Élisabeth Borne et son gouvernement sont en sursis. L’usage du 49.3 que le Président Macron semblait vouloir éviter à tout prix a encore frappé à l’Assemblée Nationale
Élisabeth Borne est en sursis
Élisabeth Borne et son gouvernement sont en sursis. La première ministre a sauvé sa tête in-extremis d’une motion de censure qui s’est jouée à quelques voix près, neuf pour être précis (278 pour 287), ce lundi 20 mars. Sans changement dans sa politique sociale, le pouvoir exécutif finira par chuter de manière radicale. C’est écrit. On peut, certes, fuir une réalité, mais celle-ci finit toujours par vous rattraper. Et l’illusion laisse soudain place au réel. Le pouvoir actuel a, semble-t-il, commis deux erreurs fondamentales.
La première est celle d’avoir sous-estimé les corps intermédiaires (la démocratie sociale), principalement les organisations syndicales. De plus, en écourtant le temps de parole, à l’Assemblée et au Sénat, le gouvernement a instauré un climat de défiance. L’opération politique spectaculaire qui consistait à vouloir prendre un TVG pour l’adoption d’une réforme des retraites, rejetée et proscrite par la majorité des citoyens français, a été un mauvais calcul, une grave erreur. Il faut toujours laisser la place au débat, c’est la règle de toute démocratie.
La seconde est sans doute l’utilisation de manière arbitraire, dans un contexte social explosif, du très controversé article 49 alinéa 3 de la Constitution, même si celui-ci est une possibilité de « passer en force » dans le cadre de la loi. Et c’est là tout le problème. Cet article doit être, dans l’esprit du législateur, une voie de dégagement dans le cas de blocage politique, mais jamais pour légiférer contre l’opinion publique. Son emploi est lourde de conséquences et sujet à interprétation.
On ne peut gouverner contre le peuple
Dynamiter les traditionnelles Gauche et Droite politiques françaises pour se frayer un chemin unique et s’octroyer l’illusion d’un règne sans partage est toujours un choix dangereux. En démocratie, on ne gouverne pas sans opposition. Ce serait comme marcher sur une seule jambe. On ne peut plus avancer ainsi. On ne gouverne pas sans le peuple, mais avec lui.
Que va dire le président Macron ce mercredi 22 mars 2023 ? Il n’y a que deux possibilités. Soit il retire la réforme (ce qui serait une énorme surprise), soit il la maintient. Car les Français n’attendent plus rien de la part du gouvernement actuel et c’est ce qui est très inquiétant. Si c’est pour proposer un nouveau « grand débat national », cela ne prend plus. Sans un gouvernement d’unité nationale, on ne s’en sortira pas. Il est temps dans ce pays miné par la division, et une apathie généralisée, qu’on se parle.
Le président Emmanuel Macron a élagué l’arbre de la démocratie fançaise en ne laissant que deux branches principales : l’une à l’extrême droite, l’autre à l’extrême gauche. Cela lui a permis de gagner l’élection présidentielle 2017 et 2022. Mais à quel prix ? Celui d’avoir été élu candidat par défaut, par procuration. La France et son paysage politique sont abimés. Tout reconstruire va prendre du temps.
Touhami – INFOSPLUS