Le Grand remplacement imaginé par l’extrême droite et repris par l’islamophobe et raciste Renaud Camus n’est qu’une farce destinée à terroriser intellectuellement la société trançaise
Fin du « Grand remplacement » en Algérie
Avant le supposé et terrible Grand remplacement, il y a une autre histoire. Nous sortions tout juste de la guerre de libération qui mit un terme aux méfaits et aux crimes impitoyables du système colonialiste français en Algérie. Le pays était meurtri. Le département français — qui n’avait de département que ce mot — de l’Algérie tombait ; les Algériens reprenaient leur destin en main. Ils n’étaient plus sous le joug du pouvoir colonial de la France. En effet, les lois de la République s’appliquaient en métropole et s’arrêtaient net aux portes de l’Algérie où les autochtones, majoritairement des arabo-berbères, étaient considérés comme des sous-hommes régis par le code de l’indigénat et du double collège. Même le général de Gaulle ne réussit pas à effacer les ravages et les malfaisances du colonialisme. Une douloureuse page de l’histoire se tournait. Il fallait désormais regarder vers l’avenir ; un avenir sombre puisqu’en Algérie il fallait rebâtir un Etat, réunifier un peuple qui pansait encore ses plaies ouvertes.
Le Grand remplacement voulu par le patronat et l’économie française
Le Grand remplacement imaginé par l’extrême-droite n’est qu’imaginaire et destiné à créer une peur au sein de la société française. Mais la question est celle-ci : nos parents auraient-ils dû, à l’indépendance, rester en Algérie pour aider à la reconstruction du pays ? Certes, la réponse logique est oui. Mais, dans la réalité, peut-on leur en vouloir d’avoir choisi l’exil vers une France qu’ils combattirent ? Une France à laquelle ils étaient censés appartenir à part entière mais qu’ils ne connurent jamais dans les faits. Ils sont donc partis en hommes libres vers cette vraie France dont ils rêvaient et qu’ils voulaient apprendre à réellement connaître, puisqu’en anciens citoyens de nationalité française ils ne savaient, bizarrement, ni lire, ni écrire, ni même parler le français. Les lois implacables d’un système colonialiste qui asservit, domine, écrase, tue, plonge dans l’analphabétisme, l’ignorance et éteint toute lumière.
Etes-vous sérieux quand vous parlez de Grand remplacement ?
Le Grand remplacement dû à des transferts volontaires de population d’Afrique vers la France par le patronat qui avait besoin d’ouvriers. Certaines firmes allaient même jusque dans des villages retirés pour offrir à des hommes, ainsi qu’à leur famille — on ne parlait pas du regroupement familial — une vie meilleure en les embauchant dans leurs usines Renault, Peugeot, Citroën, etc. Mais à peine arrivés dans le pays de la Déclaration des Droits de l’homme, nos parents eurent la malheureuse surprise de découvrir l’envers du décor. Après la seconde guerre mondiale, à laquelle ils participèrent en nombre pour vaincre le nazisme, la France était un pays dévasté, à reconstruire. Pour cela, il fallait des bras, de la main-d’œuvre bon marché pour faire tourner les usines, les chantiers. Les logements étaient rares. Par conséquent, des bidonvilles poussaient en Ile-de-France comme des champignons. J’eus droit, ainsi que mes frères et sœurs, à ces « habitats » de fortune. Nous y avons vécu et grandi pendant plus d’une décennie, dans des conditions de vie précaires et insalubres.
Alors aujourd’hui, évidemment, quand j’entends l’extrême-droite des Le Pen et de Zemmour, entre autres, nous parler de Grand remplacement, j’enrage, je fulmine, je boue de colère. Nos parents seraient donc arrivés pour coloniser (par une occupation) la France ? Quelle sottise, quelle bêtise, quel mensonge éhonté ! De quel droit ces ignobles personnages nous traitent-ils de colons ? C’est dans la douleur, le travail, le courage et la ténacité que nos parents ont aidé à reconstruire la France, à la force de leurs bras. Ils en ont payé le prix fort, celui de leur santé. On ne parlait pas de l’islam. Nous priions dans des caves d’immeubles humides et exiguës. Nous jeunions en catimini, sans nous faire remarquer. Nous nous sommes intégrés, grâce à l’école républicaine, à la société française malgré les relents racistes et les discriminations liées à nos conditions sociales et ethniques. Et ces Éric Zemmour, Marion Maréchal, Renaud Camus, Michel Houellebecq — pour ne citer que ces sinistres personnages — nous indiquent comment être un bon citoyen français. C’est intolérable !
Le Président Emmanuel Macron vient de remplacer le Grand remplacement par la « Décivilisation ». Ils sont quand même forts ces immigrés, ils remplacent, décivilisent, alimentent le débat et font monter les enchères sans même bouger le petit doigt. La politique française s’appauvrit, se paupérise un peu plus chaque jour. Son projet c’est la Décivilisation et le Grand remplacement. Autrement dit, du vent et des mouettes. Le grand large leur ferait grand bien. Car l’étroitesse de leur esprit les enferme dans un miroir aux alouettes.
Touhami – INFOSPLUS