Les Yéménites ont bouleversé l’échiquier occidentalo-sioniste en introduisant des propositions sensées et judicieuses de telle façon qu’ils ont obligé les Anglo-Saxons à répondre par l’incohérence et l’absurdité, mettant ainsi à nu leur cynisme. Que peuvent-ils opposer comme contre-argument à ceux qui prônent la justice et l’arrêt d’un génocide ? Beaucoup d’analystes y voient les prémisses d’une déchéance occidentale.
Génocide – Le Yémen : un petit pays, une grande humanité. On s’étonne qu’un petit pays défie la puissance US en devenant un véritable casse-tête. Ce n’est pas nouveau au regard de leurs échecs passés contre des pays dits «faibles». C’est devenu presque une règle: plus on est fort technologiquement, militairement – mais atteint du syndrome d’Hubris – plus on perd le sens de la mesure, plus on est vulnérable face à un adversaire, qui n’a pas ces atouts, mais répond par des tactiques décisives jusqu’à vous épuiser! Quelques actions vigoureuses du faible peuvent mettre le puissant dans une humeur d’échec affligeante. «Quand la force occupe le chemin, le faible entre dans la brousse avec son bon droit» (proverbe africain). Pour Pierre Perret, «on a souvent besoin d’un plus petit que soi… pour lui casser la gueule».
Même «l’alliance» composée de supposés 10 membres (dont le Bahreïn) pilotée par les États-Unis ne sera pas d’un grand secours, car elle vise à impliquer des pays dans un engrenage belliqueux, qui profite exclusivement à cette entité sioniste et aux USA. Cette «coalition» est clairement une tromperie et non une coopération se limitant aux «patrouilles et renseignements» pour «sauvegarder le commerce maritime international»; manœuvre parfaitement saisie par les sept autres pays occidentaux. Le monde sait parfaitement que la plupart des navires passent librement, sauf ceux venant en aide aux sionistes! Il sait aussi que les actions yéménites sont raisonnables puisqu’ils défendent le droit des opprimés!
Seuls les USA et le Royaume-Uni, en leur qualité de «représentants de la communauté internationale» ont pris l’initiative d’attaquer le Yémen pour satisfaire le régime israélien, en plus du soutien militaire au milieu du génocide à Gaza, sans avoir été provoqués, pour le contraindre d’arrêter ses actions en mer rouge contre les intérêts israéliens.
Les Houthis ont prévenu, maintes fois, qu’ils vont riposter à toute attaque sur leur territoire en visant tous les navires de guerre ennemis par l’utilisation des missiles balistiques. Mais à qui parle-t-on?
Ces attaques décidées unilatéralement pour venir en aide à une entité colonialiste, raciste et génocidaire, sont une offense, un pied de nez, un doigt d’honneur à la morale, au droit et au reste des peoples.
Le Yémen fait partie de l’axe vers lequel convergence le commerce international venant de Chine, de l’Inde, de Russie, de l’Iran et autres. Même les câbles Internet mondiaux qui traversent le détroit de Bab al-Mandab sont à leur portée.
Réactions Houthis. Les conséquences sont annoncées, par le vice-ministre des Affaires étrangères, Hussein al-Ezzi, ainsi: «Washington et Londres doivent se préparer à payer un lourd tribut. Notre pays a subi des frappes aériennes, navales et sous-marines sournoises et massives. Il ne fait aucun doute que ces attaques leur coûteront cher», tout en insistant qu’il s’agit d’une «coalition américano-britannique» strictement.
La riposte commence déjà si l’on se fie aux déclarations des responsables yéménites qui ne cessent pourtant de rappeler et de prouver que leurs actions ne visent que les navires à destination de leurs ports afin de leur infliger des pertes suffisamment sérieuses pour les dissuader à poursuivre le génocide et le blocus en nourriture et médicaments à Gaza.
Le numéro un d’Ansarullah a expliqué que la position yéménite consistant à empêcher le passage des navires se dirigeant vers la Palestine occupée est «une position efficace et a infligé de grandes pertes à l’économie de l’ennemi», rassurant toutefois les autres navires en disant: «Il n’y a aucun problème pour ces navires, car ceux qui sont visés sont les navires exclusivement associés à Israël».
Mohammed Abdel-Salam, porte-parole des Houthis, a réagi ainsi: «La coalition formée par les États-Unis vise à protéger Israël et à militariser la mer sans aucune justification… Nos opérations visent à soutenir le peuple palestinien face à l’agression israélienne… et ne constituent pas une démonstration de force… Comme l’Amérique s’est autorisée à soutenir Israël… nous avons également le droit de soutenir la Palestine. Quiconque cherche à étendre le conflit doit assumer les conséquences de ses actes».
Mohammed al-Bakhiti, membre du Bureau politique du mouvement yéménite a déclaré que les États-Unis et la Grande-Bretagne «ont commis une erreur en faisant la guerre au Yémen et n’ont pas profité de leurs expériences antérieures… ils se rendront bientôt compte qu’une agression directe… est la plus grande folie de leur histoire».
Réactions arabes et autres. Les réactions arabes et dans le monde sont unanimes pour condamner rigoureusement les bombardements illégaux anglo-américains qui ne répondent à aucune légitimité: sans être agressés, sans mandat de l’ONU, contre un Yémen qui défend un droit reconnu par les lois internationales, en conformité avec la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide!
L’Arabie saoudite, pays pivot, n’est pas intéressée par cette «coalition» qui peut l’entraîner dans un conflit dont les intérêts ne sont pas les siens! Elle connaît bien les effets d’une guerre avec le Yémen pour l’avoir expérimentée. C’était cette ingérence qui était à l’origine de l’enfer yéménite et syrien! Les choses ont bien changé depuis en Arabie Saoudite de façon d’ailleurs radicale et les manigances actuelles des américano-sionistes, pour en faire à nouveau un proxy, sont un échec. En plus, ce royaume est en passe de devenir avec l’Iran (tous deux réconciliés par la Chine) une force qui compte dans le bloc BRICS+. Il reste ce chantage anglo-saxon, comme épée Damoclès, que les monarchies du Golfe doivent surmonter pour ne pas voir leurs avoirs en dollars confisqués; meilleur moyen d’accélérer la dédollarisation.
Les autres États arabes n’ont pas rejoint cette coalition, car cela serait perçu par leur peuple comme un soutien au génocide qui peut être source de déstabilisation. Ils condamnent ce couple agresseur et Israël tout en observant leur entrée dans les engrenages en laissant les divers groupes de résistants insaisissables les harceler. Pourquoi chercher à affronter inutilement un ennemi quand on le voit déjà s’enliser lui-même dans un conflit qu’il ne maîtrise pas. Si la situation perdure, il est fort possible que les pays arabo-musulmans prennent les mesures dissuasives qui donnent matière à réfléchir. Il suffit d’une annonce d’embargo sur l’énergie pour voir les esprits moribonds s’apaiser.
Le colonel Corvez – un ancien conseiller du Général commandant la Force des Nations unies au Liban (Finul), ancien conseiller en relations internationales, actuellement conseiller en stratégie internationale – voit dans ce qui se déroule en Palestine carrément «le début de la fin d’Israël».
Les Russes perçoivent la déchéance des Atlantistes. Ils connaissent le jeu trouble des USA, du Royaume-Uni et d’Israël. Ils ne semblent pas pressés de voir la guerre en Ukraine s’arrêter en observant une autre plus délicate au Moyen-Orient. Leurs deux guerres se font à crédit avec une dette brute, américaine, de plus de 34.000 milliards de dollars et 2000 milliards qui s’ajoutent chaque année. L’estocade a été donnée par le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, qui a confirmé, le 1er novembre, qu’Israël n’a «aucun droit à l’autodéfense en tant qu’État d’occupation… aujourd’hui, en voyant la destruction horrifiante à Gaza, qui dépasse de loin tout ce qu’ils critiquent dans d’autres contextes régionaux – les frappes contre des installations civiles, la mort de milliers d’enfants et la souffrance épouvantable des civils au milieu d’un blocus total – ils gardent le silence…»
Conteneurs plus importants que les massacres. Alors qu’une douzaine de compagnies maritimes ont suspendu leurs opérations en mer Rouge, que les Américains et les Anglais considèrent la protection des conteneurs plus importante que les massacres des Palestiniens, avec cette agression, tous les bateaux des deux agresseurs sont déclarés officiellement cibles des Houthis. Une agression annoncée, avec culot, comme n’étant pas une volonté d’étendre le conflit, alors qu’ils sont partie prenante aux côtés d’Israël, sachant l’impossibilité d’une victoire d’Israël quels que soient les moyens et la durée. Ils ne voient jamais leur chance de regagner la confiance des Etats autrement que militairement. Au Moyen-Orient, ils leurs faudra se battre «jusqu’au dernier Israélien» (9 millions) ou bien «jusqu’au dernier arabe du Moyen-Orient» (plus de 300 millions).
1% de la population de Gaza a été tuée par Israël! N’est-ce pas un génocide si l’on applique ce pourcentage par exemple aux USA (plus de 3 millions); au Royaume-Uni (plus de 600 mille); à la France (plus de 600 mille)? Qu’auraient-ils conclu si 100 mille civils israéliens avaient été tués en 3 mois?
La capacité des Houthis à échapper aux coûteuses défenses aériennes a surpris les USA. Ils s’inquiètent déjà des coûts élevés que leur causent les Houthis.
Il faut savoir que chaque missile Patriot coûte 3 millions de dollars, que chaque Tomahawk coûte environ 2 millions de dollars, que chaque Storm Shadow coûte 3 millions de dollars contre un drone yéménite d’une valeur de 2000 dollars, d’après Politico. L’axe de l’Occident va se ruiner. À cela se rajoute la gestion des navires de guerre, avec les risques d’en perdre. «Cela devient rapidement un problème, car le plus grand bénéfice, même si nous abattons leurs missiles et drones, est en leur faveur», a déclaré, selon Politico, Mick Mulroy, ancien responsable et officier de la CIA.
On dit qu’Israël veut étendre les hostilités en entrainant les États-Unis. La hantise des États-Unis est de voir une extension qui s’ajoute à celui de l’Ukraine. Cette crainte s’observe par les déclarations réfutant une extension tout en engageant des provocations «limitées» pour faire croire qu’ils sont capables de le faire. À notre sens, il s’agit d’un bluff visant à susciter la crainte pour mieux prévenir son extension qu’ils redoutent. Une extension qui sonnera la fin d’Israël. Les menaces officieuses et théâtrales de l’utilisation de la «bombe», si nécessaire, vont dans le même sens. Il s’agit plus d’une frayeur de ce que les sionistes ne veulent pas voir leur arriver que d’une volonté.
Terminons par cette curieuse demande des USA: Washington aurait sollicité Pékin pour peser sur l’Iran afin de faire cesser les attaques Houthis! Quel culot! Quelle insolence! Lambert Strether, blogueur et administrateur de Naked Capitalism répond avec cette ironie «avant de leur faire la guerre, ou après?».
Et si Pékin demande aux États-Unis d’ôter la «carte blanche» à Israël pour commettre ses crimes, de ne pas l’aider militairement et de peser sur les sionistes pour faire cesser le génocide des Gazaouis?
Amar Djerrad, journaliste et analyste algérien
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