« Je traverse la rue je vous trouve un emploi »
Bien sûr, tout ce que dit un Président de la république en public, de surcroît à des personnes qui l’interpellent directement, est décortiqué, analysé et envoyé dans les laboratoires politiques de tous les médias. Cela est valable pour le Président Emmanuel Macron, comme cela l’était pour tous ses prédécesseurs. C’est la règle du jeu, c’est la démocratie. Mais ce qui peut être une possibilité de critique libre, peut également se transformer très vite en des caricatures, des sorties du contexte, des interprétations orientées. Il ne m’appartient pas de défendre tel ou tel Président. J’essaie juste de rester objectif et faire preuve de discernement. Emmanuel Macron, s’adressant à un horticulteur au chômage, a dit en substances : « Je traverse la rue je vous trouve un emploi. » Immédiatement, la machine médiatique, accompagnée des réseaux sociaux, s’emballe et l’on entend et voit à peu près tout, souvent n’importe quoi, et toute interprétation discordante et totalement farfelue. Le Président, incarnant le pouvoir suprême, prendrait de haut cet horticulteur, incarnant le peuple d’en bas.
Or, ces propos : « Je traverse la rue je vous trouve un emploi » sont en réalité porteurs d’un message, tel que je l’ai personnellement compris, signifiant qu’il faut à tout acteur social et économique, se trouvant au chômage, faire preuve de courage, de volonté, d’ingéniosité et d’audace, c’est-à-dire à ne pas hésiter à changer de métier et se diriger vers des branches plus porteuses, s’il le faut. Les mesures de formations sont, à ce sujet, destinées à ce genre de dispositions prises par les uns et les autres. Alors, qu’est-ce qui choque ? Que le Président aurait été arrogant, voire méprisant et donneur de leçons ? Que le Président aurait toute facilité — victime de prisme, enfermé dans sa sphère du pouvoir — à entreprendre tout ce qu’il souhaiterait, oubliant ainsi qu’un citoyen lambda est loin, lui, de pouvoir en faire autant parce que réduit à sa condition de simple citoyen ? Que le Président serait à vingt mille lieues des problèmes quotidiens des Français ? Qu’il n’est pas réaliste, pas au courant des véritables problèmes de la base ?
C’est bien entendu ce que certains commentaires et commentateurs politiques vont diffuser et expliquer jusqu’à satiété. Quelle arrogance y a-t-il à faire prendre conscience à une personne que celle-ci à des moyens de s’en sortir ? Quelle facilité éprouverait un Président dont la charge est de diminuer le chômage, de donner du pouvoir d’achat aux citoyens, de rétablir l’ordre et la sécurité en France ? Quelle distance entre un Président et le peuple lorsque le premier doit décider du sort du dernier ? Qu’est-ce qui peut justifier que le Président serait dans une autre dimension quand tout le ramène à la réalité française : une société dangereusement en proie à des divisions interethniques, en pleine mutation sociologique et en crise d’identité ?
Alors, ma traduction et mon avis tout à fait personnel : « il suffirait de traverser la rue pour trouver un job », est une métaphore indiquant que c’est aussi une question de volonté et d’implication personnelle. Il n’y a là rien d’offensant ni de méprisant. D’ailleurs, voyez, cet horticulteur, personne concernée directement, acquiesce.
Autre suite donnée à cet échange entre le Président et le chômeur : La Fédération des horticulteurs croule sous les offres d’emploi pour le chômeur à qui Emmanuel Macron a conseillé de se réorienter
INFOSPLUS