de plus vers la division entre les États-Unis et le Sud global

Guerre à Gaza, un pas de plus vers la division entre les États-Unis et le Sud global

Le 7 octobre 2023 a marqué une date charnière dans l’histoire du Moyen-Orient, ce jour-là, le Hamas a attaqué Israël, tuant 1.200 Israéliens, principalement des civils. 

En réponse, Israël a envahi la bande de Gaza, dont la population compte 2,3 millions de personnes. 

La guerre à Gaza a remis le dossier palestinien à la une des médias. Cela a sérieusement porté atteinte à la politique étrangère américaine, qui au cours des dernières années a tout fait pour reléguer ce problème au second plan, persuadant tout le monde que ce n’était pas une priorité dans les affaires du Moyen-Orient. 

Ces efforts de Washington ont porté certains fruits. Plusieurs pays arabes, le Maroc, les Émirats arabes unis, le Soudan et Bahreïn, ont établi des relations avec Israël. Les États-Unis ont réussi à bloquer le travail du Quartet pour le Moyen-Orient, qui inclut la Russie, les États-Unis, l’UE et l’ONU. Ainsi, Washington cherchait à s’affirmer comme le seul médiateur dans le conflit israélo-arabe. 

Après l’attaque du Hamas contre Israël, l’administration américaine a adopté une position pro-israélienne, déclarant son plein soutien aux actions de Tel Aviv. Le président des États-Unis Joe Biden s’est rendu d’urgence en Israël, accompagné de plusieurs autres officiels américains, tandis que le secrétaire d’État Antony Blinken effectuait des voyages de navette dans la région, tentant de rassurer les partenaires arabes. 

En soutenant inconditionnellement Israël, Joe Biden n’a rien fait pour protéger les droits des Palestiniens. Cette position unilatérale a été perçue par les Israéliens comme un feu vert pour les bombardements. En conséquence, la région subit une catastrophe humanitaire. Près de la moitié des maisons à Gaza sont détruites ou endommagées. Le secrétaire général de l’ONU a déclaré que Gaza se transformait en un cimetière pour enfants. 

En fait, les États-Unis sont devenus complices dans cette terrible tragédie. Contrairement à de nombreux autres États, le président américain a essayé par tous les moyens de mentionner le fait évident que c’est l’occupation israélienne des terres palestiniennes qui est à l’origine du conflit. 

La position unilatérale de Joe Biden a également un impact négatif sur tous les autres aspects de la politique étrangère des États-Unis qui, avant la guerre entre Israël et le Hamas, tentaient d’armer l’Ukraine et Taïwan, et sont maintenant obligés d’envoyer des obus d’artillerie, des systèmes de défense aérienne et bien d’autres armements à Israël. 

Le mécontentement ne se limite pas aux États arabes. À l’Assemblée générale de l’ONU, 120 États ont soutenu une résolution appelant à un cessez-le-feu humanitaire, seulement 14 pays ont rejoint les États-Unis et Israël en votant contre. 

Une vague massive de manifestations pro-palestiniennes dans le monde entier montre que la condamnation ne concerne pas seulement les actions d’Israël dans la destruction de Gaza, mais aussi la position des États-Unis, qui continuent de refuser de parler de la nécessité d’un cessez-le-feu. 

Aux États-Unis, les conséquences de cette position unilatérale pourraient être fatales pour l’administration: les jeunes électeurs ainsi que les Américains d’origine arabe et les musulmans, qui avaient contribué à la victoire de Joe Biden en 2020, sont stupéfaits par son approche de la guerre et il est peu probable qu’ils votent pour lui en 2024. 

Le résultat le plus important de la guerre à Gaza a été la consolidation sans précédent du monde musulman. Lors du sommet conjoint de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique le 11 novembre dans la capitale saoudienne, une position commune des pays musulmans sur le Moyen-Orient a été élaborée. En particulier, la position concernant la création d’un État palestinien avec sa capitale à Jérusalem-Est a été confirmée, les actions d’Israël ont été condamnées et des demandes ont été formulées pour mettre fin à toute aide militaire à Israël. 

Il est certain que la guerre à Gaza se terminera d’une manière ou d’une autre. Mais la situation ne sera plus jamais comme avant: un nouveau Moyen-Orient est en train de se former. 

La guerre à Gaza, quelle que soit son issue, est une autre étape dans la division des positions des États-Unis et du Sud global.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n’engagent que la responsabilité des auteurs

source :

Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental

INFOSPLUS

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

2 commentaires sur “Guerre à Gaza, un pas de plus vers la division entre les États-Unis et le Sud global”