Les discriminations sont un fait majeur en France
Octobre 2005, à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. Alertés par des riverains inquiets de voir des jeunes traverser des chantiers où se trouvaient entreposés des matériaux et matériels de travaux publics, uniquement par souci de prendre un raccourci, des policiers arrivent et prennent immédiatement en chasse une bande de gamins pressés de rentrer après un match de football, non loin de leur cité, juste avant la tombée de la nuit, en plein mois de ramadan.
Pour s’éviter d’être conduits au poste, à l’approche de l’heure d’El-Fitr (rupture du jeûne), trois ados (Zyed, Bouna et Muhittin Altun) prennent la fuite, la police à leurs trousses. Ils n’avaient rien à se reprocher. Ils voulaient échapper à un passage au poste de police qui aurait abouti à un dérangement de leurs parents, à l’approche de la rupture du jeûne. Inconsciemment, ils se réfugient dans un transformateur EDF. Zyed et Bouna mourront électrocutés. Blessé, Muhittin Altun, réussira à prendre la fuite et donnera l’alerte. Sans lui, nous n’aurions jamais su la vérité.
L’arrogance inouïe et irresponsable de Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur et candidat à la présidentielle de 2007, mettra le feu aux poudres. La Seine-Saint-Denis va s’embraser, entrainant avec elle le reste de la France. Des émeutes urbaines éclatent partout sur le territoire national. Véhicules incendiés, affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, vont s’ensuivre.
La discrimination reconnue par Jacques Chirac
Devant une situation de plus en plus critique dans le pays, le 14 novembre 2005, l’ancien Président Jacques Chirac prendra la parole, lors d’une allocution télévisée, pour s’adresser à la Nation et tenter ainsi d’apaiser les tensions. Il reconnaîtra clairement, sans ambages, les discriminations dont sont victimes les enfants issus de l’immigration. Il dira : « Vous êtes toutes et tous des filles et des fils de la République », promettant au pays qu’une plus grande place, dans la société, serait faite aux « minorités visibles » (terme repris par N. Sarkozy). Ce terme, en ce qui me concerne, est à bannir.
Alain Finkielkraut piégé par le journal israélien Haaretz
Interviewé par des journalistes du journal Haaretz (publié en novembre en 2005) Alain Finkielkraut va « balancer » ses sentiments et avouer ce qu’il pense vraiment, croyant que ses propos ne seraient jamais repris et publiés par le journal. Hélas pour lui. Je vous laisse juge :
« On nous dit que l’Equipe de France est adorée par tous parce qu’elle est “black blanc beur”, en fait aujourd’hui elle est “black black black”, ce qui fait ricaner toute l’Europe. Si on fait une telle remarque en France, on va en prison, mais c’est quand même intéressant que l’équipe de France de football soit composée presque uniquement de joueurs noirs. »
Concernant les émeutes urbaines, secouant toute la France, Alain Finkielkraut s’écrira : « Ces émeutes n’ont rien à voir avec des problèmes sociaux, ce sont des révoltes ethnico-religieuses [Noirs et Arabes musulmans]. » Pourtant, je ne serai pas le seul (avec d’éminents sociologues français) à lui rétorquer que ces émeutes ont bel et bien pour origine des injustices sociales et des discriminations. Alain Finkielkraut fait un amalgame volontaire en généralisant.
Ismaël Saïdi est soit un imposteur, soit un ignorant
Prétendre ceci : « Je ne supporte plus la posture victimaire de certains musulmans » c’est soit être un ignorant, soit être un imposteur. Comment balayer d’un revers de la main des décennies d’histoire faite de discriminations et d’injustices sociales ? Que fait-on de la « marche des Beurs » des années 80 juste pour être reconnus comme citoyens français à part entière, de la longue liste de ratonnades, de morts notamment Noirs et Maghrébins ?
Bien sûr, les choses ont évolué, et fort heureusement ! Des enfants d’immigrés, notamment Noirs et Maghrébins, se sont aujourd’hui parfaitement intégrés à la société française et vivent leur vie comme tout autre citoyen. Ils le doivent à eux-mêmes, mais également aux combats, contre les injustices et les discriminations, de leurs aînés. Faut-il pour autant tirer un trait sur tout cela et faire croire que cela n’a jamais existé ? Quel mensonge éhonté !
La discrimination serait réduite à une victimisation à outrance ?
Réduire les discriminations à des postures victimaires, c’est donner raison aux mensonges d’un Eric Zemmour et d’un Alain Kinkielkraut, tous deux engagés dans un combat destiné à exclure les enfants issus de l’immigration maghrébine et musulmane. Leur haine de l’islam les aveugle au point où ils seraient prêts à précipiter le pays dans de graves troubles. Et Ismaël Saïdi se rend coupable, d’une part, d’une imposture indigne et, d’autre part, d’une collusion avec ces deux grands menteurs et conspirateurs. Les mots ont un sens, il ne faut pas l’oublier. Lier jihad et discrimination, c’est confondre les injustices sociales avec une idéologie fanatique religieuse.
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