le rap est devenu un moyen efficace de gagner de l’argent sans plus

le rap est devenu un moyen efficace de gagner de l'argent sans plus
le rap est devenu un moyen efficace de gagner de l’argent sans plus

Le rap exprime, à la base, une révolte; celle d’une jeunesse qui se sent discriminée, victime d’une ségrégation, injustement oubliée, sacrifiée, laissée à l’abandon dans des ghettos, exploitée sans scrupules par les Puissants qui dirigent la société

Le rap est-il encore le rap des révoltes sociales et culturelles ?

« Toute la musique que j’aime, elle vient de là, elle vient du blues » […] « Il y a longtemps, sur des guitares, des mains noires lui donnaient le jour, pour chanter les peines et les espoirs, pour chanter Dieu et puis l’amour ». Ces paroles sont tirées de la chanson  intitulée : Toute la musique que j’aime, interprétée par le chanteur de rock français Johnny HALLYDAY.

Pourquoi ai-je extrait ces paroles très significatives d’une chanson ? Nous savons tous que le blues est né de la révolte des populations noires américaines qui, à travers ces chants, exprimaient des souffrances, des conditions sociales très dégradées, mais aussi des rêves, des espoirs. Les « Noirs » américains sont passés maîtres dans les chants exprimant les révoltes, les injustices et les rudes environnements de vie imposés par le système des « Blancs » dominateurs. Ces chants traduisent toutes les amertumes, mais également les espérances d’en sortir un jour. Rêves, réalités, Dieu et religions y sont entremêlés. 

Le rap est né dans les années 70, dans les ghettos américains, notamment à New-York (South Bronx). D’expression vocale (rimes rythmées) et musicale, le rap est l’une des cinq composantes du Hip-hop — dit culture urbaine — nourri également par le beatboxing, le DJing, la danse, les graffitis. Dans les années 80, le rap prendra de l’ampleur et acquerra une notoriété internationale ; ses musiques, séparant des couplets vocaux expressifs, sont inspirées par le reggae, le blues, le jazz, le rock. A la base le rap est donc la contestation, la rébellion, l’indocilité d’une jeunesse dénonçant les discriminations, la ségrégation, et se sentant oubliée, sacrifiée, laissée à l’abandon, sans scrupules, dans des ghettos par tous les Puissants dirigeants de la Planète. Le rap était un moyen de revendiquer des droits, une reconnaissance, de donner naissance à un courant culturel créatif (la poésie par les rimes) et musicalement novateur. Sur un plan purement sociologique, l’on peut également affirmer que tous ces jeunes, laissés pour compte et en marge, se mettent à créer leur propre culture, leurs propres codes et modes de vie. 

Le rap en France s’est détourné de ses fondements originaux

Cette mode du rap déferle à travers le monde, franchit l’Atlantique, arrive en Europe, et notamment en France. Un pays dans lequel existent de fortes minorités dont des jeunes issus d’une immigration venant de pays essentiellement africains et anciennement colonisés. Une jeunesse qui se sent, à l’instar de la jeunesse noire américaine, également discriminée, victime de racisme et tout aussi reléguée dans des banlieues-dortoirs, de sinistres ghettos, des cités entières mises au ban de la société. On notera l’apparition de textes parfois extrêmement violents, notamment à l’encontre du pouvoir en place, de la police ; ce côté revendicateur agressif, voire injurieux et insultant, ne passe évidemment pas auprès d’une certaine population à l’éducation bourgeoise et très conformiste. Tant pis, le rap impose son style et frappe fort. La révolte des jeunes trouve un nouveau souffle. 

Mais en France, le rap, mouvement musical et vocal destiné à exprimer la révolte et le mal-être de toute une jeunesse désorientée, vagabonde, parfois désœuvrée, va être doucement, mais sûrement, transformé, dévoyé et orienté vers une autre destination, celle d’une reconversion, par ses textes, en des jeux de sexe et d’amour, un moyen purement commercial. Certes, le sexe, la drogue, le jeu, l’argent et l’amour sont des moyens puissants pour atteindre le grand public et doper ses ventes. Mais que fait-on de l’intérêt initial, celui d’alerter la société sur ses graves manquements en matière d’égalité des chances, de liberté, d’égalité et de fraternité ? Ainsi, les rappeurs français (appelés aussi MCs en français : Maîtres de Cérémonie), dans leur majorité, vont se servir du rap pour évoquer l’amour, le sexe, la drogue, les situations amoureuses conflictuelles et très délicates (hors normes). Tout cela pour mieux capter l’attention et vendre, vendre toujours plus ; au détriment du rap originel qui devait crier ses souffrances, nées d’injustices, pour alerter l’opinion publique. Les messages du rap, initialement un moyen d’alarmer sur l’état d’une jeunesse, à des fins de lutte contre les discriminations, entre autres, vont progressivement muter vers les lois du marché, se transformant en chants n’évoquant plus que les déboires, les trahisons et les haines amoureuses, tout en étalant une panoplie de texte à la limite de la pornographie phonétique, tant dans les clips télévisuels, que dans les textes écrits. Le  constat est terrible : le rap a été vidé de toutes ses substances, ses messages d’origine, à savoir la condition humaine des plus défavorisés à travers la Planète.

On ne peut dénoncer le pouvoir de l’argent et faire de ce dernier un idéal, une fin en soi.

Touhami – INFOSPLUS

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