Charles Martel aurait arrêté les Arabes (conduits par Abderrahmane) à Poitiers

Charles Martel aurait arrêté les Arabes (conduits par Abderrahmane) à Poitiers
Andalousie, un héritage somptueux de la civilisation musulmane laissé en Espagne (dont l’Alhambra)

Charles Martel, héros mythique de Poitiers, aurait arrêté les puissantes armées arabo-berbères venues détruire des Eglises (qu’ils n’ont pas détruites en Andalousie) et saccager la Gaulle alors qu’en Andalousie brillait l’une des plus grandes civilisations

Génération identitaire, génération lyrique ; les identitaires sont moins les héritiers de Charles Martel que de Cohn-Bendit

Octobre 2012, début du mouvement raciste d’extrême droite Génération Identitaire qui fait parler de lui. A Poitiers, quelques 70 personnes se revendiquant du groupe Génération Identitaire ont occupé un chantier de construction d’une mosquée. Jean-Marc Ayrault a vivement condamné cette provocation qui révèle, selon lui : « une haine religieuse inacceptable. » Le porte-parole de ce mouvement Génération Identitaire a déclaré : « On avait l’intention de rester plus longtemps, mais comme on n’a pas du tout l’intention de s’affronter physiquement, nous repartons avec la police, dans la bonne humeur sans que cela se finisse mal. » Sur le site de cette mouvance extrémiste Génération Perdue on peut lire :  «Depuis la Grande Mosquée de Poitiers, Génération Identitaire appelle à la reconquête. Il y a bientôt 1.300 ans, Charles Martel arrêtait les Arabes à Poitiers. »

Charles Martel et l’histoire selon les Historiens

Selon nombre d’Historiens, il s’agissait probablement d’escarmouches survenues avec des bandes de brigands (Sarrasins) constituées essentiellement de mercenaires. Ces bandes avançaient en Gaulle, pillant les villes et les villages sur leur passage. L’influence de l’islam avait atteint Bordeaux, Lyon, Marseille, parvenant jusqu’à Poitiers. Aussi, le nombre des musulmans, au cours de ces batailles, a été surévalué dans un but propagandiste. Les Sarrasins étaient représentés comme des brigands, des violeurs, des brûleurs d’Églises ; pourquoi les musulmans brûleraient-ils les Églises en Gaulle alors qu’ils ne l’ont pas fait en Espagne ? Cela semble absurde. Il n’existe, en réalité, que très peu de sources sur cette bataille, selon nombre d’Historiens sérieux.

N’oublions pas qu’à l’époque le duc d’Aquitaine Eudes s’était allié avec les Musulmans contre Charles Martel, son ennemi juré. En fait, si les Historiens ne nient pas qu’il y ait eu des batailles entre des armées de Charles Martel et du gouverneur Abderrahmane de Cordoue, beaucoup pensent qu’il ne s’agissait pas de batailles de conquête, mais de simples razzias (du mot arabe Ghazwa). Il s’agirait d’une propagande destinée à regonfler le moral des Francs mais aussi à attiser une haine vengeresse antimusulmane. Précisément ce que fait cette organisation de l’extrême droite Génération Paumée en tentant de faire croire à une islamisation de Poitiers et au-delà de la France entière.

Les livres d’histoire sont toujours écrits en tenant compte de l’endroit d’où on les écrit. Et souvent, la réalité se situe au milieu des segments. Un peu à l’oriental, un peu à l’occidental.

Point de vue personnel

Mon point de vue personnel. Je précise que je ne suis pas Historien. Je me suis documenté. Cette bataille de Poitiers, entre Abderrahmane et Charles Martel, telle rapportée en Occident, n’est qu’une imposture historique de plus inscrite dans un imaginaire collectif français.

En effet, de nos jours, lorsque l’on évoque le nom de Charles Martel, le Français moyen, voire le Maghrébin, s’exclame : « Ah oui ! Celui qui arrêta les Arabes à Poitiers ! » Non seulement, il ne s’agissait pas d’Arabes (ils étaient en minorité, c’est un fait établi), ni de batailles destinées à des conquêtes, à proprement dit, mais de plus, sommes-nous sûrs que cette supposée défaite à Poitiers aurait réellement stoppé ces prétendus « Arabes barbares » ?

La réponse est clairement non. A peu près tous les Historiens tombent d’accord sur ce point. Tout dépend également dans quelle rive de la Méditerranée on se trouve. Moi, j’ai la chance d’être dans les deux rives à la fois. Ce qui m’évite une dérive. L’histoire racontée autour de Charles Martel est un mythe de plus semblable à celui de Jeanne d’Arc. Sans remettre en cause l’existence de cette dernière. Mais comment admettre, sans se poser des questions légitimes, qu’une femme aurait pu combattre et battre une des armées les plus puissantes de son époque : l’armée anglaise ?

L’Occident, terres de culture des Mythes ?

Entre les mythes entretenus autour de Jésus (fils de Marie) et ceux entretenus autour de Charles Martel et Jeanne d’Arc, je me dis que décidément le mythe joue un rôle déterminant dans la mémoire collective et, de manière plus générale, dans la culture occidentale. Certes, il y a eu des réactions de la part des Francs — ne faisant que résister à des offensives ennemies — à ces incursions sarrasines, mais de là à en faire une grande victoire finale et décisive sur le monde arabo-musulman, cela relève d’une autre « Histoire ».

Et si des actions sarrasines barbares ont eu lieu en Gaulle, les Historiens pourraient bien entendu en débattre, je puis affirmer qu’au cours des décennies suivantes les « Croisés » ont pu largement se rattraper, se venger, et se défouler pendant les fameuses croisades lancées par Urbain II.

Le risque aujourd’hui est la récupération de ce mythe Charles Martel pour l’utiliser contre les populations musulmanes vivant en France. C’est-à-dire comme une résistance à une nouvelle invasion musulmane. Ce qui bien évidemment est d’une sottise et d’une absurdité incroyables.

C’est ainsi que :

Charles Martel devient « une figure du roman national de l’extrême droite »

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