QUAND LES MUSULMANS SE RÉVEILLERONT…
Il n’est pas un jour sans que l’on parle de l’islam de façon négative. Que ce soit dans les sociétés majoritairement musulmanes ou en Occident, en Afrique et en Asie, les réflexions se ressemblent et s’additionnent jusqu’à l’overdose.
On relève que les musulmans sont à la traine dans d’innombrables domaines : ils ne contribuent à aucun progrès intellectuel, scientifique ou technique; ils ne sont à l’avant-garde d’aucune des nobles luttes pour la liberté de pensée, l’égalité (entre les êtres humains, d’une part, et les femmes et les hommes, d’autre part), contre le racisme ou la pauvreté et, enfin, pour la protection de l’environnement.
Depuis des décennies, ils ne proposent aucune alternative réelle à l’ordre du monde. Ils excellent certes à critiquer cet ordre, l’arrogance des dominants, la corruption des Etats et les injustices de l’économie néolibérale, le parti-pris des médias, mais qu’ont donc offert leurs intellectuels et leurs savants à la pensée contemporaine qui puisse servir d’inspiration à une réflexion nouvelle, singulière, islamique autant qu’universellement partagée. Quand donc les musulmans vont-ils se réveiller ?
C’est sans compter, par ailleurs, sur la façon dont les musulmans sont perçus désormais. A l’Orient comme à l’Occident, l’islam serait responsable de l’état terrible des sociétés où il est majoritaire. Economiquement retardés, politiquement corrompus, culturellement atrophiés, intellectuellement paralysés… les musulmans, où qu’ils se trouvent, apparaissent davantage comme l’expression d’un handicap social qu’un atout et une richesse. Sans compter l’association politique et médiatique de l’islam avec le désordre, la violence, le terrorisme et la mort. En Afrique, au Moyen-Orient, en Asie ou en Occident, l’actualité se lit en miroirs multipliés et le tableau est bien sombre.
On peut s’y résoudre, et pleurer sur son sort. On peut avec émotion nourrir son penchant victimaire. On peut baisser les bras et justifier son défaitisme par sa passivité. On peut. Comme on peut aussi se réveiller, analyser, comprendre, se libérer et s’émanciper. Avec détermination et sagesse, résister autant à ce que nous faisons de nous-mêmes qu’à l’image à laquelle on veut nous réduire et nous condamner.
Il est donc question de réveil, il est donc question de se réveiller. Lucidement, sans peur. Il faut du courage, de la sagesse et de la patience. Il y faut de la conscience et de la foi. En Dieu, en soi, et en l’Homme…
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طارق رمضان – TARIQ RAMADAN
INFOSPLUS
Commentaire sur “Tariq Ramadan : QUAND LES MUSULMANS SE RÉVEILLERONT…”
Et pourtant, malgré le constat amer évoqué par Tariq Ramadan, on ne compte plus les conversions à l’islam. Ce qui est encourageant, voire déterminant pour la suite.
Un réveil des musulmans est plus que nécessaire. Je l’ai, pour ma part, dit et ai même disserté longuement là-dessus.
Ce qui va précipiter la perte de la civilisation occidentale dominante actuelle est — comme par le passé avec d’autres « brillantes » civilisations disparues — l’excès de vie dû aux surabondances, l’immoralité, l’irrespect, l’individualisme, l’égoïsme et l’idolâtrie, c’est-à-dire l’adoration des inventions technologiques et matérielles fabriquées de nos propres mains.
L’homme, en effet, fabrique ses propres dieux et ceux-ci finissent par l’habiter et envahir son esprit jusqu’à le posséder et le perdre. L’Intelligence Artificielle, le Transhumanisme, le Wokisme (éveillé en quoi ?), la transformation profonde de la cellule familiale et du foyer, etc. sont autant de nouveaux virages qui, vraisemblablement, vont signer la fin de la civilisation dominante d’aujourd’hui.
Et comme une nouvelle civilisation, bien souvent, repart sur les bases de la civilisation qui s’écroule, il ne faudrait pas repartir sur toutes ses « transformations » non essentielles et non fondamentales.
Tout est, en effet, à réinventer, à reconstruire et à rebâtir. Pour un musulman, tout changement doit se faire dans la voie de Dieu.
Enlever toutes ces chaines avec lesquelles l’homme s’est lui-même enchaîné et le rendre libre, ne va pas être chose facile, mais c’est un grand défi que tout homme libre se doit de relever.