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Marine Le Pen en pole position pour la présidentielle 2027

Marine Le Pen en pole position pour présidentielle 2027
Marine Le Pen en Marine Le Pen en pole position pour présidentielle 2027

Marine Le Pen, Marion Maréchal et Zemmour le conquérant

Marine Le Pen (de son vrai nom : Marion Anne Perrine Le Pen) peut sourire. Elle qui s’est battue pour dédiaboliser le parti de son père, anciennement Front National, qu’elle a subtilement rebaptisé Rassemblement National, histoire de couper la poire en deux et faire plaisir à son père. Mais ce n’est pas tout. Elle a dû également batailler contre sa nièce Marion Maréchal Le Pen, une tigresse ambitieuse aux griffes longs et acérées. Sans doute une déchirure pour elle, puisque c’est elle, en l’occurrence qui a élevé Marion Maréchal. Cette dernière finira par trahir sa tante et aller « copiner » avec Éric Zemmour, un autre extrémiste qu’on ne présente plus, qui a fondé un parti dont le nom en dit long sur le personnage et son histoire personnelle : Reconquête. En espagnol : « Reconquista » ; oui, vous avez tout compris. L’Algérie toujours et encore présente dans le subconscient de Français nostalgiques.

Marine Le Pen joue sur du velours 

Cela fait plus d’une décennie que Marine Le Pen fait parler d’elle dans le paysage politique français. C’est une figure emblématique de l’extrême-droite « light » française. En 2012, elle arrive troisième à l’élection présidentielle avec 17,9 % des suffrages exprimés. En 2017, elle se qualifie au second tour de la présidentielle, mais sera battue par Emmanuel Macron en obtenant 33,9 % des voix. Elle échouera encore face à Emmanuel Macron à la présidentielle de 2022, avec un score de 41,5 %.

La France, qui fut le pays de la déclaration des Droits de l’Homme, est aujourd’hui le territoire de prédilection de l’extrême-droite. Devant la montée de cet extrémisme, la droite Gaullienne et républicaine a pris l’eau de toute part, finissant par manger son chapeau en pactisant, d’abord dans les coulisses puis à ciel ouvert, avec les partis extrémistes tels le Rassemblement National et Reconquête.

Incapables de trouver des solutions politiques, sociales et économiques répondant aux problèmes concrets des citoyens français, gauche et droite traditionnelles ont fini par plier devant la poussée des courants populistes. A tel point que le président Emmanuel Macron s’est retrouvé, dès 2017 — Emmanuel Macron n’est pas innocent dans l’implosion des partis politiques français —, devant un paysage politique désertique, dans lequel tous les ténors étaient à l’agonie. Une aubaine pour Marine Le Pen qui va se présenter, faisant fi de LFI (La France Insoumise), comme incarnant à elle seule l’opposition à la majorité présidentielle. Elle va habilement prendre de la hauteur, rester silencieuse et n’intervenir, telle une guêpe, qu’au bon moment opportun pour piquer et marquer des points.

Sur un terrain social français explosif, où la fracture sociale devient une ligne de cratère, où les mécontentements vis-à-vis du pouvoir sont devenus quotidiens, où la poussée de l’insécurité, du racisme, de l’antisémitisme, de l’islamophobie est de plus en plus forte, Marine Le Pen, stoïque, étrangement distante, posant au milieu de chats dociles et au poil doux, arrive, met le doigt et appuie là où cela fait mal. Le catalogue des griefs du peuple contre le président, l’exécutif, mais également contre tous responsables politiques qu’il qualifie de « tous pourris », est si vaste que Marine Le Pen n’a en réalité que l’embarras du choix. Tout va mal dans ce pays, au point même où l’on doute de pouvoir organiser les J.O. Paris-2024 avec succès et sérénité. Paris doute ; Paris titube et chancelle.

Celui qui gagne toujours ne conjugue jamais au temps présent, mais au futur

Certes, nous sommes très loin de l’échéance présidentielle de 2027. C’est un fait. Et certains vont me répondre que Marine Le Pen va, d’ici là, s’écrouler. Effectivement, en politique tout est possible. Il ne faut jamais préjuger de l’avenir au risque de subir de graves revers et déceptions. Cependant, j’ai un doute qui me fait penser que Marine Le Pen peut réussir son pari. Il y a bien sûr l’état dramatique et catastrophiue du pays, mais il n’y a pas que cela.

En effet, il me semble, après réflexion, que Marine Le Pen a compris une chose essentielle qui lui fait prendre de l’avance sur ces rivales et rivaux politiques, notamment sur sa nièce Marion Maréchal. Cette dernière fait preuve d’un empressement irrationnel. Pourtant, un adage célèbre dit : « Tout vient à point qui sait attendre ».

Si beaucoup de personnes courent après le temps, au risque de perdre beaucoup de temps, Marine Le Pen a, me semble-t-il, appris à composer avec le temps, à le transformer en un véritable allié. Elle a apprivoisé le temps, l’a changé en fidèle et loyal appui acquis à sa cause. Et lorsque vous n’êtes plus en conflit avec le temps, vous ne courrez plus après lui, vous attendez sagement, patiemment, qu’il vous délivre les signes pour intervenir à bon escient et au bon moment.

Il est donc probable que les quatre années qui arrivent vont jouer en faveur de Marine Le Pen. Elle a saisi et compris le fait qu’il faut laisser le temps au temps et ne pas chercher à le maîtriser ou à avoir une quelconque envie de le détourner. Il y a un temps pour tout. La saison des semences et la saison des récoltes sont deux choses différentes, mais complémentaires. Tenter d’accélérer ou de ralentir le temps est vain. Il finira par fuir, tel du sable qui s’échappe entre vos doigts malgré toute votre volonté de le retenir en serrant la main de toutes vos forces.

La décontraction singulière adoptée par Marine Le Pen face à un Emmanuel Macron hyper hautain et arrogant, lors du débat d’entre-deux-tours de la présidentielle de 2022, ainsi que son flegme, ses longs et larges sourires, lorsqu’elle se présenta, pour sa rentrée politique assise au volant d’une Coccinelle Volkswagen, bras tendu — qui fit rire tout le monde, moi le premier —, me fait penser que Marine Le Pen a fini par admettre et comprendre une chose essentielle dans la vie : s’allier au temps, c’est franchir toutes les montagnes dressées devant nous, car cela oblige à prendre de la hauteur.

Si vous, les Républicains, vous laissez l’extrême-droite prendre le pouvoir en France, alors vous pourrez vous flatter d’avoir réussi là où tous vos prédécesseurs ont échoué. Le temps le dira.

Que de temps perdu à courir après le temps !

Touhami

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