La police nationale : ratonnade en plein Marseille et en pleines émeutes urbaines
Lors des dernières émeutes urbaines débutées en juin 2023, des agents de la police nationale (la BAC) ont commis une ratonnade (je pèse mes mots) à Marseille sur un jeune français (d’origine étrangère) Hedi. Une plainte a été déposée. Après des gardes à vue prolongées, le juge, sur requête du procureur, a décidé le placement en détention provisoire pour un policier. Décider d’incarcérer un policier, qui était en exercice lors des événements, confirme la gravité des faits reprochés.
Cette incarcération va créer au sein de la police nationale une réaction que l’on n’attendait pas. En effet, en solidarité avec leur collègue emprisonné, des policiers vont se mettre en arrêt maladie. Le droit de grève étant interdit, les policiers vont user de certificats d’arrêt maladie de complaisance pour se mettre en grève (déguisée). Ce qui aurait été inconcevable pour tout autre corps de métier.
On entend souvent dans la police nationale ce refrain « Voyez ces voyous, ils manifestent pour exiger que l’on relâche leurs acolytes. » Mais que font les policiers actuellement ? La même chose. Ils exigent que leur collègue détenu soit relâché. Les voyous ont tous les mêmes réflexes.
Le Directeur de la police nationale ne comprend pas qu’on puisse incarcérer un policier avant qu’il ait été jugé
Mais il y a encore mieux. Un nouveau cap est franchi. Le directeur général de la police nationale, monsieur Frédéric Veaux, nous annonce sans aucune gêne que la place d’un policier, quoi qu’il ait pu commettre comme faute et délit — ce qui veut dire qu’il aurait droit de vie ou de mort sur un citoyen — n’est pas en prison tant qu’il n’a pas été jugé.
Le Préfet de police de Paris, monsieur Laurent Nuñez, emboite le pas de monsieur Veau et l’approuve pleinement. Les principaux syndicats de la police nationale vont jusqu’à demander que les policiers puissent bénéficier d’une espèce de passe-droit et être jugés selon des lois adéquates, tenant compte du métier de policier. En somme, les policiers veulent des lois qui les autorisent à faire ce que bon leur semble en toute impunité.
Le Président Macron comprend l’émotion des policiers
Le Président Emmanuel Macron, lors d’une interview, dira aux policiers qu’il « comprend leur émotion ». Etrange, en vérité. Il ajoutera, dans son habituelle passion de la dualité, « nul n’est au-dessus des lois ». Autrement dit, il ne se mouille pas : il comprend à la fois Hedi et les policiers qui l’ont massacré.
Monsieur le Président, moi je ne comprends pas l’émotion suscitée par des policiers qui cautionnent des ratonnades, des violences gratuites, et des abus de pouvoir qui aboutissent soit à ôter la vie, soit à rendre une personne handicapée à vie. La police est gangrenée par des brebis galeuses racistes, imprégnée par des idées radicales de l’extrême-droite. Qu’elle fasse le ménage en son sein ! Cela ne date pas d’aujourd’hui. Et ce n’est pas en étant solidaires avec des flics voyous que la police nationale va s’attirer la sympathie des citoyens tous conscients qu’il faut une police républicaine pour faire respecter la loi et l’ordre.
Par contre, monsieur le Président, je comprends l’émotion des parents de ce jeune Hedi qui a été gratuitement tabassé à Marseille et qui gardera des séquelles graves à vie, de même que je comprends l’émotion des parents du jeune Nahel abattu par un policier d’une balle en plein cœur sans raison valable, sans que le policier ait été visiblement mis en danger.
La Police doit faire le ménage en son sein et revoir la formation des policiers recrutés
La police nationale prend en otage les Français et les Institutions. Du jamais vu. Elle fait du chantage et l’exécutif tremble au lieu de mettre un terme à cette mutinerie. Ce n’est pas acceptable. Nous sommes aujourd’hui des millions, notamment parmi les populations maghrébines et de confession musulmane, à craindre des contrôles de police parce que nous n’avons plus confiance en une partie de cette police dont la vocation première devrait être de nous protéger.
Tous les citoyens sont égaux devant la loi. Que des policiers tabassent et tirent au moindre refus d’obtempérer est inadmissible. Il est normal dans un Etat de droit que ces policiers rendent des comptes à la justice lorsqu’ils outrepassent leurs droits. Et si le juge des libertés et de la détention décide une incarcération provisoire, le policier n’est pas au-dessus de la loi. La sanction doit être appliquée. Sinon, c’est la porte ouverte à tous les abus.
Car ce sont toutes les impunités passées qui produisent ces violences de la part d’une partie (importante) des policiers. En mettant un terme à cette impunité, cette violence cessera d’elle-même. Et pour cela, il ne faut pas céder à l’actuel chantage exercé par une minorité extrémiste.
Mais j’aimerais poser cette question au Président de la République Emmanuel Macron : devant de tels agissements séditieux d’une partie de la police, y a-t-il encore, monsieur le Président, un pilote dans l’avion France ?
Touhami – INFOSPLUS