Lampedusa : Une des îles italiennes des Pélages ; 20 km2 de superficie ; 6.300 habitants, est la destination de milliers de migrants.
Lampedusa : une situation géographique idéale vers l’Europe
Lampedusa : située à mi-chemin entre la Tunisie et la Sicile (Italie) en mer Méditerranée, cette île n’est, à vol d’oiseau, qu’à environ 180 km de Monastir (Tunisie) et 300 km de Tripoli (Libye). Sa situation géographique — une porte vers l’Europe — en fait une destination privilégiée pour les migrants africains.
Pour empêcher qu’un migrant puisse faire une demande d’asile dans plusieurs Etats de l’Union Européenne, le règlement appelé « Dublin » a pour principe qu’un seul Etat — en l’occurrence le premier pays accueillant — est responsable de traiter la demande. Ce sont donc Malte, l’Italie, la Grèce ou l’Espagne les premiers touchés.
Cependant, une réforme du règlement de Dublin est à l’étude. Il s’agit de parvenir à un consensus politique autour du principe de solidarité entre Etats membres. Cette réforme prévoit un mécanisme de relocalisation pour les Etats volontaires, accompagné de contreparties financières et/ou d’une surveillance accrue des frontières extérieures pour ceux qui refusent d’accueillir des demandeurs d’asile.
La situation en Libye est catastrophique, la France a une responsabilité
La déstabilisation de la Libye en 2011, par la France puis l’OTAN, a évidemment eu des conséquences sur les départs de migrants depuis la Libye vers l’Europe — souvent via la Tunisie — et notamment sur l’île de Lampedusa.
La Libye est actuellement divisée en deux parties : Est et Ouest. Deux camps (clans) s’affrontent pour le pouvoir. A Tripoli (Ouest du pays), c’est Abdel-Hamid Dbeibah qui dirige un « gouvernement intérimaire » reconnu par la communauté internationale. A Tobrouk (Est du pays) c’est Khalifa Haftar (dissident) et ses partisans qui contrôlent la région. Cette situation de chaos a facilité les départs de migrants vers Lampedusa.
Dernièrement, la tempête « Daniel » qui a frappé dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 septembre 2023, ayant sévi dans le Nord de la Libye, principalement à Derna, a provoqué la mort de milliers de personnes et plongé le pays dans le chaos. Un barrage (à Derna), qui était déjà fissuré à en croire certaines informations, a cédé et a été emporté par des eaux diluviennes.
Les secours sont actuellement en cours et on ignore le bilan réel qui risque d’être très lourd tant sur le plan matériel qu’humain : les chiffres de 11.500 morts et de plus de 10.000 disparus sont avancés.
L’île de Lampedusa s’est ainsi retrouvée assaillie par quelques 7.000 migrants, débarqués d’un peu plus d’une centaine de bateaux. Les habitants de l’île ont toujours témoigné de l’empathie et de la compassion pour ces malheureux migrants et les traitent d’une manière remarquablement digne. Mais il est évident que tous ces migrants ne peuvent rester sur l’Île. C’est la seule certitude que nous avons.
L’Union Européenne est dans l’incapacité de parler d’une seule voix
Comme toujours, Les dissonances et les discordances au sein des pays de l’Union Européenne compliquent la situation. C’est ainsi que l’Allemagne a immédiatement fermé ses frontières suite à des désaccords. La France, voisine de l’Italie, parle, par la voix d’Emmanuel Macron, d’un « devoir de solidarité avec l’Italie ». Autrement, dit il faudra bien que ces migrants soient pris en charge d’une manière ou d’une autre. Notons que nous en sommes encore à parler de devoir…
Il est à noter, sur un plan purement humain, que 7.000 réfugiés africains font trembler l’Union Européenne, alors que des millions de réfugiés ukrainiens (le chiffre de 8 millions est avancé) ont été accueillis à bras ouverts par l’Europe. Si cela n’est pas du racisme pur et dur, qu’on nous l’explique.
Quoi qu’il en soit, les partisans d’une politique dure et ferme contre toute immigration de masse ont vu qu’il est impossible d’arrêter des milliers de gens qui, pour des raisons politiques et/ou de réchauffement climatique, décident de s’exiler.
La France, comme tout autre Etat souverain, doit pouvoir rester maître de ses frontières. C’est la volonté de tout le peuple français inquiet face à ces mouvements de populations et cela est légitime. Mais sans une politique européenne coordonnée, humaine et de concert avec les pays africains concernés, la situation va empirer et devenir hors de contrôle. Les conflits armés ne vont pas s’arrêter et le réchauffement climatique va accentuer par ses effets dévastateurs des déplacements de populations. C’est inévitable. Nul besoin d’être un devin.
L’exemple de la Libye témoigne de ce qui nous attend dans un très proche avenir si des solutions d’urgence ne sont pas rapidement trouvées. En effet, la conjugaison d’une catastrophe naturelle due au réchauffement climatique, aggravée par une situation politique chaotique dans un pays qui a été déstabilisé par une politique irresponsable de l’Europe et de l’OTAN, et l’inaction d’une communauté internationale, conduit à des désastres humains inimaginables.
Touhami – INFOSPLUS