Monsieur Pascal Praud s’interroge sur le plateau CNEWS au sujet des banlieues françaises (non présentes selon lui dans les manifs contre la réforme des retraites). Il ne s’agit pas d’une interrogation philosophique, un domaine qu’il ne doit pas trop maîtriser, mais plutôt d’une interrogation d’ordre ethnique et « racial » un sujet qu’il maîtrise bien mieux à l’antenne
Pascal Praud s’interroge sur les habitants des banlieues françaises
Pascal Praud, cette question est déjà, en soi, intolérable dans la mesure où elle insinue clairement qu’il y existerait plusieurs groupes de citoyens français : les Français de souche (premium) et les autres (labelisés de seconde zone), issus de l’immigration. C’est tout de même incroyable. Ahurissant ! Enfin, tout le monde l’a bien compris, ce sont les habitants des banlieues qui sont visés. Cette question avait déjà été soulevée lors de la crise des Gilets jaunes.
Mais cette interrogation hasardeuse renvoie à une autre interrogation. En effet, où étiez-vous monsieur Pascal Praud lorsqu’en 2005, à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, sont morts électrocutés, le 27 octobre 2005, dans un poste de transformation EDF, cernés par des policiers qui sont restés étrangement passifs ? Un troisième ado réussit à s’échapper (Muhittin altun) et finira finalement par donner l’alerte. Sans lui, nous n’aurions jamais su la vérité.
« Emeutes Urbaines » de 2005
Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, aspirant à devenir président de la République — qui voulait déjà passer les banlieues françaises (fabriquées de toute pièce par les classes politiques successives dont il a été un des héros) au Karcher — usera de déclarations tonitruantes, dont il a le secret, pour satisfaire ses appétences politiques. En plein mois de ramadan, alors que des fidèles sont réunis dans une mosquée pour prier, les forces de l’ordre lanceront des bombes lacrymogènes, allant jusqu’à humilier et insulter des femmes voilées (témoignages à l’appui). Il n’y eut jamais d’excuses de la part des autorités. C’est le début des « émeutes urbaines » ; comme au bon vieux temps de la guerre d’Algérie, l’état d’urgence sera décrété (par le premier ministre monsieur Dominique de Villepin).
Vous en souvenez-vous et, encore une fois, où étiez-vous monsieur Pascal Praud ? Non, la mémoire ne vous est toujours pas revenue ? Alors, continuons.
Le réactionnaire islamophobe et sa clique de pieds nickelés, j’ai nommé Alain Finkielkraut (philosophe de pacotille), va tenter de nous faire croire qu’il s’agit d’une révolte « ethnoreligieuse » composée exclusivement de Noirs et d’Arabes. Celui même qui déclara dans le journal israélien Haaretz : « Après le Black, Blanc, Beur, l’équipe de France (championne du monde en 1998) est devenue Black, Black, Black ». C’est sûr, pour nous sortir de telles inepties, il faut être un très grand philosophe. Mais pas de chance pour notre « filousophe », tous les éminents sociologues français s’accorderont à dire que les causes de ces émeutes urbaines sont avant tout d’origines sociales. Tandis que cette jeunesse se révoltait pour réclamer qu’on la traitât en citoyens français, le réac Finkielkraut tentait de nous convaincre qu’en fait elle criait sa haine de la France. Voir un Franco-Algérien (Zidane) brandir une coupe du monde au Stade de France (1998) l’a asssurément rendu fou !
Révoltes dues aux injustices sociales
Les jeunes des quartiers se sont, en effet, révoltés d’abord contre la mort injuste et horrible de leurs deux camarades, avec lesquels ils venaient de jouer au foot, ensuite contre les contrôles au faciès, le racisme ambiant, les discriminations et toutes les injustices sociales dont eux et leurs parents sont régulièrement victimes. D’ailleurs, des « jeunes » de ces quartiers, diplômés, éduqués et parfaitement intégrés à la société française prendront fait et cause pour ces mouvements sociaux, dénonçant également leurs malaises, leurs frustrations, leurs blessures de ne pas être considérés comme des citoyens français à part entière du fait de leurs origines et de leurs conditions sociales. La « marche des beurs » des années 80, contre le racisme, n’avait visiblement rien changé.
Dans une allocution télévisée, Jacques Chirac prendra acte de toutes ces « anomalies » existantes dans la société française et promettra d’y apporter des solutions, notamment par une meilleure représentativité de toutes ces « minorités visibles » (appellation contrôlée « made in » Nicolas Sarkozy) au sein de la communauté nationale.
Enfin, les Gilets jaunes scandaient : « Macron, démission ! » Concernant la réforme des retraites, beaucoup de manifestants s’en prennent aux Institutions françaises et leurs représentants et visent même à faire tomber la République. A l’inverse, quand il y a des mouvements de révolte dans les banlieues, les habitants dénoncent surtout les discriminations, les rejets et les exclusions.
Alors, vous étiez où monsieur Pascal PRAUD ? On ne vous a ni vu ni entendu.
Sortez votre stylo et prenez note : « nous ne nous tairons plus ! » Même si personnellement, je ne me suis jamais tu, de tout temps.
Touhami – INFOSPLUS