La retraite, un éternel débat qui touche le monde du travail
La retraite est un enjeu économique social et politique. Dans toute réforme des retraites, proposée à la communauté nationale, la majorité présidentielle se fonde, évidemment, sur l’intérêt général pour faire adopter son nouveau projet. Elle prétend donc (de manière plus ou moins sincère) agir pour le bien du pays et des citoyens. On n’en attend pas moins de nos élus. « Si on ne fait rien, notre système ne tiendra pas sur le temps. Ce sont les générations futures qui en pâtiront » nous oppose-t-on à chaque fois.
En France, nous avons droit, à peu près tous les cinq ans, à une nouvelle réforme des retraites. En réaction, il y a de la part des salariés, des grèves, des blocages, et cela va parfois jusqu’à une paralysie totale du pays (comme en 1995 – Gouvernement Alain Juppé). Les Français ont tous leurs propres opinions sur ce délicat sujet, un des piliers du « pacte social français ».
Quoi de plus naturel que de proposer à des citoyens, après des décennies de travail, de pouvoir se reposer tout en ayant un moyen de subsistance. C’est tout à fait dans ce qui fut « l’esprit français ». Et c’est une des exceptions françaises.
Un sentiment d’injustice vécu par les Travailleurs
Mais à chaque réforme proposée, les Français constatent que les mesures envisagées sont injustes et toujours au détriment des travailleurs (au sens large), notamment par l’allongement de l’âge légal de départ. Ils ont l’impression qu’à chaque fois l’on pose des rustines pour colmater les déficits mais sans vraiment apporter des solutions viables et durables.
Alors qu’il faudrait s’atteler aux structures mêmes des régimes de retraite ; c’est-à-dire repenser tout le système (solution systémique) et y apporter des réponses de fond, pour le long terme. La proposition d’une retraite à point (mesure phare d’Emmanuel Macron en 2017) allait dans ce sens. Mais la pandémie de la Covid-19 et un désaveu de la majorité des syndicats et des Français ont définitivement ruiné et cassé ce projet qui était pourtant audacieux.
Face à cette majorité présidentielle déterminée à aller au bout, les citoyens — représentés par des partis politiques, syndicaux, associatifs, etc. — s’organisent et manifestent, défilent, scandent leurs désaccords. Les grèves s’enchaînent et les manifs se succèdent. Un bras de fer s’installe. D’un côté on se veut ouvert à la discussion tout en restant intransigeant sur les points essentiels. De l’autre, on rejette tout en bloc et on réclame un retrait pur et simple du projet. D’un bras de fer on passe vite à un dialogue de sourds.
Un héritage du CNR (Conseil National de la Résistance – Jean Moulin)
Le principe de la retraite en France est un héritage du CNR (Conseil National de la Résistance – Jean Moulin) et est fondé sur le régime dit de la répartition (intergénérationnel). Les actifs paient des cotisations sociales pour garantir les pensions des retraités. Les français sont attachés à ce système solidaire et fraternel. Une fierté nationale !
Cependant, bon an mal an, les actifs sont devenus minoritaires par rapport au nombre de retraités. Les cotisations ne suffisent plus. Toutefois, on rapporte toujours la retraite au monde du travail. Un vaste sujet. Cela n’est pas anodin. Le parallèle entre retraite et monde du travail signifie, en réalité, qu’il s’agirait d’une caisse (comme dans le roman Germinal d’Emile Zola) concernant les seuls travailleurs et qu’en conséquence il appartiendrait à ces derniers seuls de s’autofinancer.
Pourquoi toujours taxer le travail et épargner le capital ?
Il ne s’agit que d’une tromperie, une duperie ! Le monde du travail ne se résume pas aux seuls cotisants en tant que salariés. Le monde du travail va bien au-delà. Et c’est même lui qui est à la base de toute activité, de tout système de production. Ainsi, lorsque des multinationales génèrent des profits, voire des superprofits, c’est grâce au monde du travail qui fabrique les richesses.
Le capital n’est que l’outil ; le travailleur est celui qui façonne, crée, endure et produit.
Pourquoi ne pas élargir les cotisations au-delà des bulletins de paie des salariés ? Les actionnaires qui touchent des dividendes (grâce aux fruits du travail) doivent être assujettis au même taux que les salariés. Les transactions financières également. Il existe encore de nombreuses possibilités de financement. Tout cela n’est qu’un problème de volonté politique.
S’en prendre aux salariés est plus facile que de s’attaquer aux effets pervers du capitalisme. Emmanuel Macron nous en fait la cruelle démonstration. Tout cela n’est ni simple ni facile, je le sais bien. Mais ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il faut, dans tout projet politique, de la justice sociale. Un des principaux échecs du président Macron.
L’argent qui fabrique de l’argent, il suffit !
Touhami – INFOSPLUS