Nahel a été froidement exécuté par un policier pour un refus d’obtempérer et un défaut de permis de conduire, ce qui pose une fois de plus la question du racisme au sein de la police nationale
La mort tragique de Nahel ravive le spectre du racisme en France et particulièrement au sein de la police
Le jeune Nahel est abattu d’une balle à bout portant, le 27 juin à l’âge de 17 ans, par un policier lors d’un contrôle routier, après un refus d’obtempérer, dans des conditions plus que suspectes et restant à établir. Les circonstances dramatiques de cette mort vont affecter et interpeler des millions de Français de toutes ethnies et conditions sociales confondues. Les troubles d’octobre 2005, parties à Clichy-sous-Bois après la mort de deux adolescents et d’un troisième grièvement blessé, sont dans tous les esprits. Une réplique de 2005 ? Tout le monde craint un nouvel embrasement.
Jordan Bardella, président du Rassemblement National, n’a que faire du jeune Nahel, c’est l’Algérie qu’il prend pour cible
Jordan Bardella, jeune président du parti Rassemblement National (extrême-droite), estime que « les casseurs de 2005 sont les grands frères des casseurs d’aujourd’hui ». Le raccourci est pratique et facile. Jordan Bardella, lui-même issu de l’immigration, n’hésite pas à utiliser ces bonnes vieilles ficelles consistant à tout lier aux enfants d’immigrés. Combien de décennies seront-ils dénommés « enfants d’immigrés » ? C’est facile et cela ne coûte pas un sou. Mais imaginez une seconde ce type au pouvoir en France. Beaucoup d’esprits naïfs pensent qu’il remettrait de l’ordre. C’est le désordre auquel il faudrait s’attendre ! Bien entendu, tout comme ses compères du RN, Bardella ne peut s’empêcher d’évoquer l’Algérie. En effet, Alger s’est dit préoccupé de ce qui se passe en France, tout en témoignant sa confiance en la justice française. Et bien sûr, Bardella s’exprime sur le sujet : « Si les Algériens sont inquiets pour leurs ressortissants qu’ils ne se gênent pas pour les récupérer » dit-il. Oubliant au passage que ces jeunes sont nés en France, souvent de parents et grands-parents nés eux-mêmes en France, et s’ils sont devenus délinquants, c’est sur le sol français.
L’extrémiste Eric Ciotti prend fait et cause pour la police sans même attendre d’avoir plus d’informations, comme Sarkozy en 2005
Sans même connaitre les faits, les circonstances et les détails de la mise à mort de Nahel, le député Éric Ciotti, comme l’avait fait avant lui Nicolas Sarkozy en 2005, a immédiatement adressé son soutien inconditionnel à la police, notamment au policier qui venait de commettre l’irréparable, à savoir l’exécution de Nahel d’une balle en plein thorax. Éric Ciotti est coutumier de telles sorties à connotation raciste. Il s’est empressé de déverser sa haine des jeunes des quartiers défavorisés. A ce sujet, si on reconnait qu’il y a des quartiers défavorisés, cela signifie qu’il y a en contrepartie de fait des quartiers favorisés comme ceux où habite le président des LR (Les Républicains). Éric Ciotti est d’ailleurs visé par une enquête « pour détournement de fonds publics ». Si cet homme avait un semblant de dignité, il aurait dû la fermer. Mais il ne résiste pas à la tentation de déverser son venin sur ceux qu’il exècre : les jeunes des banlieues. Ce député veut également supprimer le « parquet financier » ; comme dirait son grand ami et frère jumeau Éric Zemmour : « Ben voyons ! »
Bruno Retailleau traduit toute la faillite des pouvoirs successifs en ethnicisant la société française, preuve d’un racisme structurel
Après la mort du jeune et regretté Nahel, des incidents ont éclaté à Nanterre, ville où ce défunt a été tué. Les scènes de violence vont ensuite gagner toute la France. Que ce soit à Marseille, Lyon ou Paris — pour ne citer que ces villes principales — des « émeutes urbaines » ont lieu. Des pillages de magasins, des casses, des destructions d’écoles, de mairies, etc. traduisent une espèce de folie qui s’empare de la France. Le Président et l’exécutif s’inquiètent d’une telle situation, à la limite de l’insurrection. Les effectifs de police atteindront jusqu’à 45.000 hommes et femmes durant plusieurs nuits. Les jeunes utiliseront les réseaux sociaux pour fixer des endroits de ralliement et des lieux à saccager. Emmanuel Macron ira jusqu’à envisager d’interdire les réseaux sociaux, comme en Chine ou en Iran.
Ces jeunes sont nés en France, de parents et grands-parents, pour beaucoup, nés également en France. On ne peut donc parler d’intégration. En effet, on intègre de nouveaux arrivants, pas les enfants nés sur le sol. Alors pour cacher la faillite de l’Etat, tant sur le plan de l’Education Nationale que sur le plan d’un racisme ambiant qui règne partout dans les administrations françaises, et qu’il ne cherche pas à endiguer (à des fins purement politiciennes), notamment dans la police, le sénateur Bruno Retailleau va diriger le débat vers les origines ethniques. Ce qui signifie, selon lui, que ces jeunes ne veulent pas être des citoyens français parce qu’ils se réclament avant tout comme Noirs ou Arabes. Une nouvelle expression d’un racisme d’Etat profond voit le jour par la voie d’une « ethnicisation » de la société française. Pour preuve, voici les propos tenus par Bruno Retailleau : « On connaît les causes. Bien sûr que si, il y a un lien (avec l’immigration) […] Pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques. » Propos racistes, purement diffamants et calomnieux. Tout le monde peut revendiquer en France, sauf les Noirs et les Arabes ; ceux-ci sont systématiquement renvoyés à leurs origines ethniques d’anciens esclaves et d’ex-colonisés. Cela a le mérite d’être clair. Merci monsieur le sénateur Retailleau d’avoir précisé et confirmé ce point. Plus de doute sur le racisme anti-arabe et antinoir en France.
Plusieurs nuits de violences et le calme est revenu peu à peu après de nombreux appels à l’apaisement et au calme
La mort de Nahel nous a révoltés et sidérés. Comment peut-on abattre un gamin pour un refus d’obtempérer et un défaut de permis de conduire ? On ne comprend pas, on ne l’accepte pas. Si les aînés ont rongé leurs freins et contenu leur colère, les plus jeunes se sont laissés aller à des cris de colère et de révolte. Que l’on puisse comprendre ou non, chacun est libre de penser et de panser ses plaies ouvertes comme il le peut. Mais le Président de la République, Emmanuel Macron, porte bien sûr, du fait de sa fonction, une énorme responsabilité dans ce qui arrive aujourd’hui. Que ce soit dans l’affaire de Charlie Hebdo, du séparatisme, du colonialisme et néocolonialisme, de l’immigration, de l’insécurité grandissante, de la société de vigilance, le Président Macron a toujours tenu des propos stigmatisant les musulmans, les banlieues et les jeunes des banlieues. Sa dernière découverte : châtier les parents dont les enfants tournent à la délinquance par manque d’autorité. Après avoir enlevé les moyens d’exercer une autorité parentale, par des sanctions couperets, par l’excuse de traumatismes causés à l’enfant, le Président veut à présent que les parents exercent pleinement leur autorité sur leurs enfants. Il faudrait savoir ce que vous voulez monsieur Macron.
Et bien sûr, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, les racistes ont toute latitude pour exprimer leur haine de l’étranger, de l’immigré et des Musulmans. Ces extrémistes sont invités sur tous les plateaux télés pour déverser leur aversion et prennent même le contrôle des médias (exemple : Geoffroy Lejeune au JDD).
Je ne m’étends même pas sur l’empire médiatique de Vincent Bolloré qui ne cesse de croître de mois en mois. La France a atteint un tel degré de racisme et d’islamophobie qu’il est permis aujourd’hui de se poser des questions sur son avenir sur le plan humain et sur sa place sur l’échiquier mondial. Il faut tirer la sonnette d’alarme.
Touhami – INFOSPLUS