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Presse et philosophes

Les liaisons dangereuses entre la presse et les philosophes

Presse, philosophes, et démocratie. Tout le monde sait que la justice est semi-indépendante. Elle obéit au sérail politique parce que celui-ci est tout puissant en matière de décision. C’est lui qui tient les rênes. Un des côtés pervers d’une démocratie rampante que les citoyens digèrent de plus en plus mal. Mais là n’est pas la question. Je n’ai nullement envie de disserter sur la séparation des pouvoirs entre pouvoir public et justice ; d’autres le feraient bien mieux que moi. Ce que je veux préciser c’est qu’il semblerait qu’il y ait, depuis quelque temps, une nouvelle génération de juges, particulièrement vigilants quant à leur intégrité, et qui ne veulent plus s’en laisser compter. Tant bien que mal, ces nouveaux juges luttent pour rappeler une réalité normalement incontournable : personne n’est au-dessus des lois. Traitez-moi d’utopiste, ou pire de naïf, je confirme que je crois et m’accroche à ces jeunes juges qui, j’en suis persuadé, sauront se battre pour plus de transparence et d’équité. Une société qui aspire à rester civilisée se doit d’avoir une justice exemplaire. L’inverse précipiterait celle-ci dans la décadence. 

Justice et presse

Quel rapport avec le journalisme ? A l’instar de la justice, je veux espérer que le milieu de la presse, gangrené par des pseudo-journalistes sans scrupules, saura un jour trouver, non pas des justiciers, je n’y crois plus vraiment, mais des journalistes honnêtes, impartiaux, objectifs et qui feraient leur métier avec, bien sûr, professionnalisme, c’est le moins que l’on puisse attendre d’eux, mais surtout en respectant une éthique, un code déontologique. Nous sommes aujourd’hui des millions dans ce pays à penser que l’on est très loin d’une information rapportée sans être tronquée, traitée à la base. Comment la démocratie du monde occidental, déclarée désormais championne toute catégorie — après l’effondrement des pays socialo-communistes de l’ancien bloc de l’Est — peut-elle ne pas reposer sur une information libre, apolitique, neutre ? Vous voulez une preuve évidente ? Observez la valse des fauteuils éjectables dès lors qu’une alternative politique se dégage des urnes. Aux Etats-Unis on a appelé cela la chasse aux sorcières (le Maccarthysme).

Une presse libre partiellement

On sait pertinemment que la presse n’est pas entièrement libre ; à tel point que des journalistes le crient à tue-tête, à qui veut bien les entendre. Un sujet hautement tabou. Une des faiblesses de la démocratie est de se satisfaire du seul fait d’évoquer, ou de dénoncer des problèmes, sans pour autant y apporter de réelles solutions. Comme si la simple prise de conscience d’un problème donné, fût-il crucial, suffisait à rassurer l’opinion publique. Il est vrai que dans la culture française, évoquer un problème signifie qu’on l’aurait déjà résolu. Ce qui, dans la réalité, n’est ni plus ni moins qu’un leurre, une arnaque, un nouveau style de communication, de la poudre de perlimpinpin. Et la presse relaie, partage et diffuse ces informations destinées non pas a régler les problèmes des citoyens, mais plutôt à les maintenir suspendus à ces problèmes rendus, finalement, insolubles : chômage, croissance, racisme, souveraineté nationale, nationalisme, etc.

A l’image de ses philosophes et de ses journalistes, la démocratie française — dans ses fondements — soulève les problèmes pour paraître transparente, mais demeure floue, opaque, incompréhensive dans sa manière ensuite de traiter ces problèmes. On capte plus l’attention des gens en partageant avec eux un problème existant, tout le monde pouvant s’y identifier, qu’en s’aventurant à leur donner des solutions, mêmes hypothétiques, à leurs préoccupations de tous ordres. Autant dire qu’il n’est pas étonnant de voir, aujourd’hui en France, des journalistes, ayant pignon sur rue, s’en remettre à des responsables politiques, transformés pour la bonne cause en chasseurs de têtes, lorsqu’ils ont un besoin urgent de recruter de nouveaux et « bons » journalistes. 

Que sont nos grands philosophes devenus ?

J’ai évoqué sciemment les philosophes. Car que sont nos grands philosophes devenus ? Ceux-là mêmes qui osaient donner de nouveaux élans à des courants de pensées multiples, diversifiés et interactifs, n’aspirant, finalement, qu’à vouloir expliquer, donc comprendre, et changer le monde, changer les gens, changer la vie des gens.

Je pleure de les voir dévoyés, devenus de puissants hommes d’affaires, des politiques redoutables, reconvertis à la froideur des chiffres, du néant, à genou devant l’argent roi, avilis par les richesses et le matérialisme dont ils nous décrivaient tant les méfaits, les ravages, les arrière-goûts. 

Oui, que sont nos grands philosophes devenus, ceux qui savaient encore redonner de l’espoir là où il n’y en avait plus, et redonner la foi à ceux qui l’avaient perdue au cours d’une lutte, d’un combat, d’une déception ?

Le sage n’avait-il pas dit en son temps : la première faiblesse d’un homme est justement de n’être qu’un homme. Mais je leur en veux à ces philosophes qui nous ont trahis ; je ne les excuse pas, parce qu’ils nous avaient tant fait rêver ! Et le rêve, c’est sacré, cela n’a pas de prix. Tant pis, je garde ces rêves dans mes tiroirs comme trace de leur passage dans ma vie.

Le reniement de ses rêves est pire que tout, pire que l’oubli, pire que la trahison. 

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