Le Rassemblement National version Marine Le Pen est-il plus soft que la version Front National de son père ?
Le Rassemblement National est-il différent du Front National ?
Marine Le Pen : tel père, telle fille, serait-on tenté de dire d’emblée. La fille Marine Le Pen a repris le flambeau du parti politique d’extrême-droite, le Front National, et a décidé, quelques années après, de le rebaptiser Rassemblement National au grand dam et désarroi du père qui faillit succomber à une crise cardiaque (je le présume).
Marine Le Pen est-elle crédible quand elle nous joue une musique non plus hard-rock mais plutôt du style « Ode à la joie » de Beethoven ? Je suis sceptique, même si effectivement on ressent un peu plus de « douceur » dans ses paroles. Certes, une femme n’est pas un homme, comme pourraient l’affirmer les adeptes du « wokisme », elle a son propre style et celui-ci peut sembler plus empreint de « délicatesse ».
Cependant, si l’on se souvient du bras de fer — véritable épreuve de force — sans concessions qu’elle avait vécu avec son père, ce qui n’est pas facile sur le plan de la morale et de la conscience, elle peut prétendre à un minimum de crédibilité. De même, entendre de la bouche de Marine Le Pen « l’islam est compatible avec les lois de la République » cela laisse rêveur et contemplateur. On a envie d’y croire. De faire le saut… dans l’inconnu. Toutefois, revenons à la raison et ne soyons pas les dupes de l’année.
Pourquoi Marine Le Pen perd toujours au second tour ?
L’extrême-droite fait craindre l’anarchie, le désordre, au pire à la guerre civile. Cela n’encourage donc pas à y adhérer. Hormis les plus fanatiques croyants de cette idéologie raciste et ultra conservatrice, il y a peu de monde.
Une base ne votera jamais pour l’extrême droite. C’est celle de la bourgeoisie, celle d’une classe aisée (cadres, cadres sup…) et celle obsédée par l’ordre et le droit. Les gens considérés comme aisés ont trop à perdre, ils ne tenteront jamais le Diable. Mais il existe des citoyens, issus de l’aile droite et de l’aile gauche, qui sont indécis.
En effet, si la France profonde et rurale semble en majorité acquise à Marine Le Pen, en revanche, ailleurs, de fortes minorités doutent, ont peur, et, au dernier moment, excluent de voter pour le R.N. Ces minorités sont issues des banlieues et des quartiers populaires (soit des millions de citoyens).
De fortes minorités trahies et déçues sont prêtes à basculer vers le Rassemblement National en désespoir de cause
Ces fortes minorités sont véritablement tentées par le vote Marine Le Pen. L’insécurité, l’école, la santé, la justice et la perte des valeurs morales ayant bâti l’humanité sont les principales causes. Il existe aussi une autre raison : le sentiment (ou ressentiment) d’être toujours trahi après chaque élection ; les régions riches sont servies en premier, les autres ont droit à des miettes.
Ces deux bases électorales (ruralité et banlieues périphériques françaises) n’ont pas grand-chose à perdre et tout à gagner d’aller vers un autre système politique. Pour beaucoup, voter Marine Le Pen signifie la garantie de faire sauter un système existant « pourri » pour se diriger vers autre chose, celui d’une VIe République, par exemple. C’est bien ce qui inquiète tous les pouvoirs successifs.
Si Marine Le Pen parvient donc à convaincre ces millions de citoyens hésitants — France rurale, banlieues et quartiers populaires — elle pourrait enfin briser le plafond de verre et être élue au second tour de la Présidentielle. C’est ce qui nous guette si rien n’est fait d’ici 2027 pour réparer une démocratie altérée par un laxisme politique inconscient, et redonner un peu d’espoir et d’espérance aux Français.
Car Marine Le Pen n’est qu’une belle façade, une belle vitrine. Dans l’arrière-boutique, les militants purs et durs d’une extrême-droite raciste, antisémite, xénophobe et islamophobe sont bien présents et attendent leur jour.
Touhami – INFOSPLUS