Algérie – La démocratie participative exige du temps, de l’organisation, une grande part d’abnégation, et beaucoup de discipline au sein même de la société toute entière
L’Algérie et la démocratie participative
Quelles que soient les aspirations légitimes d’un peuple à instaurer une démocratie participative, c’est-à-dire un système politique dans lequel les décisions seraient prises de manière partagée entre le pouvoir politique et citoyens, cela ne peut se faire du jour au lendemain. Il faut du temps ; particulièrement pour les sociétés de pays émergents qui souhaiteraient s’émanciper dans la voix d’une démocratie participative et également représentative.
Personnellement, je vis en France — j’ai cette chance —, un pays rompu à la démocratie. Nul n’est besoin de le démontrer. Et pourtant, suite aux manifestations, de ce que l’on appelle les « Gilets jaunes » , je note les difficultés auxquelles se heurte tout pouvoir politique lorsqu’il s’agit de donner la parole aux citoyens, de manière à les intégrer dans tout processus décisionnel important. Le référendum, quelle que soit sa nature, ne peut, à lui seul, répondre de manière efficace à une démocratie participative, aussi volontaire serait-elle. Il n’est qu’une forme de consultation qui ne fera jamais l’unanimité.
La rue est un moyen de pression mais pas un exercice du pouvoir
Les Algériens aspirent à plus de démocratie participative et cela est parfaitement légitime. Mais cela ne peut se concrétiser qu’avec le temps. Oui, le temps et la sagesse sont les clés de toute réussite dans les domaines des révolutions culturelles, politiques et sociétales.
Jusque-là, toutes les revendications du peuple algérien on été entendues et satisfaites : un cinquième mandat du Président sortant Abdelaziz Bouteflika a été annulé, puis la démission de ce dernier entérinée par le Conseil Constitutionnel.
Le Président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, assure l’intérim de la présidence et a affirmé qu’il s’engageait à organiser des élections libres, de manière transparente. Alors laissons-lui le temps de mettre en accord ses actes avec ses promesses et nous le jugerons sur pièce. Parce que la rue peut exercer une pression sur un pouvoir, mais elle ne peut exercer le pouvoir. Nous tomberions dans l’anarchie, le désordre. Le chaos deviendrait alors inévitable.
Garder à l’esprit qu’il faut un équilibre entre le pouvoir et la rue
La surenchère est une tentation à laquelle toute pression de la rue succombe. En effet, parce que le pouvoir politique en place cède sur des revendications précises, l’on serait évidemment tenté d’en exiger toujours davantage. Un cercle infernal qui conduirait à un vide dans lequel toutes les parties tomberaient sans exception. La responsabilité, le réalisme, le devoir, une conscience patriotique et politique sont les seuls remparts contre toute forme de radicalisme revendicateur.
Les Algériens sont pressés. Je les comprends. Mais je leur dis : « soyez patients, Rome ne s’est pas construite en une journée. Vous avez montré à la Terre entière votre sagesse, votre dignité, votre responsabilité. Vous avez été vus et entendus. »
Le temps est l’allié du Sage. Il y a des saisons pour semer, arroser, et il y a des saisons pour récolter. Vous avez semé, il vous faut désormais être patients avant de récolter les fruits de vos semences.
Tout n’est pas blanc d’un côté et noir de l’autre. Nous avons tous notre part de responsabilité quand il s’agit de construire une société civile majeure et responsable. Il ne faut pas tout jeter d’hier et il ne faut pas tout garder d’aujourd’hui.
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