Cupide et Hâbleur scellent un diabolique pacte de pouvoir

Cupide et Hâbleur scellent un diabolique pacte de pouvoir
PRAGUE, CZECH REPUBLIC – JANUARY 6, 2020: Traditional handmade wood strings puppets and marionettes for sale in prague as souvenir.

Cupide et Hâbleur scellent un diabolique pacte dans le but de prendre le pouvoir

Cupide et Hâbleur se présentent

Cupide et Hâbleur se rencontrèrent. Des personnalités éminentes se réunissaient régulièrement pour évoquer les problèmes liés à la gestion de leur ville et des citadins. Les nouveaux habitants, venus s’installer dans cette paisible cité étaient systématiquement conviés. C’est ainsi que monsieur Cupide eut l’occasion de coudoyer monsieur Hâbleur, nouvel arrivant :

— Je suis ravi de vous rencontrer, monsieur Hâbleur.

— Enchanté, monsieur Cupide. Comment allez-vous ?

— Je vais bien, répondit Hâbleur. On m’a beaucoup parlé de vous.

— J’espère que c’était en bien, plaisanta Cupide.

— Que des compliments ! rétorqua Hâbleur. Vos oreilles ont dû siffler, tant les éloges fusaient, dit-il en exhibant un large sourire.

Hâbleur se livre

Les deux hommes continuèrent à échanger sur des banalités, des futilités. Hâbleur parlait, se vantait, tandis que Cupide écoutait attentivement, sondant le personnage. Il espérait tirer quelques avantages de cette nouvelle rencontre. Hâbleur abusa de son verbe mielleux, usa de ses talents d’orateur innés. Cupide buvait les paroles de son interlocuteur, sans broncher et sous le charme.   

— Que faites-vous dans la vie ? demanda Cupide.

Hâbleur se rapprocha tout près de Cupide et lui glissa à l’oreille :

— Ne le répétez pas, dit-il en chuchotant, je suis marchand d’or.

A ces mots, Cupide faillit tomber à la renverse, n’en croyant pas ses oreilles.

— Marchand d’or ? Mais vous devez être riche !

— N’exagérons rien. J’ai mon petit trésor.

— Un trésor ! s’exclama Cupide. Tout le monde n’a pas un trésor.

Hâbleur enfonça le clou :

— Je vous demanderais bien un petit service, mais je suis quelque peu gêné.

— Voyons monsieur Hâbleur, pas de gêne entre nous, nous sommes devenus amis. Que puis-je faire pour vous ?

— Vous êtes très aimable, monsieur Cupide. En fait, j’aimerais ouvrir une bijouterie. J’ai pensé que vous pourriez me faire de la publicité auprès des habitants.

— Oh ! qu’à cela ne tienne !, je connais tout le monde. Je visiterai chaque maison, chaque appartement. Je suis sûr, monsieur Hâbleur, que vous feriez la même chose pour moi.

— Cela va de soi, cher ami. Si mes affaires vont bien, vous aurez droit à votre lingot d’or. J’en possède quelques-uns.

— Mais comment ne vous ai-je pas rencontré plus tôt, monsieur Hâbleur !

— C’est le destin, monsieur Cupide, le destin. On ne sait jamais ce qu’il nous réserve. Seul Dieu, le Juste et le Parfait, en connait toutes les issues.

Cupide se livre

Le jour disparaissait, laissant place au crépuscule. La nuit s’installait tandis que les traiteurs servaient le dîner aux convives, assis autour de grandes tables rondes disposées dans un merveilleux cadre convivial. Hâbleur était surpris par l’organisation parfaite de la soirée.

— Et vous, monsieur Cupide, que faites-vous dans la vie ?

— Je suis l’intendant principal auprès de l’hôtel de ville et du département. Les gens qui sont ici sont pour la plupart des notables, des dirigeants. Ils représentent la haute bourgeoisie de notre cité.

— Vous devez être très occupé, l’interrompit monsieur Hâbleur.

Cupide se livra en toute confiance :

— Je suis l’organisateur de cette soirée. Je loue la salle, ensuite je ventile le prix auprès de chaque convive, excepté aux nouveaux arrivants tels que vous.

— Vous prenez votre petite commission ? demanda Hâbleur l’air amusé et déjà assuré de la réponse.

— Tout travail mérite salaire, mon cher ami. Vous savez, il y a ici des notaires, des avocats, des magistrats, des entrepreneurs, des commissaires, des maires, des préfets, etc. Bref, tout le gratin de la contrée. Croyez-moi, ils ont les moyens de payer.

— C’est une clientèle idéale pour ma future bijouterie, fit remarquer Hâbleur.

— Si toutes les personnalités présentes ici achètent des parures dorées à leurs maîtresses, vous croulerez sous l’or. Faites-moi confiance, je vais les diriger vers vous. Je connais les vices de chacun, et… franchement, ils n’en sont pas avares.

— Vous me paraissez bien sûr de vous, monsieur Cupide.

— J’organise leurs soirées privées. Monsieur Hâbleur, vous voyez où je veux en venir.

— Je comprends et je sais aussi que vous êtes tenu à un devoir de réserve. Cependant, on appelle cela se tenir par la barbichette…

L’aube du destin

L’aube se profilait déjà. Les convives désertaient les lieux ; progressivement la salle se vidait de ses occupants. Les traiteurs débarrassaient les tables et entamaient les premiers nettoyages. Il leur fallait laisser la salle propre.

— Avez-vous passé une bonne soirée ? demanda Cupide.

— Oui, une excellente soirée, rétorqua Hâbleur. Mais nous n’allons pas nous séparer ainsi. Nous avons un pacte à conclure, tous les deux.

Cupide pris Hâbleur par le bras, puis ils firent quelques pas en direction de la cour où étaient garées leurs voitures. Arrivés devant son véhicule, Cupide prit la parole :

— Vous régnez sur l’or, monsieur Hâbleur.

— Et vous, monsieur Cupide, vous contrôlez tous les centres de décision.

— Et alors ? demanda Hâbleur.

Le sort se révéla au grand jour lorsque Cupide déclara :

— En nous alliant, monsieur Hâbleur, nous pourrions dominer la région. Puis ce serait tout le pays et, avec un peu de réussite, le monde entier.

— Vous avez beaucoup d’ambition monsieur Cupide. J’aime les hommes ambitieux et audacieux. Ce sont eux qui réussissent. Scellons notre pacte, ce soir même. Ce jour restera comme celui qui fit basculer cette ville tranquille en un bastion voué à l’or et au pouvoir. Vous parliez de réussite et vous avez raison. Toutefois, quand la réussite n’est pas là, il faut forcer le destin.

Le pacte du Diable

Ils se serrèrent la main d’une franche poignée. Puis se dévoila le pacte du Diable qu’ils conclurent en cette nuit sombre, totalement privée d’étoile. Ils n’avaient de témoin que leurs ombres perdues au milieu de la grande cour éclairée par de hauts candélabres.

Hâbleur dit à Cupide, les yeux dans les yeux :

— Monsieur Cupide, nous avons été réunis par la destinée, celle que peu d’hommes parviennent à discerner. Unis, nous allons prendre le contrôle de la finance et du pouvoir politique grâce à mon or et aux appareils de décision que nous mettrons au point avec le peuple, car nous avons besoin de lui, mais nous seuls aurons les clés pour décider et agir. Nous briserons toute résistance, toute formation hostile, en les divisant et en les fracassant s’il le faut. L’or et le pouvoir seront nos appâts, nos atouts, entre nos mains.

Hâbleur se tourna en direction de son véhicule, se mit à marcher, quand Cupide baissa sa vitre et s’adressa une dernière fois à lui :

— Monsieur Hâbleur, comment vous avez su que…

— Monsieur Cupide, voyons ! On m’a beaucoup parlé de vous. Il n’y pas de hasard, il n’y a que des certitudes. Vous et moi nous attendions cette soirée. Le voile de la nuit s’est déchiré et il nous a révélé ce que porte demain. On ne peut plus reculer, Cupide.

Touhami (pour INFOSPLUS)

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