Habib Grimzi défenestré d’un train parce que Maghrébin

L’affaire Habib Grimzi est une affaire criminelle. Le jeune homme était présent sur le territoire français en tant que touriste. Son crime : il a rendu visite à son amie française Florence Dupuy habitant à Bordeaux

L’affaire Habib Grimzi

Le jeune Habib Grimzi va payer de sa vie, le 15 novembre 1983, de manière inhumaine, la campagne de haine extrêmement brutale conduite par Jean-Marie Le Pen, homme politique français aux thèses particulièrement sectaires et racistes. Cet odieux personnage va instrumentaliser le sujet de l’immigration et en faire son sujet central. Dès lors, l’immigré et l’étranger vont devenir le bouc émissaire idéal et servir à propager la peur de l’autre, notamment des Arabes. L’ombre de la guerre d’Algérie planait au-dessus de Paris, encore présente dans tous les esprits revanchards du fameux « Paradis perdu ».

La politique de la haine, le côté sombre de l’histoire de France

Les conséquences de ces infames et répugnantes campagnes racistes du Front National, des années 70/80/90, seront tragiques et marqueront, sur un plan humain, des générations entières, dont j’ai fait partie. Ce parti politique raciste, antisémite et xénophobe est devenu aujourd’hui le Rassemblement National, dirigé par la fille de Jean-Marie Le Pen : Marine Le Pen. Une autre figure de cette dynastie est depuis apparue : Marion Maréchal Le Pen, nièce de Marine Le Pen. Un visage d’ange et une âme de Démon. Marion Maréchal Le Pen est aujourd’hui bras droit du révisionniste de l’histoire de Vichy : Éric Zemmour, issu d’une famille juive d’Algérie et président du parti politique « Reconquista ». La boucle est bouclée.

Train d’enfer

L’affaire Habib Grimzi est une affaire criminelle. Le jeune homme était présent sur le territoire français en tant que touriste. Son crime : il a rendu visite à son amie française Florence Dupuy habitant à Bordeaux. Le 14 novembre 1983, il avait pris le train pour rentrer en Algérie. Il fut lâchement assassiné par une horde de barbares candidats à la Légion étrangère. Ces criminels racistes l’ont froidement défenestré du train Bordeaux-Vintimille. La « marche des beurs » de l’époque a été marquée par cette sombre et triste affaire.

A la suite de ce crime odieux, horrible et ignominieux, l’acteur Franco-Algérien Roger Hanin (juif d’Algérie) et Gérard Klein seront à l’origine d’un film tourné en mémoire de Habib Grimzi et intitulé : « TRAIN D’ENFER ». Nous n’oublions pas et n’oublierons jamais que le racisme en France tue, que ce soit des Juifs ou des Musulmans. Pactiser avec l’extrême-droite, c’est vendre son âme au Diable.

La classe politique française, gauche et droite traditionnelles, va, au lieu de combattre ce parti de la haine (FN), reprendre à son compte les thèses « lepénistes » en déclarant « comprendre cet électorat inquiet ».

VGE et les invasions de barbares

Valéry Giscard d’Estaing évoquera un risque « d’invasion » à propos de l’immigration, allant jusqu’à affirmer qu’il faut « renvoyer » ces immigrés chez eux. On comprend le peu de courage de ceux qui nous ont gouvernés. Lui, qui était en charge des affaires de la France, a dû attendre qu’un xénophobe (Le Pen) l’embarrasse avec une immigration — arrivée à la demande du patronat français — pour prendre conscience qu’il fallait contrôler et intégrer cette population. Que dire de cette classe politique dénuée de toute conviction, si ce n’est qu’elle est constituée de bras cassés.

François Mitterrand et le mythe d’une gauche humaniste

Quant à François Mitterrand, il verra une aubaine politique dans ce FN. Il va habilement diviser la droite pour se maintenir longtemps au pouvoir (deux septennats). Il usera d’un double discours.

D’un côté, il affirmera que les « étrangers » sont chez eux en France, prétendant même qu’il faut leur donner le droit de vote aux élections locales. Tout cela est dirigé à l’encontre des consciences pour faire bonne mine devant les ruines et les vestiges de ce qui restait d’une France des Lumières plongée dans les ténèbres.

D’un autre côté, il va se servir du FN pour affaiblir la droite républicaine. Ce qui, de fait, lui évitait de livrer un véritable combat idéologique et politique face à ce parti extrémiste et raciste issu du régime de collaboration, celui de Vichy, avec lequel François Mitterrand aura des relations pour le moins troubles, notamment avec René Bousquet (secrétaire général de la police du régime de Vichy).

Il est bon de se remémorer certains épisodes de la politique française. Parce que le pire qui pourrait nous arriver à tous, ce serait de sombrer dans l’oubli.

Touhami – INFOSPLUS