La réforme des retraites sera finalement adoptée parce que les Français n’ont plus ni l’énergie ni l’envie nécessaires pour lutter contre
La séquence des « Gilets Jaunes »
Le 18 novembre 2018 débute la révolte des « Gilets jaunes » sur fond de crise due à une décision d’augmenter les prix des carburants pour cause de transition écologique. Cela va déclencher un mouvement social sans précédent. Depuis, le spectre « Gilets jaunes » est toujours latent dans les esprits et prêt à repartir à la moindre étincelle.
Au travers de cette épisode « Gilets jaunes » les Français découvrent le mal-être et les difficultés sociales et économiques de la ruralité. Tous les samedis, pendant des mois, les « Gilets jaunes » prennent d’assaut la rue et particulièrement à Paris. Les heurts sont violents avec les forces de l’ordre, les saccages et les casses font d’énormes dégâts. Les commerçants ferment et protègent leurs boutiques en les murant.
Petit à petit, au fil des mois, le mouvement s’essouffle, perd de son ampleur. Les casseurs, les récupérations politiques, font fuir les « Gilets jaunes » de la base, ceux qui voulaient une contestation fraternelle et surtout apolitique.
Pour éteindre cet incendie devenu incontrôlable, le président Emmanuel Macron, qui n’a rien vu venir de cette grogne, proposera un « Grand débat National » destiné à recueillir l’avis des Français aux quatre coins du pays, et tenter ainsi de connaître les « maux français ». En contrepartie, des décisions seraient prises pour répondre aux attentes des citoyens.
Mais si cette manœuvre politique a eu pour effet de calmer les manifestations de masse, sur le plan social elle ne donnera absolument rien. Les « Gilets jaunes » et les millions de citoyens qui les ont soutenus resteront sur leur faim.
La séquence Coronavirus (COVID-19) et les Confinements
Parti de Wuhan (Hubei, Chine), en fin d’année 2019, le virus SARS-CoV-2 appelé COVID19 sera détecté en France dès janvier 2020. Ce virus particulièrement contagieux causera des millions de morts à travers la Planète et sera à l’origine de confinements inattendus et traumatisants. Les écoles seront également fermées.
En effet, devant la contagiosité de ce virus, et craignant que le système de soin français ne s’écroule entièrement, Emmanuel Macron va décider un confinement général après avoir instauré l’état d’urgence et un couvre-feu. Les citoyens sont tenus de rester chez-eux avec permission de sortir à raison d’une ou deux heures dans un périmètre très restreint. Pour s’approvisionner, les citoyens doivent se munir d’une « attestation » indiquant l’heure et la date précises de sortie.
Les traumatismes psychologiques, vécus par les dizaines de millions de citoyens, de condition modeste, confinés dans des appartements étroits, sans balcon, et où les promiscuités créent des tensions horribles, vont marquer la société toute entière.
Les Français découvrent avec effroi l’état pitoyable de la France. Un système de santé hospitalier totalement dépassé par l’ampleur de la pandémie, le manque de simples masques fait cruellement défaut, les soignants sont exposés à la maladie sans moyens efficaces de protection, obligés de recourir à des sacs de poubelle qu’ils découpent pour en faire une espèce de blouse de fortune. Bref, un état des lieux catastrophique. La question n’est plus : la France est-elle sur le déclin mais plutôt : quand est-ce que ce déclin a débuté ?
La résilience des Français a atteint ses ultimes limites
Les dernières grèves — notamment le blocage des raffineries en novembre 2022 — les conflits divers et variés, les manifs violentes et régulières qui finissent toujours par des affrontements avec les forces de l’ordre, les faits divers dramatiques liés à une atmosphère d’insécurité se succèdent, la libre expression des partis extrémistes et racistes ne cachant plus leur haine de l’étranger et des citoyens de confession musulmane, la guerre en Ukraine aggravant les problèmes liés aux énergies, et la montée en puissance de l’inflation sont autant de facteurs menaçant la paix civile et la cohésion sociale du pays. Les Français sont au bout du rouleau, ils n’en peuvent plus.
Le gouvernement décide de porter l’estocade finale avec la réforme des retraites
Emmanuel Macron avait promis, dans son programme, lors de la dernière présidentielle, qu’il mènerait à bien la réforme des retraites interrompue par les « Gilets jaunes » et la pandémie lors de son premier mandat.
Avec toutes les péripéties lourdes endurées par les Français, rappelées ci-dessus, il est probable que la cette réforme des retraites, dont le fait majeur est le report de l’âge légal de départ à 64 ans — ainsi qu’un allongement des annuités de cotisations —, sera adoptée.
Il y aura des grèves, des blocages et des manifs. C’est une certitude. La démocratie sociale va jouer son rôle. Mais la question centrale est la suivante : les citoyens français auront-ils, après toutes les épreuves majeures subies depuis 2019, encore la force de lutter ? Les syndicats répondent oui et s’organisent. Fait rare, toutes les principales centrales syndicales s’avancent unies dans leur lutte face aux pouvoirs publics. L’exécutif, lui, mise sur une lassitude et un découragement, voire une dépression des Français pour enfin valider sa réforme.
La guerre en Ukraine, la crise énergétique, l’inflation galopante, les incertitudes d’un monde en pleine transformation sont autant d’éléments qui jouent en faveur du gouvernement. A moins qu’il y ait, à la manière des « Gilets jaunes », un phénomène nouveau et invraisemblable qui viendrait contrecarrer ses plans. Tout reste possible et rien n’est jamais définitif dans un tel contexte explosif.
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