La division des Gilets jaunes se creuse et montre à quel point une idéologie politique apparaît au grand jour des Français
Les Gilets jaunes ont surpris tout le monde mais peinent à s’organiser
Nous avions décelé, dès le 17 novembre 2018, début des manifs à travers tout le pays, de profondes divisions au sein des Gilets jaunes. Hormis l’augmentation des carburants, qui a été le motif déclencheur — une pétition contre l’augmentation des carburants (Mme Priscilla Ludosky) avait vite décollé et une vidéo du même ordre (Mme Jacline Mouraud) avait atteint des millions de vues en un temps record —, des revendications de tous ordres, allant un peu dans tous les sens, fleurissaient comme muguet en plein mois de mai. A l’évidence, autant ce mouvement des Gilets jaunes avait surpris tout le monde, autant il souffrait d’un manque de structuration et d’organisation.
Issus en grand nombre du monde rural, pour ce que l’on a pu observer, les Gilets jaunes, dont beaucoup avouent volontiers ne pas avoir voté à la dernière présidentielle (2017), expriment une colère due à un « ras-le-bol » fiscal, des injustices et des inégalités sociales, et une forte baisse du pouvoir d’achat, d’année en année. Les retraités, touchés par une injuste augmentation de la C.S.G, ont vite rejoint le mouvement, dénonçant leurs grandes difficultés et leur immense détresse, pour une grande partie, à « survivre » avec de maigres pensions.
Après des weekends (samedis successifs chronologiquement nommés Acte I; II; III; etc.) sanglants et ultra-violents — on se souvient de l’Arc de triomphe honteusement tagué et la tombe du soldat inconnu profanée) — le Président Emmanuel MACRON a dévoilé des propositions pour répondre à l’urgence. Celles-ci sont estimées à 10 milliards d’euros, et tout cela en plein vote (à la hâte) du budget 2019, fin décembre 2018 ; ce que l’on appelle « loi de Finances. » Conséquences : le déficit pour 2019 se situerait au-delà des 3 % du P.I.B (traités européens) ; probablement entre 3,2 % et 3,5 %.
Organisation d’un Débat National
Dans la foulée, le Président annoncera également la tenue d’un GDN « Grand Débat National » — qui se tiendra du 15 janvier au 15 mars 2019 dans toute la France — dont l’issue reste incertaine. Ce GDN invite chaque citoyen à venir débattre et faire des proposition autour de thèmes proposés par le Président lui-même dans une Lettre adressée à l’attention de tous les citoyens français.
Le calcul politique du Président va fonctionner : la division des Gilets jaunes autour de ce GDN va s’accentuer, créant ainsi des failles irréversibles entre les tenants irréductibles de « l’esprit Gilet jaune » — refus et rejet de tout politique quel qu’il soit et de toute entrée en politique telle qu’elle existe actuellement —, et les Gilets jaunes pensant au contraire qu’il faut justement entrer en politique, notamment en créant des listes aux prochaines élections Européennes, pour changer les choses de l’intérieur. A cela, les irréductibles répondent qu’on ne peut embrasser un système que l’on est censé combattre au départ sans trahir ses propres convictions et ses camarades de la première heure.
Quant au GDN, les Gilets jaunes sont partagés, voire opposés. Les uns prétendent qu’il faut, par responsabilité citoyenne, participer à ce débat en proposant des solutions, et d’autres pensent, bien au contraire, que ce débat ne mènera à rien puisque le Président aurait d’avance prévenu qu’il ne « détricoterait rien » de ce qui a été fait jusqu’ici. Autrement dit, que les dés sont pipés d’avance.
La situation perdure malgré les efforts du gouvernement
Actuellement, les « Actes » se suivent et se ressemblent tous les samedis, que ce soit à Paris où ailleurs à travers tout le pays. Les partisans de l’ « Esprit Gilets jaunes » semblent profondément rejeter les « Institutions de la Ve République » et le système de représentativité actuel. Les « Tous pourris » et « Tous vendus » n’ont jamais eu autant d’échos auprès d’une grande partie de la population française.
La gauche et la droite traditionnelles (PS ; LR ; UDI…) sont étrangement en dehors du débat, signifiant leur « lâcheté » politique à assumer leurs erreurs passées, préférant laisser Emmanuel MACRON seul face à une partie de la France déchaînée contre lui. Les extrémistes, eux, n’ont qu’une visée politique : le renversement du gouvernement par une dissolution de l’Assemblée Nationale, ou un référendum tel celui organisé par le général de Gaulle, après les révoltes de mai 1968. On connait, bien sûr, la suite. Nous sommes donc bel et bien dans une profonde idéologie politique destinée à renverser la Ve République et avec elle le gouvernement actuel. Un pari extrêmement dangereux et aventureux.
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