Les Français sont plongés dans la peur d’un vide sidéral, plus rien ne sera comme avant. Tournons la page de l’agitation et entrons dans celle de la sérénité
La peur d’un vide sidéral
Les Français sont plongés dans la peur d’un vide sidéral. Le système politique français reposait sur une droite et une gauche qui étaient opposées idéologiquement mais qui assuraient un équilibre politique. Le centre, lui, était en quelque sorte l’arbitre, l’arbre à cames.
La droite, c’est le conservatisme, s’assurer une garantie pérenne de tous les acquis ayant fait leurs preuves. Pourquoi changer ce qui a démontré son efficacité ? L’ordre l’obnubile et l’autorité est un de ses piliers fondamentaux. Pour la droite républicaine mieux vaut miser sur les valeurs sûres que partir à l’aventure, dans l’inconnu et l’incertitude. Conformisme et orthodoxie, liberté dans l’ordre et la discipline.
La gauche, c’est le progrès, le mouvement, le changement permanent, toujours dans l’idée d’améliorer le quotidien et d’aller encore et encore au-delà de ce qui a été déjà acquis. L’autorité est celle que définirait la liberté d’expression, l’ordre serait rapporté aux seules conclusions des débats idéologiques. Innover et tenter de nouveaux paris. Créer, inventer, libre de penser. Plonger dans l’inconnu ne fait pas peur à la gauche.
Mais cette ennuyeuse alternative droite gauche — qui a connu trois cohabitations (Mitterrand/Chirac, Mitterrand/Balladur et Chirac/Jospin) — a fini par rendre la vie politique française monotone, sans imagination, immobile et conflictuelle entre une gauche progressiste et une droite tombée dans la résistance.
Emmanuel Macron débarque face à une gauche et une droite laminées
Puis est arrivé Emmanuel Macron (2017). La droite est divisée face aux idées de l’extrême-droite désormais installée dans le paysage politique. L’échec de Nicolas Sarkozy à s’imposer pour postuler à un second mandat présidentiel et l’affaire des emplois fictifs « Fillon » provoquent l’effondrement de la droite républicaine. La droite flotte, tâtonne, s’épuise.
La gauche est aussi très divisée, se cherche désespérément un leader. La gauche a été longtemps un contrepouvoir en France où l’esprit de droite prédomine. La gauche française ne manque pas d’idées mais pour exister elle a besoin d’un leader capable de rassembler car, de base, la gauche française est diverse et plurielle. Les deux fois où la gauche s’est imposée (après guerre) c’est avec le « programme commun » de François Mitterrand et la « gauche plurielle » de Lionel Jospin.
Emmanuel Macron va profiter de ce « désordre politique » pour s’affirmer comme l’homme du renouveau. On parle « d’ancien et de nouveau monde », d’un « nouveau récit national ». Il va piocher à droite, comme à gauche et appelle tous les « talents français » à œuvrer ensemble pour une France nouvelle. Il sera finalement élu président en 2017 ; droite et gauche s’écroulent. Jean-Luc Mélenchon sera tout près de passer au second tour. Mais c’est Marine Le Pen qui sera qualifiée pour le second tour. Le changement promis n’aura jamais lieu.
Désillusions et désespoir vont l’emporter sur l’optimisme et l’espoir
Nous avons été nombreux à imaginer qu’Emmanuel Macron allait synthétiser les idées de gauche et celles de droite pour donner un nouveau souffle à une France vieillotte et nostalgique ; une autre vision reposant sur le traditionalisme de la droite et le progressisme de la gauche. Ces deux valeurs pouvant être parfois complémentaires.
Finalement, il n’en sera rien. Sans opposition, le président Macron va être face à lui-même, sûr de lui, adoptant souvent un ton arrogant, hautain et suffisant. Son pire ennemi devenait lui-même. Exaspérés, les Français craquent. Les Gilets jaunes s’invitent au débat. La pandémie finira par calmer tout le monde. Les doutes, les incertitudes et les violences vont s’exprimer partout dans le pays. La haine et le ressentiment montent, les colères s’expriment. Le ton est donné. Désormais, plus aucune limite.
Reculer pour mieux sauter. A jouer avec l’extrême-droite, comme le fit François Mitterrand avant lui, Emmanuel Macon ouvre la porte aux idées les plus radicales, les plus extrémistes, notamment envers la communauté musulmane, une des composantes importantes de la population française. Celle-ci se voit même proposer une « société de vigilance » dans laquelle elle serait traquée. Le président enfoncera le clou en s’écriant à l’adresse des Musulmans « nous continuerons les caricatures ! ». La division s’est opérée, Emmanuel Macron n’est plus le Président de tous les Français et encore moins celui de l’unité nationale.
Quels gâchis !
Touhami – INFOSPLUS